Comment ça vous ne servez pas de chocolat ? [Pv Leo.]

Aujourd'hui, étant sorti de son lit à 11h pour arriver à 12h à l'école pour pouvoir manger gratuitement, Leo avait un moral de fou ! La raison était simple, en 1h de matinée, il ne lui était absolument rien arrivé !! C'était un véritable miracle, et cela avait rendu notre crétin complètement euphorique, tellement qu'il entra dans la cafétéria en explosant les portes.
Rapidement, un pion vint alors jusqu'à lui mais fut stopper par un de ses points.

« Ta gueule d'avance j'suis d'bonne humeur Yeah ! »

Ses écouteurs sur les oreilles, à fond, il ne pouvait rien entendre de ce que disait autour, lorsque soudain, sa musique préférée du moment passa alors dans les oreilles, c'était mort, la cafétéria allait devenir une salle de concert.
(lance la musique)

« AH ! AH ! »

Le début de la musique, il l'hurla, et rapidement, son corps fut parcouru du rythme de la musique, bougeant alors la tête et le corps en rythme sur la musique, il effectua alors un court moon-walk en direction des plateaux, en prit un et fit un petit spin en direction du début de la cafétéria, toujours en rythme.
Puis, le reste s'effectua en sons et en rythme :

« Aujourd'hui j'la dalle alors on va tous bien s'bouger l'anus pour m'faire plaiz et f'ssa,
Il avait effectuer quelques petits pas de côté en claquant des doigts, remuant toujours son corps en rythme.
« Et 'tention, pas question d'm'arnaquer sinon vot'tête va pas longtemps rester en place mes choux...
Il avait à nouveau fait un petit tour sur lui même en avançant un peu trop, et retourner à sa place d'origine avec une glissa contrôlée.
« Aller f'ssa pour la bouffe et faites moi péter l'estomac et pas question d'me filer d'la bouillie...
Leo avait alors prit le plateau pour l'faire tourner sur son doigt en effectuant des petits sautillement sur la gauche en rythme.
« Et faites p'ter les desserts s'non j'vous butes, oubli surtout pas aussi l'suppléments frites ma poule j't'aime !
Sans demander d'avis à personne, qui était tous blasé et complètement sonné par la comportement de Leo, il s'était servit librement.
« Et puis du sel ! Et du poivre... Et puis du sel ! Et du poivre...
Comme un bourrin, Leo avait foutu du Sel et du poivre partout, et toujours guider par la musique, continua :
« P'tain merde s'trop gore s'gout on dirait l'aisselle d'ma vieille faut qu'j'refasse ça sinon vais crever
Il avait gouter et recracher aussi vite à cause de la surdose de tel, puis retourna jusqu'au début en dansant comme un rappeur.
« Et on s'rmets ça, et toi m'gruge pas ! Et on s'rmets ça, et toi flippe pas sinon ma pauvre, d'tête vont tomber en masses !
Au fur et à mesure qu'il se resservait, il avait pointer ses doigts vers les serveuses, s'en servant comme des révolvers, ayant un déhancher à vomir.
« P'tain ça m'donne déjà envie et toi soit p'deg, t'en auras aussi si t'es styler comme moi !
Il marchait toujours en rythme, en ayant complètement rien à foutre de tout ce qui l'entourait, se prenant pour un rappeur
« Matte moi ses frittes elles m'font bander, p'tain sans dec j'vais trop m'éclater
Il avait alors jeter son plateau sur une table au hasard, ses anciens occupant ayant fuis en voyant le rappeur raté arriver
« Bah quoi why vous flippez j'vais pas vous bouffez j'ai d'jà assez taxer aux aut' là-bas.
Il était alors grimper sur la table, continuant à danser, et sauta alors juste à côté de Lyle, le seul n'ayant pas fuis, erreur fatale.
« Hé toi t'pas froussard ça y est j'te kiff ramène toi vec' moi aller s'parti !
Oui, vous rêvez pas, il venait de prendre Lyle par la main et l'avait mit devant lui, l'invitant à suivres ses gestes, il fit alors tourner ses mains vers l'extérieur puis l'intérieur, toujours en rythme de sa musique.
« Aller hop ta du groove dans ta life, aller hop tu kiff ta life...

Puis...plus de batterie, heureusement pour tout le monde, cela stoppa totalement Leo, qui était maintenant...pour le moins...énervé...
Il toisa alors soudainement du regard Lyle, annonçant.

« Toi, si tu me fais pas une impro de rap dans les dix secondes j'te tue. »

Trop occupé à être absolument immobile pour ne pas se mêler à la foule qui comprenait trop de femmes à son goût, Lyle ne bougea pas d'un pouce pendant la pitoyable entrée en scène et la cacophonie qui présenta une espèce de type étrange qui était rentré dans le réfectoire dans un bazar assourdissant.
Et ce n'était pas la consternation qui lui manquait. Loin de là. Parce que, honnêtement, comment pouvait-on considérer cette espèce d'énergumène montée sur ressorts à piles thermonucléaires autrement qu'en étant profondément affligé ? Bon, il pouvait certes exister des gens assez tordus pour admirer ce type... Mais apparemment, personne n'était assez tordu ici.

Complètement paumé dans ses pensées qui l'aidaient à ignorer le nombre de filles qui passaient derrière lui pour quitter le réfectoire en toute hâte, il faillit lâcher un cri de surprise lorsque Leo l'attrapa sauvagement.
« Hé toi t'pas froussard ça y est j'te kiff ramène toi vec' moi aller s'parti !»

En fait, tout bien réfléchi, il ne faillit pas.
- What the hell are you...
Lyle se stoppa, net. Évidemment, pas le temps de réfléchir à parler en jap.

Puis ce fut Leo qui s'arrêta pour une raison totalement inconnue de Lyle. Ce dernier s'apprêta à retourner à son morne repas quand... Quand malheureusement le tordu, soudainement d'une incroyable mauvaise humeur, le rappela à l'ordre. Si on peut même plus manger en paix.
Pouvait-on vraiment penser que Lyle était capable de faire une impro de rap ? Si en temps normal ce n'était pas possible, ça ne l'était pas plus lorsqu'il était passablement agacé. Le blond se retourna vers Leo en affichant un sourire radieux.

- Allons, tu n'espères pas vraiment que je réalise une performance aussi incroyable que la tienne ?
Il haussa finalement les épaules d'un air nonchalant, ignorant totalement la menace.
- Désolé dear, mais je passe sur ce coup.

Supposant qu'il n'allait pas être capable de finir son repas en paix -de toutes façon, vu la qualité dudit repas ça n'en valait pas la peine- il attrapa son plateau qu'il déposa avec un calme relatif sur l'endroit prévu à cet effet. Ce type était tordu, il fallait le laisser dans son délire et ne pas s'en mêler, songea Lyle.
*Let's go out quicly, before he decides to annoy me a little more...*
Il pouvait toujours espérer s'échapper, quelque chose lui disait cependant que ça n'allait pas être aussi facile.

Lyle regardait Leo en tentant par tous les moyens possibles de ne pas avoir l'air dépité, accablé, agacé, affligé ou méprisant. Et il fallait être honnête : c'était un véritable challenge. Leo l'avait pris au sérieux. C'était pourtant l'évidence même qu'il se fichait de lui en le flattant.
Mais apparemment, c'était trop évolué pour le prétendu banchou.
En tous cas, il avait sacrément mal au dos. Enfin, c'était un euphémisme à ce niveau-là, couina intérieurement Lyle en s'éloignant de Leo sans faire de bruit.

Mais il ne put faire plus de quelques pas puisqu'il fut stoppé par l'arrivée inopinée d'une table qui s'interposa entre lui et la sortie. Ce type était barge. Il avait un grain. Lyle observa la table, perplexe. Prendre ses jambes à son cou maintenant ou pas, telle était la question.
« Hey hey ma poule, tu vas où là ? Ça fait que commencer ! »
Le blond s'apprêta à lui sortir une excuse banale mais il se tétanisa en voyant Leo agripper une pauvre fille qui avait eu le malheur de passer dans le coin à ce moment, manifestement mauvais. Leo n'oserait tout de même pas... Si. Le brun poussa la demoiselle vers lui avec une force prodigieuse, si bien que la malheureuse n'eut ni le temps de crier, ni celui de protester.
« Let's dance with her !! Hahahahahah » S'écria Leo dans son accent nippon qui, si le sens de la phrase n'avait pas été abominable, aurait été très amusant.

- Like hell I would do something like that ! Siffla Lyle en évitant le projectile féminin de justesse et en s'éloignant d'elle le plus possible.

Le pauvre blond était à deux doigts de retourner une table et de se planquer derrière et d'éviter la fille ou Leo. Mais sa dignité, qui l'engueulait de sa petite voix criarde, l'avait convaincu de se tenir debout derrière une chaise, les mains posées sur le dossier, et de n'avoir l'air de rien.
Stay cool, se répétait-il en tenant à l'oeil la jeune fille qui, un peu paumée, s'était écrasée par terre. Qu'elle reste loin, c'était une très bonne solution. Lyle quant à lui cherchait des yeux la sortie de secours du réfectoire qu'il trouva... Sur le mur opposé. Quelle poisse, ça allait être une galère phénoménale de l'atteindre.

- Je suis désolé, reprit tout à fait calmement Lyle en laissant toutefois transparaître un peu de son accent anglais. Mais je ne connais aucune danse à deux et encore moins sans musique. En plus, je doute que ma chère partenaire soit d'accord vu son état...
Il s'arrêta un moment, cherchant le mot exact.
- Pitoyable, c'est bien ça ?

*Come on, how am I going to get out ouf here ? If I were to stay any longer in this room... Oh Wait.*

- Enfin si cela dit, sourit-il, tu veux me faire une démonstration, j'verrais ce que je peux faire.

Après que Leo ait pulvérisé la chaise qui servait à Lyle de "cachette" improvisée, il se dirigea vers une table voisine dont tous les précédents occupants s'étaient dépêchés de déserter. Et ils avaient bien fait. Sérieusement, il pouvait détruire le matériel scolaire comme ça, sans conséquences financières dans ce lycée de tarés ? L'Anglais quant à lui se rapprochait de la sortie de secours qu'il se serait empressé d'emprunter si...
« Kyah je t'aime viens par là chéri ! »

Ca y est, c'était raté. Non seulement l'autre abruti avait directement compris sa phobie des femmes -en même temps, c'est tellement peu discret...- mais en plus, il avait réussi à lui faire décrocher son sourire du coin des lèvres. Lyle observait le Leo déguisé en femme d'un air presque aussi dégoûté que s'il en avait vraiment été une. C'était dans ce genre de moment, songeait le blond, qu'on se rendait compte à quel point le ridicule ne tuait pas.
Si ça avait été le cas, le pauvre Leo serait mort et enterré depuis bien des années.
Il pensait vraiment que ça marchait comme ça ? Qu'il suffisait qu'il se déguise en femme... devant ses yeux, qui plus est ? C'était absolument inutile s'il savait que ce ce n'était qu'un stupide déguisement, même s'il avait l'air le plus efféminé du monde.
Lyle laissa échapper un sourire dont on n'aurait pu être sûr qu'il soit narquois ou compatissant.

- Écoute, j'ai rien contre tes hobbies bizarres, tu peux te travestir si ça t'éclate mais ne m'entraîne pas là-dedans.

Il y eut quelques rires dissimulés dans l'assistance auxquels Lyle jugea bon de ne pas faire attention.
Cela dit, il ne tenait pas tant que ça à ce que Leo l'enlace. Vu l'état de la chaise après le passage du brun, il n'était pas sûr de retrouver ses os intacts après coup. Il évita soigneusement le travesti et, réalisant que Leo pourrait ne pas apprécier qu'on se moque aussi ouvertement de lui, décida de s'éloigner un peu plus de lui tout en se rapprochant un peu de la sortie la plus proche.
Plus vite il serait sorti de cette pièce, moins il aurait de chance que cet énergumène ne profite de sa phobie, particulièrement envahissante dans ce genre de situation, pour le faire tourner en bourrique.
What a freak.

- Et puisqu'il n'y a apparemment pas moyen de manger en paix dans ce lycée, je suppose que j'ai plus grand chose à faire ici. Donc si tu m'excuses...

- You little petty coward, constata simplement Lyle les bras croisés en observant la barrière de femmes qui s'était créée pour l'empêcher de sortir. Yeah, that's precisely the word. Coward.

Il s'était bien entendu éloigné de toute issue devenue impossible, ce qui l'avait ramené près d'un mur isolé sur lequel tout ce qu'on pouvait voir était un magnifique extincteur rouge pétant et son amie l'alarme incendie, cette fichue sainte-nitouche qu'on ne devait toucher qu'en cas d'urgence.
Vraiment, ces abrutis de nippons étaient tous les mêmes idiots apeurés. Et pourtant il n'arrivait pas à regretter l'époque où il habitait encore le centre de Londres. Ici où ailleurs, de toutes façons, c'était la même chose.
Et ce type-là lui inspirait de plus en plus de mépris. Si bien que s'il avait pas été le distingué, calme et merveilleux jeune homme qu'il aimait à montrer, il se serait contenté d'une vulgaire allocution comprenant un "Fuck" et probablement quelque chose comme "Son of" et qui aurait certainement déplu à Leo.

Bien entendu, le blond ne comptait absolument pas se plier aux désirs de Leo.
Premièrement parce qu'il avait un fichu orgueil qui aurait fait mourir un suicidaire de vieillesse s'il avait tenté de s'en jeter. Impossible qu'il fasse ce qu'un abruti pareil lui demandait, ce serait dans un sens se rabaisser plus bas que lui, et ça, ça lui ficherait un sacré coup dans l'amour propre. Et ça ferait mal. Surtout en prenant en compte les menaces tout à fait lâches.
Deuxièmement parce que le rap, c'était pas sa tasse de thé. Et pourtant en tant que British, tout le monde pouvait deviner que le thé, ça le connaissait. Mais il ne pouvait s'empêcher d'assimiler le rap à la douce symphonie d'un gamin bousillant les oreilles de ses parents en s'amusant avec le mini-karaoké qu'il avait obtenu à noël. C'était vraiment l'analogie parfaite s'il se considérait comme les parents en question.

- Encore une fois, reprit Lyle cordialement. Non.

Sans montrer une quelconque animosité, il se mit soudain en mouvement et sans prévenir qui que ce soit... Il donna un coup dans l'alarme incendie. Il ne fallut qu'un quart de seconde pour qu'une sonnerie stridente se mette à retentir dans le bâtiment tout entier, ameutant tout le monde en dehors du lycée et provoquant la fuite de quelques jeunes filles de la barrière de Leo qui ne voulaient pas subir les retombées de l'acte de Lyle. Parce que oui, suspendre les cours de tout le lycée pendant quelques minutes, ça pouvait être considéré comme grave.

- Oh snap. J'ai glissé.

Lyle devait bien s'avouer qu'il avait cru que Leo allait le réduire au même état que la nourriture qui était servie au réfectoire lorsque ce dernier s'était mis à courir vers lui comme une bête enragée. Mais heureusement pour le blond qui s'était efforcé de tout de même rester stoïque, l'animal était tout simplement en train de fuir l'eau comme une espèce de gros chat qu'on aurait plongé sous la douche.
L'anglais ne put s'empêcher de rire, malgré sa situation, lorsqu'il vit Leo bouillonner de rage une fois sorti de la cantine dans un grand fracas. Si, vraiment, c'était hilarant. Surtout que maintenant il était au courant, bien qu'il l'ait appris par le plus grand des hasards, que Leo avait une répulsion toute particulière contre l'eau froide.

- Haha, on dirait que je suis pas le seul à ne pas pouvoir supporter certains trucs. Je m'en souviendrais.

Au moins, maintenant il avait quelque chose contre lui.
Replaçant hors de son champ de vision les quelques mèches de cheveux blonds qui dégoulinaient joyeusement d'eau sur son visage, Lyle se retourna vers l'intérieur de la pièce qui était à présent déserte. Enfin, cela dit, certains profs et pions n'allaient pas tarder à rappliquer, et sachant qu'il avait été pris en photo par l'autochtone sauvage en train de bousiller la vitre, il n'était peut-être pas sage de rester en conflit avec lui.
Sauf qu'il pouvait toujours baragouiner quelques choses aux profs pour se tirer d'affaire. Quelque chose du genre il avait été forcé de le faire. Ca marchait souvent, puisqu'il était nouveau.

On dit souvent que ce qu'on apprend le premier dans les langues étrangères, c'est l'intégralité du jargon d'insultes locales. Pourtant, le blond n'était pas certain d'avoir compris ce qu'avait hurlé le gros chat une fois hors de la cantine. Ce dont il était sur, en revanche, c'est que ce n'était pas très amical.
Mais il pouvait toujours tenter de rendre la situation plus pacifique entre eux, histoire de ne pas être harceler par une énergumène pareille pendant la durée de son séjour au lycée.

- Écoute, j'ai pas grand chose contre toi pour l'instant donc j'aime autant qu'on s'arrête là. Alors si tu veux bien avoir l'amabilité de supprimer ta superbe photo, je pense qu'on peut s'arranger pour que je ne baratine pas les pions qui vont bientôt arriver.

L'anglais regarda derrière lui, pour être certain que personne n'était encore arrivé, puis reporta son attention sur Leo d'un air serein. Certes il méprisait son adversaire, mais un traité de paix était toujours envisageable. Il préférait ne pas se mettre un truc pareil à dos.

- Oh, et tu as un accent anglais déplorable.

De sa vulgarité et de son style sauvage, le prétendu banchou local déclina la trêve proposée par le blond. Très bien, songea ce dernier en le toisant d'un air suffisant. Au moins il pourrait se dire, en toute bonne âme et conscience, qu'il avait tenté de calmer le jeu. Ne pas avoir saisi la perche tendue, c'était une erreur dont Lyle espéra que la terreur de la faune autochtone se souviendra. On ne cherchait pas impunément la petite bête à un anglais de mauvaise humeur.
Leo pensait avoir gagné grâce à la photo qu'il avait prise ? Dans ce cas, le blond se ferait un plaisir de s'en servir en tant que preuve pour étayer l'histoire qu'il allait mettre sur pied dans les secondes qui allaient suivre. Il se ratatina très rapidement au pied de l'alarme brisée. Les professeurs qui s'étaient dépêchés arrivèrent juste à temps pour entendre la dernière provocation qui s'évanouissait au loin de Leo. D'un air inquisiteur, l'un d'eux s'approcha de Lyle et l'interrogea avec vigueur.

- Eh bien ? Qu'est-ce que tu fiches là ? Et qu'est-ce que c'est que tout ce bazar ?

Avec la délicatesse maladroite d'un gamin victime de racket qui venait d'être découvert par des adulte, le blond dont les cheveux traînaient sur le visage trempé redressa la tête pour observer son interlocuteur d'un air qui avait quelque chose de contrarié. Il gardait, apparemment malgré lui, le silence.
Il était frêle, il avait l'air misérable et semblait tenter de garder tout de même un minimum de dignité. Ou, autrement dit, il était en train de se mettre les adultes dans la poche. Et manifestement, c'était en train de marcher. Plus ou moins.
On le força à se relever.

- Arrête, t'as vu sa stature de gamine ? Fit une pionne en haussant subitement le ton. Tu crois sérieusement qu'il a pu bousiller cette chaise et mettre le bazar comme ça ?
- T'as pas tort ma foi, je parie que c'est encore un coup de l'autre dégénéré...
- Mais l'alarme ?
L'anglais pinça les lèvres avec une amertume feinte. A vrai dire il était déjà heureux qu'on lui relève les charges des dégâts faits dans le réfectoire. Il était évidemment trop svelte et avait une trop faible musculature pour être responsable de tel ou tel dégât matériel. Restait le coup de l'alarme incendie.

On le vit hésiter un instant puis prendre son courage à deux mains et finalement parler d'une voix mal assurée.
- That was...
Il se stoppa, corrigea son anglais d'un air maladroit et reprit en un japonais formel.
- C'était moi, l'alarme.
Les regards de son auditoire se retournèrent instantanément vers lui. Les uns furent surpris, le reste eurent l'air courroucé. Il était clair qu'ils attendaient des explications dans les plus brefs délais. Lyle parut se décourager, montra un air pitoyable et empreint de culpabilité puis reprit la parole.

- Ce... Celui qui vient de s'en aller il m'a fait casser l'alarme, il a même une photo de moi en train de le faire. Et il m'a dit que même si je fuyais, il pourrait...
Une fois de plus, il regretta de ne pas avoir bossé un peu plus les cours de japonais. Mais d'un autre côté, sa coupure dans la phrase pouvait être interprétée de diverses manières qui mettaient en valeur sa position de victime dans l'affaire. Blackmail... Faire du chantage ? Faire chanter ? Il n'en était pas certain, mais se jeta tout de même à l'eau.
- Il pourrait me faire du chantage avec.

S'en suivit un silence de quelques secondes -il ne fallait pas perdre du temps, sans quoi le banchou serait déjà trop éloigné- avant que le prof qui l'avait interrogé le premier se décide à prendre une décision. D'un ton autoritaire, il ordonna à un surveillant de se dépêcher de rattraper l'autre énergumène et de le ramener dans le réfectoire. Puis il se retourna et toisa Lyle d'un air qui avait quelque chose de compatissant.
Pour lui au moins, c'était gagné. Ils le croiraient dès qu'ils auraient vu la photo qui l'incriminait. Et au pire, il pouvait toujours dire qu'elle avait été effacée.

Chanter ? Cet abruti en était encore là ? Lyle avait trouvé quelqu'un d'aussi obstiné, si ce n'était plus, que lui. Et s'il n'était pas aussi irrité par le comportement du Lion, peut-être aurait-il trouvé la situation aussi amusante que ridicule. Ou à vrai dire, s'il avait été un observateur externe, il serait probablement en train de pouffer de rire. Ils se cherchaient vraiment des crosses pour pas grand chose... C'était peut être ce qu'on appelait l'orgueil ?
De toutes façons, songea-t-il en prenant un air misérable et opprimé là n'était pas la question. Pour l'instant il était préférable de se sortir de là.
Et de toute évidence, le comportement violent et hargneux de Leo ne jouait pas en sa faveur auprès des professeurs. Même si le coup du chantage ne prenait pas, c'était toujours sa parole contre celle du blond et c'était par conséquent une très bonne idée d'avoir les pions et profs de son côté. D'autant plus que Lyle était nouveau, dans le pire des cas il ne pensait s'en tirer qu'avec une retenue ou quelque chose du genre.

L'anglais regardait son adversaire avec un air qui se partageait entre le défi, l'indignation et toujours cette pointe de terreur feinte qu'il ne pouvait se permettre d'oublier. Il ne chanterait pas, il en avait décidé ainsi.
Il restait sagement muet, c'était la meilleure attitude à adopter sachant qu'en dire plus ce sujet pouvait éveiller les soupçons des adultes sur l'origine de la dispute. Il était vrai que dans les deux cas il était l'agressé plutôt que l'agresseur, il n'avait brisé l'alarme incendie que par légitime défense mais...
Mais tant qu'à faire il aimait autant que toute la faute retombe sur Leo.

Il esquissa un mouvement de recul lorsqu'il vit l'un des pions se redresser vivement et se dresser entre les deux adolescents.
- Monsieur Leolio Leo ! S'étrangla ce dernier en hurlant sur le banchou. Je vous conseille de stopper immédiatement votre cirque !
Eh ben, songeait l'anglais en observant le pion. Il espérait que ce dernier ne vouvoyait Leo que sous le coup de la colère, sans quoi c'était un peu exagéré comme formulation pour un type plus jeune que lui de quelques années.
- Quant à vous !
Le surveillant se retourna vers lui d'un air tout aussi agressif. Lyle fut satisfait d'être vouvoyé à son tour mais n'en montra rien, il ne fallait pas encore se trahir.
- Je n'ai aucune idée de votre incrimination dans cette histoire...Mais vous ne vous en tirerez pas encore !

C'était déjà pas si mal, mais quelque chose disait clairement au blond que ça ne suffirait pas à contenir la bête sauvage qui était hors d'elle. Celle-ci ne lâcherait probablement pas encore l'affaire, et vu les dégâts qu'elle avait fait aux pions qui avaient déjà tenté de s'interposer, le dernier en date n'allait certainement pas faire exception à la règle.
Mais comme s'échapper n'était pas une option pour Lyle -imaginez un peu un lapin coursé par une bande de lévriers, ça fera l'affaire pour justifier ce choix...- il était tout bêtement coincé avec l'autre enragé. Excédé, l'anglais ne put retenir un regard agacé. Au point où son orgueil l'avait amené, un ou deux bleus ne le dérangeraient pas du moment que Leo n'obtenait pas ce qu'il voulait.
S'il ne chantait pas, dans tous les cas, il gagnait.

Il n'aurait qu'à attendre les renforts de surveillants qu'était discrètement partie chercher une des profs pour arrêter le massacre de la bête enragée. Même si ce n'était pas par son action directe, car physiquement il était bien incapable d'arrêter le lion, le blond comptait continuer à avoir le dessus pour le moment. Comme l'avait dit un grand sage -non à vrai dire, il l'avait lu dans un de se bouquins préférés- la violence n'était que le refuge de l'incompétence.
Ce qu'il aurait aimé le dire à voix haute, s'il n'avait pas été dans cette situation.

Au récit que proféra Leo qui semblait coincé par la stratégie mise en place par l'anglais, ce dernier afficha une expression d'indignation digne d'une victime de vol contre qui on retournait la faute. Ce type avait un sacré culot de vouloir retourner toute l'histoire contre lui, ça aurait pu être très astucieux s'il avait fait attention à tous les détails qu'il racontait.
Lyle eut le plus grand mal à réprimer un rictus au terme de la tirade de son adversaire, il aurait vraiment donné cher pour pouvoir lui rire ouvertement au nez. Mais après tout, la subtilité exigée pour se sortir de ce pétrin ne rendrait le résultat final que plus délicieux. Il observa le professeur en faisant la moue, c'était évident qu'il allait s'expliquer.
De quelle manière, c'était une autre histoire.

- Son histoire est absurde, affirma le blond d'un air contrarié et qui s'efforçait de rester calme. Tout d'abord parce que vous aurez pu constater que je ne suis pas aussi impulsif que lui, il n'y a aucune raison pour que je me mette à l'insulter ni que je cherche à lui jeter une chaise parce qu'il aurait insisté.

Il jeta un regard à Leo comme s'il cherchait à confirmer que celui-ci n'allait pas se jeter à sa gorge pour l'étrangler, lui broyer les os et plus si non affinités. Ça n'avait pas l'air d'être le cas pour l'instant, le Lion semblait s'être vaguement assagi. Du moins, assez pour se maîtriser et être capable de raconter des âneries.
L'anglais laissa traîner le silence quelques temps, il était dans son intérêt de ne pas précipiter les choses.

- En plus, il savait parfaitement ce qui allait arriver s'il me faisait casser l'alarme d'incendie, vous l'avez entendu quand il partait en se moquant de mon japonais, s'il avait été terrorisé à ce point il serait parti sans demander son reste.

Il ne dit rien de plus et se contenta de regarder le sol mouillé avec insistance comme si le lino qui se trouvait à ses pieds était soudainement devenu un objet digne d'un intérêt appuyé.
Mais il était heureux de constater que ses propres répliques avaient tout de même touché son auditoire. Parce qu'après tout, Lyle n'était pas encore connu des services de l'administration pour une quelconque faute envers les professeurs ou le matériel. Et manifestement, ce n'était pas le cas de l'autre bestiole enragée. Pour cela au moins, les profs devaient bien s'avouer que placer le blond en tant qu'agresseur face à Leo dans l'affaire était un peu improbable.

L'anglais fourra son nez dans l'écharpe qu'il portait autour. Après tout il était encore trempé de l'incident et commençait à grelotter de froid à cause du vent qui entrait par la fenêtre ouverte avec grand style par Leo.
Les renforts n'étaient pas censés tarder.

- Moi je ne crois pas cet enragé, intervint finalement l'un des pions qui avait subi les foudres du banchou.
- Et la photo qu'il a prise du cassage de vitre, s'il nous la montrait ? Après tout si l'autre a fait sonner l'alarme de son propre chef, je pense pas qu'il tire la tronche dessus.

Lyle était fort satisfait intérieurement du raisonnement que venait de tenir le prof qui arbitrait plus ou moins les règlements de comptes. Il était persuadé d'avoir eu l'air contraint lorsqu'il brisait l'alarme. Que pourrait répondre Leo à cela sans qu'il n'ait l'air d'inventer une histoire tirée par les cheveux ?
Le blond osa un regard vers son adversaire pour profiter intégralement de sa réaction.