Un fou sur le toit { Pv. Nanako Hope

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Cela ne faisait pas bien longtemps que Rio Serizawa était arrivé au lycée Shimizu. Une demi-journée à peine. Il était passé deux ou trois fois dans sa chambre, sans vraiment savoir pourquoi mais à chaque fois, il n'y avait personne d'autre que lui. D'un côté, ça le soulageait & d'un autre, malgré la promesse qu'il s'était fait, il avait envie de parler de tout & de rien avec quelqu'un. Il se rendit compte alors qu'il n'avait plus qu'une solution pour ne plus se sentir aussi seul.

Arrivé sur le toit du lycée, il respira un bon bol d'air frais. Il portait un jean foncé, un tee-shirt sombre & sa veste en cuir customisée. Dans sa poche reposait Sacha, son meilleur ami. Son ours en peluche destroy. Il faisait bientôt nuit & assez froid mais Rio s'en moquait. Le jeune homme alla s'asseoir dans un coin & sortit Sacha de sa poche. Il le regarda longuement & finit par lui parler. Il savait très bien que celui-ci ne lui répondrait pas s'il lui posait des questions mais il avait tellement besoin de discuter avec quelqu'un qu'il s'était rabattu sur son pauvre nounours. Il chuchotait, comme si quelqu'un pouvait les entendre alors qu'il n'y avait personne sur le toit. Il ne pensait pas qu'un jour il tomberait aussi bas.

Rio lui racontait tout, vraiment tout ! Ses craintes, ses désirs, ses espoirs, tout ce qui lui passait par la tête. La porte du toit s'ouvrit mais le jeune homme ne se démonta pas & continua son monologue dans l'oreille de son ourson préféré. Des bruits de pas se faisaient entendre, venant dans sa direction. La personne qui arrivait aller vraiment le prendre pour un fou mais il s'en fichait, si personne ne le remarquait il le deviendrait, fou ...

Nanako sortait enfin de cours. Soixante longues et interminables minutes, avec cette continuelle impression que le temps n’avance pas. Pourquoi les aiguilles de l’horloge fixée au mur, juste en face de vous n’avancent jamais ? Sûrement une question à laquelle tout le monde à son propre point de vue, mais le plus courant reste le fait que l’on s’ennuie lourdement. Comme Nanako pendant ses heures de cours. Toutes ses heures de cours. Sauf celles qu’elle séchait. Là, elle pouvait se livrer aux activités qu’elle appréciait, et le temps filait tout seul. Comme par magie.

Quand la sonnerie retentit enfin, Nanako prit machinalement son sac qu’elle n’avait pas ouvert et elle sortit de la salle en première. En prenant soin de claquer la porte derrière elle. Sa bonté la perdra... Elle marcha contre le mur du couloir et descendit les escaliers en courant, pour sortir au plus vite de l’établissement.

Alors qu’elle franchissait la porte pour sortir, de jeunes gens inconnus, qui passaient en courant la bousculèrent. S’ils n’avaient pas eu la chance de courir vite Nanako les aurait surement massacrés.
Après ce mauvais passage, elle respira une grande bouffée d’air frais et se dirigea ers l’escalier menant au toit. Elle monta, pour une fois, les marches lentement. Elle avait les yeux fermés, et ses mains se baladaient sur les rambardes et les murs. Par la suite, elle se prit la porte dans la tête. Heureusement pas trop violemment.
Elle ouvrit la porte du local et marcha sur le toit. Elle entendait un murmure pas loin d’elle, elle continua d’avancer un peu, et aperçu un jeune homme. Il était pourtant seul... Elle s’approcha un peu plus, et elle vit qu’il tenait dans ses mains une petite peluche. Un ourson.
Nanako s’assit sur la bordure du toit, pas loin du jeune homme, les pieds ballant dans le vide, Elle espérait ne pas trop le déranger.
Au bout d’un certain temps, elle se retourna vers lui.

« Euh... Bonsoir. »

Elle le regarda discrètement. Il était jeune. Son âge plus ou moins. Et surtout, chose que Nanako repéra en suivant, il dégageait quelque chose d’inexplicable ;

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Rio avait arrêté quelques secondes seulement son monologue presque imperceptible aux oreilles de la jeune fille pour l'observer un peu. & puis de toutes façons, au bout d'un moment, il ne savait plus quoi dire. Il détourna ensuite ses yeux, posés sur la demoiselle, il avait trouvé un sujet de conversation. L'inconnue choisit le moment où il s'y attendait le moins pour lui adresser la parole. Il fit un bond & faillit pousser un cri ridicule, il se retint de peu pour ne pas avoir l'air plus ridicule qu'il ne l'était déjà.

* Quel idiot, elle t'a juste dit bonsoir U__U' *

Le jeune homme tenta de calmer les battements de son pauvre petit coeur, qui avaient doublés au son de la voix de la jeune fille. Il ne dit rien pendant quelques secondes, peut-être deux ou trois minutes. Rio jeta un oeil à Sacha, comme pour lui demander que pouvait-il faire. Fuir encore une fois ou se montrer sympa, pour changer un peu ? Evidement, il n'obtint aucune réponse de la part de l'ourson. Il pris alors sa décision seul, comme un grand.

L'adolescent se releva sans bruit & se dirigea vers la jeune fille, nounours à la main. Il s'arrêta à mi-chemin, se posant encore & toujours des questions sans grandes importances & finit par s'asseoir au côté de la demoiselle. Rio lui jeta un bref coup d'oeil, ferma les yeux & avec un effort presque sur-humain pour lui, lança un petit :

- Salut ...

Bingo. Aux paroles de Nanako le jeune homme ne dit pas un mot, comme choqué par la personne en face de lui. Nanako avait l’habitude qu’on ne lui réponde pas et que l’on s’échappe discrètement. Elle avait l’habitude que les gens la regarde bizarrement. Les gens d’ici sont, apparemment, peu sociables. Enfin, elle n’était pas dans ce lycée depuis longtemps, mais les gens qu’elle avait croisés semblaient... Coincés.
Au moment où il se leva, Nanako eu un haut-le-cœur. Dans sa tête, elle le vit partir, comme beaucoup d’autres. Mais à sa plus grande surprise, le jeune inconnu s’approcha d’elle. Il posa ses fesses à côtés de celles de Nanako. Elle réprima un petit sourire ; il ne s’était pas enfuit. Il lui répondit même. Un simple salut peu signifiant mais autant se satisfaire du nécessaire.

Il avait les yeux fermés, son ourson en peluche toujours dans la main. Sa peluche était son confident. Nanako, elle, avait pour compagnon un cahier de dessin, ou elle retransmettait toutes ses émotions. Vous ignoriez peut être que le dessin était un vrai vide-sac... Et pourtant, ceci est reconnu comme moyen thérapeutique, et oui.

Comme lui, Nanako ferma les yeux, pour mieux sentir le vent fouetter sa douche peau. Elle leva légèrement la tête vers le soleil qui commençait à se coucher, et sans ouvrir les yeux, elle demanda :

« J’espère que je ne te dérange pas trop. »

Oui, elle l’espérait, mais s’il était là, assit à côté d’elle, c’est que cela ne le dérangeait pas, non ? Seul lui le savait...
Par peur qu’il ne lui réponde pas ou qu’il décide de partir, Nanako enchaina :

« Je suis Nanako Hope. Et toi ? »

Oui, et toi, qui es-tu donc, petit être ?

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Après une bref observation, Rio avait finalement remarqué que cette jeune fille, qui devait avoir à peu près son âge, avait un «truc». & ce «truc», il y avait peu de gens à l'avoir en eux. Ce «truc» rendait tout de suite la personne intéressante, même sans la connaître. Justement, cela donnait encore plus envie de la connaître. La demoiselle avait donc, sans le savoir, toute l'attention de Rio.

Rio avait, lui aussi, l'habitude que les gens le regardent comme si il était différent, comme si il était un alien ou un mutant. D'accord, toute personne est unique donc différente des autres mais justement, les autres trouvaient que Rio était trop différent d'eux, c'est pour ça qu'il a très vite était rejeté. Seul Sacha était resté son ami.

Plongé dans ses pensées, le jeune brun entendit alors la demoiselle lui adresser à nouveau la parole. Elle lui disait qu'elle espérait qu'elle ne le dérangeait pas trop. Rio fit une drôle de tête, pourquoi le dérangerait-elle ? Il n'eut pas le temps de nier, elle se présenta & lui demanda ensuite comment se nommait-il. Il comprit alors qu'elle ne voulait pas qu'il parte, c'était pour ça qu'elle lui disait plusieurs choses à la suite, comme pressée. Son visage changea soudainement d'émotion & il lui sourit.

- Du calme, tu ne me déranges pas du tout !
Moi c'est Rio Serizawa, enchanté

Rio Serizawa, Rio Serizawa, Rio serizawa. Elle se répétait machinalement son nom dans la tête, pour ne pas l’oublier. Cela serait vraiment débile ne l’oublier, ouais. Avouez que, si vous veniez de rencontrer une personne, vous vous sentiriez vraiment bête d’avoir oublier son prénom cinq minutes après. Et bien figurez vous que cela arrivait tout le temps à Nanako, mais avec Rio, elle n’avait pas envie que tout se passe comme d’habitude. S’accoutumer des choses est parfois très ennuyeux... Oh oui...

Il lui avait répondu qu’elle ne le dérangeait pas. Etait-il fou ? C’était bien le seul garçon du lycée qui ne partait pas en courant en voyant les cheveux violets de Nanako. Il était peut être daltonien ? Elle souri intérieurement, il avait de la chance de ne pas la voir réellement. Ou peut être ne la voyait-il pas du tout. C’est bête d’être aveugle tout de même... Quand Nana prit conscience de la débilité de ses pensées, elle ria tout doucement. Un murmure, que le crie du vent recouvrait.
Elle répondit à l’accueil du jeune homme.

« Moi de même. »

Et elle, souri, encore et toujours. On pourra croire à une folle. Ce genre de personnes avec toujours ce sourire collé aux lèvres. Mais elle s’en fichait, sourire n’a jamais été punie par la loi. Au pire, Nanako ferait la gueule. Elle a aussi l’habitude d’être associable, mais aujourd’hui, elle n’avait pas envie. C’était une belle soirée qu’il ne fallait pas gâcher.
Elle se tourna vers Rio et le regarda. Après un petit moment, elle se lança enfin.

« Tu viens souvent ici ? »

Mais où est passée la Nanako qui n’avait peur de rien ? Question cruciale. Oui, depuis que Nanako était à Shimizu, elle n’était pas pareille, c’est un peu bête de dire ça, de dire qu’un établissement pouvait changer une personne, et pourtant...
Elle venait souvent sur ce toit, depuis qu’elle était arrivée au lycée, mais elle n’avait jamais croisé Rio. Peut être qu’il venait tout juste d’arriver, ou alors, tout simplement, ils n’y étaient jamais en même temps.

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Rio n'avait aucun problème pour retenir les noms des gens, bien souvent il connaissait le nom de plusieurs personnes sans jamais leur avoir parlé. Il avait simplement retenu leur nom & leur tête pendant l'appel, par exemple. Nanako s'était présentée, il aura donc son nom & son visage dans la tête pendant un bon bout de temps.

Il vit alors que Nanako fut surprise de l'entendre dire qu'elle ne le dérangeait pas. Il réfléchit un instant, pourquoi pouvait-elle le déranger ? Peut-être était-ce parce qu'elle avait les cheveux violets ... Mais peu importe la couleur de cheveux pour Rio, lui-même s'était déjà teint les cheveux en rose pour voir comment cela lui allait (xD) Nanako avait les cheveux violets, oui & alors ? Rio trouvait d'ailleurs que cela lui allait très bien, le violet ...

La demoiselle répondit, après un court silence qu'elle était, elle aussi, enchantée puis elle sourit. Ce qui fit sourire le jeune homme à son tour, son sourire devait être contagieux. Nanako se tourna alors vers lui & le regarda longuement, Rio fit de même. Elle lui demanda ensuite s'il venait souvent ici, pendant ce temps-là, le jeune brun rangea Sacha dans une de ses poches.

- Non, c'est la première fois mais pas la dernière, je pense ...
Il y a vraiment une belle vue, d'ici.

Rio regarda un instant la belle vue en question puis tourna la tête vers Nanako tout en souriant. Maintenant qu'il était à Shimizu, il était vraiment content d'avoir pris cette décision. Ici, personne ne savait qu'il était bisexuel & puis, en fait, il ne devait pas être le seul. Alors que dans son petit village natal pommé, il était bien le seul ... À la simple pensée de sa vie d'avant, son sourire disparu en un rien de temps & il se remit à regarder devant lui.

Tout le temps des premières fois, mais jamais les dernières. Depuis que Nanako était à Shimizu, elle ne pouvait plus se passer de cet endroit. Ici, tu es en presque totale liberté, tu surplombes la ville, accompagné par le vent qui fouette doucement chaque parcelle de ta peau et amenant avec lui toutes les odeurs offertes par le mouvement urbain. C’est quelque chose de vraiment extra d’être ici en haut. Personne ne pourrait dire le contraire.
Ce que Nanako adorait le plus, c’était de marcher sur le rebord du toit, frôlant le néant total. Elle adorait la sensation que cela provoquait, ces papillons dans le ventre.

« Oui, une très belle vue... »

Nanako se tourna lentement vers le jeune homme qui était en train d’admirer la vue, le sourire aux lèvres. En quelques secondes, il perdit ce sourire. C’était-il envolé avec les oiseaux ? Les changements d’âmes comme celui-ci, Nana les connaissait bien, oh oui. Elle en avait tout le temps. Ou presque. Il suffisait qu’elle pense à quelque chose de passé, et elle devenant nostalgique. Ou parfois, elle pouvait être de mauvaise humeur sans raison, comme ça, en un claquement de doigts.
Elle fronça légèrement les sourcils et hocha de la tête.

« Ca va ? »

Une question qui pouvait paraître un peu « familière » étant donné qu’ils ne se connaissaient pas, mais vu la modification soudaine des trais de son visages, elle s’inquiéta quand même un peu. Et elle était aussi très curieuse de savoir ce qu’il avait. Elle avait soif de savoir sur cet être.

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Rio regardait longuement la vue qui lui faisait face, c'était vraiment magnifique. On avait presque l'impression que l'on dominait tout ce qu'on pouvait voir, d'en haut. Une légère brise chatouillait les joues du jeune homme, le décoiffant d'avantage qu'il ne l'était déjà avant. Nanako confirma ce que dit Rio pendant que celui-ci observait le paysage avec un petit sourire aux lèvres. Il avait toujours aimé être à l'extérieur, lorsqu'il restait trop longtemps enfermé dans une pièce il avait l'impression d'étouffer. De plus, le vent frais, le soleil ou encore toutes les odeurs que l'on peut sentir dehors lui procurait une sensation très agréable.

Son beau sourire enfantin disparut subitement alors qu'il repensait à son passé des moins joyeux. La jeune fille à côté de lui le regarda en fronçant les sourcils & lui demanda si il allait bien. Rio ne répondit pas tout de suite, que pouvait-il répondre ? Il ne connaissait même pas la réponse lui-même. Il respira un grand coup & décida qu'il fallait qu'il arrête de toujours penser au passé & qu'il fallait donc qu'il aille de l'avant. Son sourire réapparut en un clin d'oeil & il se retourna vers la belle créature à ses côtés.

- J'étais en train de me dire que j'avais de la chance d'être ici.
Je n'ai pas vraiment toujours eu de la chance, ça change un peu ...

{ Vraiment désolé pour le retard,
j'avais pas d'inspiration X___X

Qui a toujours eu de la chance ? Personne je crois. On peut avoir de la chance, certes, mais pas « toujours ». Personne ne peut être heureux vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. C’est impossible. Même derrières ces éternels sourires se cache un malaise, aussi petit qu’il soit. Tout le monde le sait, Happyness Doesn’t Exist.

« Ha. Je vois. Apparemment dans ce lycée personne n’a jamais eu de chance ». Dit-elle, sur un ton légèrement ironique, mais pas irrespectueux.

Elle sourit. Encore et toujours ce sourire enfantin. Elle souriait tout le temps, même quand il n’y avait pas de raison, mais parfois ce sourire pouvait cacher des choses. Et puis depuis toute petite, elle avait après qu’on ne pouvait pas être heureux si on ne souriait pas, alors, sans cesse, elle s’efforçait de montrer ses dents.

« Heureusement que ce toit existe, je pense ».

Elle riait légèrement, le vent fouettait ses cheveux qui venaient chatouiller le creux de son cou. Elle était bien, là. Elle avait tout ce qui lui fallait, un peu d’air frais, une vue magnifique sur la ville, et sur un jeune homme inconnu.
Elle se leva d’un bon et surplomba la ville une énième fois, de petits points noirs d’agitaient, en bas. Ils étaient tout petit vus d’ici. C’était plutôt plaisant cette sorte de supériorité. Elle sourit, mais intérieurement cette fois. Ce qu’elle pouvait être stupide.
Elle fit le tour du bâtiment en marchant sur la bordure du toit, les bras en croix, admirant de nouveau la vue. Les magasins commençaient à fermer, les petits points noirs commençaient à s’inquiéter, se demandant s’ils allaient attraper un taxi, ou s’ils devraient rentrer à pieds. Courrez, courrez, tant qu’il en est encore temps.

Quand elle arriva à côté de Rio, elle lui tendit sa main et elle lui demanda, toujours avec ce sourire bel et bien angélique.

« Ca te dit de bouger d’ici ? »

Elle avait envie de se mêler à cette foule qui n’attendait que de se lover dans un canapé bien douillé.
Maintenant, la nuit tombait vraiment, alors que pour la plupart des habitants de la ville, la journée se finissait, pour Nanako, elle débutait à peine.
Autrefois, à cette heure si, elle aurait été en train d’errer dans les rues, recherchant un éventuel client. Mais cette époque était finie, et heureusement, d’ailleurs. Pour le moment, Nanako avait retrouvé le parfait équilibre, enfin plus ou moins...

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