Rêverie [ PV]

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Il jouait, oui , son sac ouvert devant lui avec négligence, ses yeux rivés sur le vague en face de lui, il jouait, absorbé dans un univers n'appartenant qu'à lui. La flute entre ses doigts déliées, le son était impeccable, il jouait à l'instinct, son talent le lui permettait bien qu'il ait encore à apprendre dans ce milieu, Quand le rythme ne l'enflammait pas, quand la batterie devenait temporaire, il revivait cet instrument à vent qui en ce moment lui servait d'exutoire, de libération, ainsi toutes ses angoisses, toutes ses inquiétudes et sa nostalgie transparaissait comme par magie dans la mélodie aux variantes impulsives de son improvisation. Il ne jouait pas pour les autres, il jouait pour lui. Reprenant son souffle, le jeune homme sortit une petite bouteille d'eau, il en avala la moitié et la laissa à côté de lui. Il n'était jamais question e manger pour Raph', il détestait cela, trouvant cette activité une perte de temps, une manière de lui rappeler qu'il était humain et faible. Un paradoxe certes, mais il ne comprenait pas, et puis pour lui, cela n'était synonyme de problème pour la simple raison qu'on ne lui avait jamais dit qu'il était malade et non que c'était les autres qui avaient raison.

Le nouvel étudiant était toujours aussi élégant, malgré sa relative maigreur et son teint de porcelaine. Ses cheveux étaient attachés en catogan, des mèches sauvages encadraient son visage aux angles efféminés. Penché comme il était, son dos menu était recouvert d'un tee shirt blanc serré et d'une longue chemise noire de coupe moderne, Oui, il portait de beaux habits, mais avoir posé dans sa toute jeunesse lui avait appris à allier la simplicité et la classe.

Il souffla , et dans sa douce solitude, sourit en voyant un groupe d'élève passer et rire. Il aimait bien entendre et voir les gens heureux. Il se demandait souvent qu'est ce que cela faisait d'être entouré d'un groupe d'amis, comme ça , toujours. Il se questionnait souvent, de manière globale. Son regard devenu orageux, il sortit une partition d'un morceau très compliqué, et commença à déchiffrer , conscient du manque d'harmonie de sa mélodie, mais il n'en avait cure. Il se fichait du monde, pour l'instant, dans sa bulle enfantine et où son arrogance était endormie. Il redevenait l'artiste aux mains de plumes et aux doigts experts.

Le garçon , se releva légèrement sur les genoux, remontant son éternel jean troué et indécent. Il observa quelques instants ses ongles, ses bouts de doigts, absolument disgracieux à son goût et s'allongea de tout son long avec nonchalance au pied du banc où il se trouvait, Là il sourit à le vaste du ciel, en repensant aux longues pauses où il devait rester immobile tandis qu'on le dessinait. Plus que tout , à cet instant, on aurait dit un enfant innocent , qui révélait au delà du possible une part de l'exact contraire.

[ Excuse moi , mon post est très court, j'ai été rapide , je suis fatigué]

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[ce n'est absolument pas grave... Ça me va à merveille]

Shinobu se baladait, ce soir. Après une soirée passé avec des nouveaux amis, une courte nuit de repos et une journée un peu pourris, ça faisait du bien de se promener, seul. Des élèves passaient, échangeaient des paroles bateaux et passaient. Shinobu eut l'impression d'être dans un autre monde, où l'on voit les autres qui ne vous voient pas, eux sont pressés, motivés, inquiets, ahuris... L'étudiant déambulait donc dans le jardin de ce lycée, nouveau lieu de vie pour lui. Le soleil tombait, peu à peu, derrière l'horizon, ou plutôt le toit du bâtiment de l'internat. Les fenêtres semblaient fracassées par les rayons solaire, projetant au sol les éclats de sa lumière animés par diverses ombre plus ou moins saugrenues. Certaines bougeait, se mouvaient, d'autres restaient impassibles à tant d'agitation. L'effet était particulièrement surprenant sur le sol blanc des graviers.

Shinobu quitta alors l'allée pour se diriger vers les herbes dansantes sous le vent. Le léger fracas le charmait, et peu à peu, il ferma les yeux, ne se concentrant qu'à ça. Une douce mélodie, née de l'inspiration et du feeling, passa alors dans le paysage, faisant sourire l'étudiant. Quelqu'un jouait. Juste. Bien. Merveilleusement bien, même. Shinobu suivit alors l'air à l'oreille, allant vers son auteur. Il y arriva enfin, et le charme se rompu. L'étudiant flutiste s'arrêta de jouer, pour commencer une partition plus difficile, arrachant quelques fausses notes au petit corps chanteur. L'étudiant était un peu l'opposé de Shinobu. Lui était roux-blond, les vêtements simples, qu'on trouve dans toutes les boutiques de prêt-à porter d'Australie: Jean en toile légère, tee-shirt orange avec un fil rouge foncé attaché au col. Sa couleur préféré. Le ruban faisait référence à son symbole, le serpent. Enfin bref.

L'artiste s'arrêta alors de jouer, et contempla ses doigts, puis le ciel d'un air absent. Shinobu décida alors de ce monter. Il continua alors de s'avancer, et alla s'assoir sur le banc, et le regarda. Comment allait-il réagir, il ne le savait pas. Mais sortir quelqu'un de sa bulle n'était pas la passion de Shinobu. Aussi préféras t'il perdre son regard dans l'image que donnait le soleil à travers les feuillages des arbres alentours. Puis, après un certain instant de silence commun, il décida de briser la glace. L'étudiant aux cheveux noirs devait bien l'avoir remarqué. Aussi l parla un peu pour lui-même, un peu pour lui, dans le but d'attendre une réponse. Ne sachant que dire, il parla du temps.

-Il fait beau ce soir, n'est-ce-pas ?

Ce n'était pas de la dentelle, mais bon, on fait ce que l'on peut. A lui de répondre, maintenant. Un silence prolongé ferait partir l'étudiant, mais bon... autant tenter sa chance, non ?

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Vous savez, il y a des fois le monde dans lequel vous vivez vous paraît sans substance, falsifié par des entités qui dépassent votre petitesse d'humain. Vos rêves ont plus de couleurs, plus de richesse, plus d'honnêteté et de réalité surtout à votre goût. Bien sûr, les ombres peuvent glisser telles des vipères dans votre conscience, s'enrouler avec langueur autour de vos joies et mordre pour dispenser leur venin de souffrance. Cela arrivait très souvent à Raphaël quand il pensait à ce qui le traumatisait, ce qui l'effrayait, il devenait vulnérable, tout fragile. Une voix perfide vint lui murmurer dans un coin de son cerveau qu'il n'était pas si fort que ça en temps normal. Fronçant les sourcils, le garçon ferma fort les yeux et oublia sa réflexion semi philosophique où il voyait de nombreuses métaphores faisant référence aux animaux s'enlacer. Il aimait bien de temps , faire le vide , comme ça , il lui semblait que lui seul détenait la clef de son véritable lui, que son ancienne vie n'était que poussière, et que dans sa nouvelle il serait quelqu'un de normal, aux désirs vers la femme, aux amis nombreux, aux sourires et aux boutades joyeuses, et non à la superflue insolence. Cette insolence qui était bouclier. Hélas , les espoirs se révèlent vains quand on pense à cela.

Un courant d'air frais le ramena à la réalité, tout comme le bruit du tissus qui se froisse, il fronça les sourcils, fermant toujours les yeux, et essaya de deviner si c'était un garçon, si c'était quelqu'un de plus vieux, une fille, une étudiante, un professeur, le jardinier même, Non pas le jardinier, le pas serait plus lourd. Là c'était aérien, discret, comme une caresse, oserait-il penser doux ? Perdu dans une méditation amusée, il ne remarqua pas tout de suite qu'une voix masculine et plutôt agréable à entendre fila dans l'air, que le silence venait d'être brisé d'une façon désinvolte, où l'agressivité n'était pas. Puis après quelques secondes, qui lui parurent à lui des minutes, le jeune homme calcula ce qui était en train de se passer, on venait de le tirer de sa bulle, quelqu'un était là. Raph' se sentit instantanément envahie par la méfiance, puis par un malaise sensible par n'importe qui, il n'était pas habitué à faire connaissance, c'était les autres qui le forçaient un peu.

Le musicien se redressa, les yeux toujours fermés, puis il esquissa une moue boudeuse, et laissa ses paupières se soulever, lentement, pour enfin remarquer la personne qui était assise sur le banc et qui regardait le vague, comme on regarde la télévision. Raph' le détailla avec curiosité, sans aucune mauvaise pensée, et une certaine gêne qui était due à l'intrusion dont faisait part le nouveau venu. Blond, roux, des cheveux d'une teinte vraiment fascinante, et un visage incontestablement beau. Il remarquait cela comme on remarque les choses les plus simples, mais il ne pouvait s'empêche de détailler Shinobu à la manière d'un adversaire ou d'une surprise. Ses vêtements à lui étaient simples, et lui allaient parfaitement, si bien que le méfiant se sentit stupide avec son jean tombant et déchiré. Finalement, quand il remarqua qu'il ne faisait pas preuve d'une politesse exemplaire en ne répondant que par une bouche close, il murmura , parlant doucement, avec un côté effrayé :

« Oui. Il fait beau. »

Puis , se trouvant un peu bête, il regarda autour de lui, réajustant ses jambes en tailleur, et se tournant vers l'autre garçon, observa sa flûte. Là un fin sourire butina sur ses lèvres trop fines et il demanda, avec hésitation, pour essayer de ne pas paraître plus associable qu'il ne l'était déjà, son regard se faisant légèrement narquois :

« Tu m'as entendu.. Entendu jouer , je veux dire. Non ? »

Puis, avec une légèrement pointe de peur, comme pour essayer de masquer sa gêne, il conclut ses paroles sur une autre demande, fixant son regard orageux dans les prunelles adverses :

« Vous.. Vous êtes un professeur , ou un élève ? »

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Shinobu rentra peu à peu dans une bulle agréable. Était-ce la proximité avec cet étudiant rêveur qui faisait cet effet? L'environnement calme et reposé ? Il ne savait pas. Mais il était bien, avec cet étudiant. Soudain, ou plutôt doucement, une brise se leva, faisant éclater sa bulle. Une voix l'ouvrit... il revint alors sur terre. Le lycéen rêveur venait de lui répondre, un peu doucement. Il avait acquiescer la remarque de Shinobu. Celui-ci souriat alors, et rouvrit les yeux sur le monde réel. L'étudiant au visage charmant le regardait alors, avec un regard plutôt interrogateur, mais aussi un certain dévisagement. Shinobu ne se priva pas pour faire de même, durant quelques secondes. Son regard se fit alors narquois après qu'il eut remis ses jambes en tailleur. Il demanda alors au roux si il l'avait entendu jouer de la flute. Shinobu fit oui de la tête,tout en renvoyant un sourire amical. Mais en fait, ce jeune inconnus lui tapait un peu dans l'œil, si on pouvait dire ça. Il le regarda alors, savourant ses lignes harmonieuses formant son visage.Shinobu rougit alors légèrement, formant une tache rosâtre sur ses joues.Soudain, un éclair de méfiance éclaira les prunelles de l'inconnu, qui demanda alors s'il était un étudiant ou un prof. Cela troubla Shinobu, qui était jusque lors un peu charmé par cet personne. Il se reprit alors, et dit doucement:

-Non, je suis un étudiant... Je suis Shinobu, et toi ?

Il souria alors, tentant d'attirer à lui la sympathie de cet homme. En réalité, il avait surtout une mince, mais très mince, presque infime, envie de le toucher. Son visage, ses yeux, ses cheveux... Tout lui semblait dépassé. Des mots jaillirent alors de lui, sans qu'il ne puissent vraiment les contrôler, comme par réflexe:

-Es-tu un rêve ?...

Ce n'était pas du tout intentionnel. Ces mots étaient juste le fond de la pensée e Shinobu, et ils venaient de s'exposer au monde entier, quittant la matrice interne.L'étudiant rougi alors de son incontinence, et baissa la tête, pour la relever à la réponse de son interlocuteur.

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Raphaël , triturait à présent sa flûte, ne sachant comment faire passer son stress , pour une simple présence, c'était pitoyable, il se sentait pitoyable. Ne pas être capable de parler normalement, d'afficher de grands sourires joyeux , comme il voyait beaucoup de jeunes le faire. Il admirait cela, cette personnalité si forte. Quand il vit le signe de tête positif de Shinobu, notre musicien baissa la tête , triplement mal à l'aise à l'idée qu'on ait pu l'écouter et venir à lui rien qu'en entendant ses fausses notes. Oui , il ne voyait jamais le positif, jamais , surtout quand cela le concernait, tout le temps. Il souffla et décida d'au moins faire connaissance, ce qui demandait énormément d'effort pour lui, vu que les seuls amis qu'il ait eu l'avait poussé dans une relation serrée et soudée , avec leur gaieté et leur puissance de tempérament. Là , visiblement , c'était différent, et tant mieux, cela devenait commun à le fin.

Le nouveau venu se présenta, et il esquissa une moue enfantine tout en murmurant pour lui même le prénom qu'il venait d'apprendre, qu'on venait de lui dévoiler, il adorait cela, former les prénoms dans sa bouche, il trouvait que cela dépeçait un mystère, qu'il espionnait les gens dans leur âme. Shinobu vit ses joues rosir, et l'albinos trouva cela adorable, il n'était visiblement pas le seul en position de gêne. C'était rassurant, et agréable. Un visage beau qui rougissait était toujours agréable selon lui, et celui là le fascinait. Il avait entendu sa musique, et puis , il ne savait pas, peut être pour ce manque d'entrain que les autres ont ? Alors, il continua, doucement, plus fort, pour s'exclamer, sa voix elle aussi androgyne, dans le sens où elle était rauque et uniforme, masculine et pouvant se révéler féminine dans certains cas, mélodieux et mélancolique :

« Oh ! Heureusement que tu es un élève. Je n'aime pas les adultes. J'en suis pourtant presque un, mais je préfère ... la solitude , je crois. »

Surpris, Raph' posa ses mains sur sa bouche, surpris de sa propre audace, il en disait beaucoup. Il prit sa bouteille d'eau, but , et sursauta à nouveau en tendant les paroles qui fusèrent à nouveau de la part de l'étudiant. Un sourire amusé et légèrement attendri pointa sur les fines lèvres, si bien que de plus en plus à l'aise, le blond secoua la tête et répondit d'une voix rieuse, bien que l'ombre planant derrière lui restait la méfiance, le renfermement :

« Non, je n'en suis pas un. Comment te le prouver ? Tiens, regarde ! »

Sur ces mots, Raphaël se releva , remonta son pantalon qui descendait trop par réflexe, et tapota sur le genoux du jeune homme comme pour prouver qu'il était bien là. Son visage reprit l'expression insolente de d'habitude, et il soupira, tout en s'asseyant sur le banc à côté de Shinobu? Il était dur d'être entreprenant, d'aller vers les gens, il n'était pas lui même en faisant ceci, mais il en avait envie, il ne voulait pas être seul dans sa nouvelle vie. Se penchant, avec un équilibre précaire si bien qu'il s'accrocha au bras de Shinobu, Raph' ramassa son sac et tira son paquet de Malboro, il en tira deux, une qu'il mit à son oreille, et l'autre qu'il porta à sa bouche. Puis finalement, le musicien, se tourna vers son compagnon, et en proposa une en tendant le paquet :

« Cigarette ? »

« Tu sais, je n'ai pas l'habitude de parler beaucoup, tu es l'exception qui confirme la règle depuis pas mal de temps, je n'ai pas envie d'être seul dans ce lycée. »

Il baissa la tête , soupirant une énième fois, alluma sa clope avec un briquet sorti de sa poche, et laissa ses cheveux cacher légèrement son profil. Il replia ses jambes en tailleurs, prenant une place quasi indécente sur le banc.

« Excuse moi, si je te pousse »

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Après avoir visiblement rassuré le jeune albinos qu'il était purement un étudiant, et non un professeur, malgré son age, celui-ci se décontracta, et expliqua sa gène. Il persuada ensuite Shinobu de la réalité en lui touchant le genou, ce qui fit encore un peu rosir les joue de l'ainé de ce banc.Mais qu'avait-il aujourd'hui? Il n'était pas aussi gêné par le contact des autres, habituellement... M'enfin bon... Le jeune étudiant s'asseya alors sur le banc, et mit ses jambes en tailleur,mangeant un peu la place qui revenait à Shinobu. Il prit alors la cigarette qu'on lui tendait, et 'alluma après avoir lâché un petit:

«Merci... Va falloir que je prenne une cartouche, un de ces jours... c'est la deuxième que l'on me propose en deux jours.»

Shinobu accepta avec joie la flamme vacillante que lui proposait le jeune. Avec ses jambes comme cela, écartées, l'étudiant au ruban rouge n'avait que l'envie de poser sa tête sur elles, comme d'un oreiller. Cette envie lui brulait les oreilles, mais il n'oserait pas faire ça. Comment le vivrait le mélomane ? Enfin bon... Parler, il fallait parler pour éviter qu'il ne remarque quelque chose... Mais parler de quoi? De lui. il aime bien la musique, non ? Ah... il a déjà dit quelque chose...répondre...

«Tu es solitaire, mais tu n'aime pas être seul? Tu peux m'expliquer ?»Dit il en souriant un peu.
Il s'était sauvé un mauvais pas, et tant mieux. Maintenant, il va falloir être plus prudent, la prochaine fois... Ah là la...

[C'est couuuuuuurt ><... pas cool...]

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Effectivement, Raphaël ne se doutait de rien, de rien du tout, lui même trop occupé à essayer de se faire un ami de ce jeune homme, défiant ses envies de se taire et jouer pour parler et écouter. Il aimait bien la voix de Shinobu, elle lui apparaissait comme une nouveauté, curieuse, qu'il fallait absolument expérimenter. Il avala la fumée de la malboro, en tirant longuement dessus, il aimait vraiment cette sensation. Le musicien hocha la tête aux propos du nouveau venu, tout en haussant les épaules, après tout il faisait ce qu'il voulait. Pourquoi ne pas profiter quand on lui proposait ? C'était gênant mais cela faisait plaisir à l'autre. Effectivement, Raph' partait de l'idée que si il n'avait pas voulu passer une clope, il aurait refermer tout de suite son paquet, ce qui est , en soit, tout à fait et parfaitement logique. Il ne répondit donc pas à cette phrase, jugeant inutile une intervention de sa part.

Le jeune homme sourit, à la question de Shinobu, il se tourna vers lui, une ébauche de sourire au coin des lèvres, et tout en l'observant intensément, le détaillant avec ravissement, il prit une moue pensive. Oui, ce qu'il avait dit était contradictoire, mais il ne désirait pas la solitude, du moins dans sa nouvelle vie, il voulait avoir au moins quelqu'un avec qui il pouvait être totalement lui même, qui sache tout de ce qui lui était arrivé. Personne jusque là n'avait été mis au courant de son traumatisme, personne ne connaissait sa situation familial rien du tout, il ne parlait et n'avait jamais parlé de lui et de sa vie privée. Il tira pensivement sur la cigarette, souffla un nuage de fumée entre eux, puis changea de position et rabattant ses jambes contre sa poitrine, et se mettant en perpendiculaire à son compagnon. Ainsi il pouvait l'observer tout à son aise.

« Chacun a ses paradoxes non ? Toi aussi tu en as, j'en suis persuadé. Je m'appelle Raphaël. Je peux t'appeler Shino' ? J'aime bien le prononcer dans ma bouche, je trouva ça joli »

Raph' se dit qu'il devait paraître complètement niais à demander de telles choses, mais il ne pouvait s'en empêcher, il aimait bien la présence de l'autre garçon, il ne parlait pas pour ne rien dire, il n'hésitait pas trop, et sa voix était ravissante. Lui aussi d'ailleurs, pourquoi diable ce mec était seul avec un perdu comme lui l'était ? Il devait avoir sa cours et sa bande de potes non ? Hésitant, fronçant les sourcils, l'albinos demanda donc, peu sûr de lui et gêné :

« Pourquoi tu es seul ? Tu es très beau, les minettes.. les minettes doivent te courir après et tes potes te chercher. »

Le blond regardait toujours avec rêverie l'autre jeune homme, ne s'en lassant pas, cependant son regard n'exprimait rien d'autre qu'une certaine distance paisible. Il acceptait sa présence dans sa bulle, il ne l'exprimait pas , mais c'était bien le cas. En quelques mots, Shinobu avait réussi à se faire accepter du batteur, ce qui était une tâche d'habitude plus compliquée. La cigarette arrivait au filtre, l'observant narquoisement, Raph' écrasa son mégot et sortit la bouteille d'eau de son sac en but pas mal et la remit à sa place. Il commençait à avoir faim, mais il détestait la simple idée de devoir manger.

« C'est bizarre... de faire connaissance. »