And you don't seem to understand... [PV Nagoyaka]

Pendant un instant, Nagoyaka eût l'impression que Yû était partie, le laissant seul, livré à lui-même, à nouveau. Mais il fût rassuré de la voir revenir, avec des serviettes pour l'aider. Il s'était encore trompé. Quel idiot. Comment pouvait-il penser cela de la personne qui était en train de le réconforter, de le soigner, de l'écouter. D'ailleurs, elle lui disait qu'il n'était pas maudit. Il ne comprenait pas. On le lui avait toujours dit pourtant. Sa famille l'avait traité de "maudit", et à force, il y avait cru. Disait-elle cela car elle ne voulait pas le blesser? Non. Elle le pensait vraiment. Mais lui n'arrivait pas à se dire qu'il était normal. Avec tout ce qu'il avait fait, il ne pouvait être que maudit.

En effet non, il ne l'avait pas tué de ses propres mains, mais cela revenait au même. C'était de sa faute.
Et quand Yû n'osa pas regarder l'infirmier, il se sentit défaillir un instant. Un rejet? Non. Elle n'était juste pas d'accord avec lui. Puis le visage triste de la jeune fille se tourna vers lui. De sa bouche elle laissa à nouveau échapper des paroles si profondes et si touchantes pour Nagoyaka. Elle le guiderait vers le bonheur? Mais en serait-elle capable? Non. La vraie question était si lui serait capable de la suivre? Il le voulait, au fond de lui, mais n'en avait plus la force. Il voulait juste dormir, et ne jamais se réveiller. Pourtant, il avait maintenant peur de mourir. Parce qu'il ne voulait pas laisser Yû derrière lui. Il souffrait, et la ferait aussi souffrir s'il disparaîssait. Que devait-il faire? Vivre pour deux? Pour Hana et Yû? Il devrait lutter pour elles?
Il laissa tomber sa tête en arrière en soupirant. Comment en était-il arrivé là? A chaque fois qu'il pensait à sa soeur, tout se bousculait dans son esprit. Il n'arrivait à broyer que du noir, c'est tout ce dont il était capable de faire. Mais Shirasaki, elle, luttait. Elle voulait vivre, malgré sa souffrance. Comment faisait-elle? Elle disait que c'était grâce à lui.... Elle serait même prête à endosser sa souffrance à lui pour qu'il se sente mieux.

"Hors de question!"

Il tapa son poing contre le mur en hurlant ces mots.

"Tu n'as pas à souffrir plus que tu ne souffres déjà! Je n'accepterais jamais que quelqu'un ait mal pour moi. Car je ne mérite pas d'attention....J'ai tué ma soeur, tu comprends? C'est à cause de moi si elle n'est plus là, si elle ne sourit plus, si elle ne va plus à l'école......J'ai essayé d'en finir, mais je n'en suis même pas capable. J'aurais tant voulu mourir a sa place. A ce moment là j'aurais du la protéger. Mais je nai pas bougé, pas bougé d'un pouce! Je n'ai pas réagi à temps. Non. Je pense que j'avais peur de mourir à ce moment là. Au lieu d'aller la sauver, moi qui dit tant aimer ma soeur, je n'ai fait que crier son nom! Je n'ai même pas été la secourir. Je n'avais pas le courage? Sûrement. Et maintenant je dis que je vis pour elle, mais tout cela ne fait de moi qu'un hypocrite! Oui, je suis juste.....juste un hypocrite.....je suis l'assassin de sa mort, j'en suis responsable..."

Il tapa à nouveau son poing avec force contre le mur. Son visage reflétait la tristesse et la haine. Tout se brouillait dans son esprit. Comme une peinture. Au début, c'était un tableau entièerement noir. Puis Yû lui avait parlé et avait rajouté une pointe de blanc. Mais lorsque l'on mélange ces deux couleurs, tout devient gris, puis noir à nouveau. C'est exactement ce qui se passait dans la tête et surtout le coeur de Nagoyaka. Tout était redevenu sombre...

"Je me deteste.....alors pourquoi voudrais-tu que je sois heureux...? Je n'ai pas le droit de l'être, je dois juste être puni pour ce que j'ai fait. Je veux être puni."

Une partie de lui le voulait, mais une autre souhaitait connaître le bonheur.
Il se laissa tomber à genoux, et avant qu'elle ait le temps de réagir, il s'agrippa à Yû. Il ne la fît pas tomber, mais il se tenait à elle, comme s'il ne voulait pas qu'elle parte.

"Shirasaki....tu es la seule qui m'ait écouté, qui ait essayé de me comprendre....et pourtant je n'aurais jamais voulu que cela arrive, car je n'aime pas montrer le vrai moi aux autres...cette personne que je deteste le plus au monde....J'aurais préféré que tu t'en ailles après t'avoir conseillée...que tu me laisses.....mais....mais je ne peux m'empêcher de te remercier, car tes paroles me font du bien..."

Il serrait la jeune fille, la tête enfouie dans le cou de cette dernière. Il se sentait tellement mal de la faire souffir. De plus, il lui avait rappelé de mauvais souvenirs, encore par sa faute. Et même si elle disait aller mieux, elle ne pouvait sûrement pas s'empêcher de penser qu'elle s'était fait rejeter, vu que lui l'aurait évoqué.
Il restait donc dans ses bras sans bouger, puis il ferma les yeux. C'était tellement agréable. Il parlait d'une voix inquiète mais plus détendue:

"Je ne sais pas si je veux vivre, je n'en peux plus de me battre....et puis je n'ai pas le droit...Tu dis vouloir me guider....mais pourrais-tu me supporter...?... Pourtant...je suis si bien là....je ne sais plus quoi faire...je ne sais pas quoi penser....je ne sais plus...."

Au départ, Yû crut encore à un rejet d'autrui de la part du jeune infirmier lorsqu'il frappa à l'aide de son poing, le mur blanc et dur de l'infirmerie. Elle se recula de quelques pas, une de ces mains saisissant le tissus rouge et tâché de sa robe à fines bretelles. Le docteur qui se trouvait devant elle se mit alors à crier, n'acceptant pas que la lycéenne puisse l'aider, le soutenir, le supporter dans sa douleur, en gros, la fuyait-il encore une fois ? Non, voulait-il plutôt, la fuir de nouveau ? La Shirasaki eut alors peur au plus profond de son coeur, et ses deux mains contre sa bouche, elle s'abstenait de hurler, du moins répliquer sèchement à son interlocuteur. Elle avait une envie d'hausser la voix, de faire comprendre une bonne fois pour toute à Nagoyaka qu'elle ne le lâcherait pas, même si c'était insupportable, cette douleur qui ne guérirait peut-être jamais mais dont on peut tout de même avoir l'initiative d'apaiser et de faire disparaître au fil des années, cela prendrait tellement de temps, certes mais il y'avait un début à tout ? Et Yû voulait le commencer, aux côtés du mèdecin au passé douloureux et tortueux.

Elle ressentait cette lourde peine qu'il dégageait avec son aura mystérieuse, pourquoi était-elle froide et chaude en même temps ? Elle n'arrivait pas à saisir de la main cette réponse. Nagoyaka, ne l'oublions pas, essayait de se cacher sous une autre personnalité pour fuir les autres, ne voulant pas les blesser. Cette première facette n'était que l'homme sévère, distant et froid dont on avait peur aux premiers abords mais derrière ce visage se trouvait quelqu'un ayant besoin d'aide, perdu dans ses pensées négatives, perdu tout court d'ailleurs, dans ce dédale rempli de souffrance qu'il endurait depuis son enfance. Depuis qu'on l'avait rejeté. Yû savait les frais qu'il avait dû supporter, l'indifférence, voici le sentiment qu'elle detestait au plus haut point, ce sentiment qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Non qu'elle ne s'aimait pas, mais maintenant, elle était devenue une jeune femme certes, jolie, mais ne se préoccupant plus de ce qu'elle est, son coeur avait déjà été fissuré par le manque d'amour de la part de sa famille, mais au plus profond encore, se situait une grande blessure : L'oubli. Cette notion lui avait fait alors oublier toutes les qualités qu'elle possédait, elle menait maintenant une sorte de chemin qu'avec ses défauts, se lamentant tout le temps de ce qu'elle pouvait avoir dès maintenant. Fille de riches, certes mais ne dit-on pas que c'était avec l'argent qu'on pouvait tout faire ? Tout avoir du moins ?

Faux.

Yû n'était pas dans ce genre de catégorie. Jeune femme, désormais, elle n'arrivait pas à oublier la douleur qu'on lui avait infligé étant toute jeune et frêle, et encore plus fragile, d'ailleurs. Mais pour une fois, on l'avait écouté et de plus, conseillé, Nagoyaka, c'était lui, lui à qui elle devait cette chance. Et pendant qu'il répétait qu'elle n'avait pas à enduré une souffrance de plus par sa faute, le coeur de la Shirasaki se mit alors à battre rapidement. Elle essaya d'hausser le ton pour vraiment appuyer ses dires et réponses mais en vain, elle avait toujours cette voix douce mais quelques fois hésitante.

- Arrêtez! Vous ... Vous n'êtes pas le meurtrier de votre soeur! Je le sais! Je le sais! Ne vous considérez pas comme tel alors que ce n'est pas de votre faute! Vous n'aviez pas pu lui venir en aide, car .. Ce genre de scène qui se déroule tout le temps devant nos yeux, on ne peut que rester immobile, la peur nous envahit, l'inquiétude, les questions qu'on se pose, tout nous fige devant un accident... Et on finit par se libérer à travers des pleurs car nous ne pouvons rien faire..

Disait-elle en s'approchant de l'infirmier, une main tendu vers celui-ci mais elle n'eut le temps de rajouter quelque chose qu'il la prit dans ses bras, du moins il s'accrocha à elle. Surprise de ce geste, elle se laissa tomber à genoux avec Nagoyaka dans ses bras. Elle sentait son corps, contre elle, il émanait une chaleur brûlante, et doucement, ses petites mains s'aggripèrent alors aux vêtements du docteur, dans son dos. S'il voulait rester comme ça, il le pouvait. Son coeur battait toujours aussi rapidement, mais ses joues rosirent de plus belle, c'était la première fois qu'on la prenait brusquement dans ses bras, le rouge disparut alors pour faire place à un léger sourire doux.

- Moi, je ne vous déteste pas. Et je ne veux pas que vous soyez puni car vous n'avez rien fait.

Elle ajouta encore une fois.

- Je vous l'ai dit. Je ne vous lâcherai pas, pour rien au monde. Je vous en prie, laissez-moi vous guider à travers ce long chemin.

Et pour terminer...

- Qu'importe si vous vous sentez perdu dès le début, cela commence toujours comme ça de toute façon.

En fait non, ce n'est pas encore fini, mais Yû n'avait plus qu'à dire, avec sa voix douce et habituelle.

- Je serai ... Toujours là.

Yû ne l'avait pas repoussé. Elle se laissait faire. Nagoyaka, lui, était toujours dans ses bras, et ne comptait pas la lâcher. Il avait entendu ces paroles. Celles qui disaient qu'il n'était pas le meurtrier de sa soeur, celles qui disaient qu'il n'était pas detesté, celles qui disaient qu'il ne serait pas abandonné, ni puni...Pourtant...pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était de sa faute si sa soeur Hana avait perdu la vie. Peut-être le penserait-il toute sa vie....il ne pourrait jamais se pardonner.
La peur? Oui, c'était la peur. Mais s'il l'avait vraiment aimé, il aurait vaincu cette peur, et il l'aurait sauvé. Mais il s'était figé. Il n'avait rien pu faire. Et pourtant, quelqu'un lui pardonnait cette erreur. Cette personne, il la serrait dans ses bras aussi fort qu'il le pouvait. Des larmes, des vraies, commencèrent à couler le long de ses joues. Lui les retenait, en vain. Cela faisait du bien de pleurer...de pleurer des larmes et non du sang....Il se sentait mieux. Grâce à Yû. Il l'avait un peu aidé, et elle l'avait apprécié. Maintenant il comprenait, car lui aussi s'était senti seul et abandonné, durant très longtemps. Et elle était apparue. Elle lui avait donné des conseils elle aussi. Et maintenant il allait un peu mieux...Mais pourquoi donc s'acharnait-elle? Il lui était impossible d'atteindre le bonheur...

"Ma soeur doit m'en vouloir....je ne sais même pas si elle est en vie...mais dans les deux cas, je sais qu'elle m'en veut...c'est pourquoi je ne dois pas être heureux...elle doit me haïr, et pour la venger, je vivrais en continuant de souffrir......"

Il serra plus fort la jeune fille contre lui.

"Tu es la seule....à qui j'ai réussi à me confier....tu es la seule qui m'ait accepté...."

Il toussa à nouveau, puis sourit. C'était un sourire remplit de tristesse.

"...Je me rends compte que je ne fais que fuir.....je fuis ma soeur, même si je vis pour elle....c'est compliqué...En fait....je suis indigne...je suis un frère indigne. Je ne suis même pas allé à l'hôpital pour voir si elle était en vie. Je n'ai fait que fuir. Alors que j'aurais dû aller la voir...Peut-être me deteste-t-elle pour cela? Pour l'avoir tuée et n'être même pas allé m'excuser.....Mais moi je n'ai pensé qu'à moi....je me suis encore dégonflé encore une fois...j'ai pris peur...j'avais peur de la voir...peur de voir son visage déformé par la douleur et la haine.....Ce visage que je n'ai jamais vu, et qui pourtant me hante tous les jours, toutes les nuits, à chaque minute, à chaque seconde....J'aurais tant voulu être plus fort....de toutes façons, les autres le disent...je suis faible...Sauf toi. Tu dis que je suis fort, que je ne suis pas un meurtrier.....Alors...je ne comprends plus...je voudrais juste m'endormir...là...dans tes bras...car j'y suis bien....."

Il ne desserait pas son étreinte, au contraire. Il la tenait plus fermement, de peur qu'elle s'en aille. Puis finalement, la jeune fille étant à terre, il se laissa glisser le long de son corps pour finalement poser sa tête sur les genoux de cette dernière. Ses yeux étaient entre-ouverts et son visage paraissait plus serein. Il lui demanda alors, cachant son visage de sa main:

"Et toi..? Seras-tu heureuse maintenant? Ne serais-je pas plutôt un boulet enchaîné à tes jambes....? Toi qui a souffert et qui souffre encore...connaîtras-tu le bonheur? Aurons-nous un bonheur commun?"

Il s'arrêta, ne trouvant pas les mots justes. Il pensait que Yû aussi devrait être heureuse. Et au fond de lui, il voulait être la cause de ce bonheur. Parce qu'il ne souhaitait que des bonnes choses pour Yû, il ne pourrait pas rester avec elle.

"Avec moi, tu seras malheureuse...et une personne si gentille, si attentionnée...et si belle....doit connaître le bonheur..."

Il avait l'impression d'être un enfant. D'être un enfant dans les bras de sa mère. Oui, cela lui faisait cet effet là. Etait-ce ça le sentiment d'être aimé? Parce que si c'était cela, c'était très agréable. Il n'avait jamais pensé que ce serait comme ça, n'ayant jamais subi aucune affection. Il l'avait souhaité, mais n'en avait jamais reçu. Et maintenant, sans qu'il ne demande rien, on venait vers lui...on l'aidait...on l'aimait....Quelle sensation agréable.

"Je n'aurais jamais pensé que cela arriverait.....j'avais peur, encore une fois....d'être accepté...parce que je ne savais pas comment je devrais réagir...Et pourtant, je suis là...."

Il leva ses yeux vers Yû, la regardant enfin en face, et voyant celle qu'elle était, et non sa soeur à travers ses yeux bleus.

"Mais je n'y ai pas le droit...Hana doit sûrement me haïr et en tant que frère, je dois subir ma punition........Mais je suis si bien contre toi.....Je ne sais plus ce que je dois faire...."

Il ferma les yeux, parce qu'il n'arrivait plus à les maintenir ouverts. La douleur de ses blessures mais surtout de son coeur se faisaient plus fortes. Il versa encore quelques larmes. Il voulait rester là pour toujours....

Yû tenait toujours dans ses bras l'infirmier, elle ne le lâcherait pas, elle pouvait le garder contre elle tant qu'il le voudra, tant que sa douleur s'apaisait doucement. Cette chaleur, elle la sentait, celle du corps de Nagoyaka qui émanait alors grandement, comment cela se faisait-il ? Ce n'était pas un défaut, non du tout, la Shirasaki était contente de cet effet, l'homme qui se trouvait dans son étreinte était-il en train de se libérer petit à petit de ses chaînes ? Celles qui le retenait de vraiment se confier à autrui, maintenant, elles étaient brisées, du moins, quelques unes d'elle, et la jeune fille le voyait très bien. Le docteur continua de parler malgrès la douleur qu'il ressentait, que ce soit physiquement ou bien psychologiquement mais celle qu'il endurait était bien enfouie dans son coeur, depuis son enfance, depuis cet accident, depuis qu'il croyait qu'il avait vraiment tué sa chère soeur. Il y croyait tellement et Yû ne voulait pas qu'il s'insulte d'être un meutrier alors qu'il n'avait rien fait de tel pour l'être. Elle sentait qu'il se serrait contre elle, ses mains froides devinrent petit à petit chaudes, elles étaient posées sur son dos nu à cause de sa robe à fines bretelles, elle eut quelques frissons à cet égard mais s'en fichait guère pour le moment. Pendant cet instant, elle écoutait l'infirmier parler, elle fermait aussi ses yeux, essayant d'imaginer le jeune homme marchait vers la vie, la recommençant, et oublier son passé tortueux.

Il s'insultait encore, pour le fait qu'il n'avait pas pu voir sa soeur à l'hôpital, suite à ce terrible accident qu'il n'avait pas causé, qui était en aucun cas de sa faute. C'était comme si il se traçait une sorte de destin sombre pour lui, or ce genre de chose ne peut exister, cette notion, Yû n'y croyait pas, elle s'en était aperçue lors de son départ, avant d'aller au lycée Shimizu, avant d'y entrer pour la première fois. Tout le monde lui répétait que le destin des Shirasaki était de diriger et de contrôler les autres, alors pourquoi, elle, elle ne possédait pas cette ambition ? De plus, son intelligence n'était même pas aussi haute que celle de ses frères, Subaru et Fuma. Et alors ? Le destin n'existe pas, et si c'était le cas, on pouvait d'ors et déjà la changer pour entrer dans le droit chemin, celui dont on voudrait mener. C'était ce dont elle avait compris rien qu'en étant devenue lycéenne dans ce grand établissement, et dans ses bras se trouvait quelqu'un qui avait besoin d'être guidé, il s'ordonnait déjà d'avoir une destinée assez sombre et noire, pourquoi ? Il ne méritait pas ça de toute manière, personne ne le mérite.

Avec sa voix douce, elle répondit calmement à Nagoyaka, les yeux toujours clos, ressentant cette chaleur humaine l'envahir, celui lui faisait beaucoup de bien et la douleur qu'il ressentait tous les deux, elle commençait à s'apaiser, peut-être qu'elle ne disparaissait pas mais elle se faisait moins dure.

- Tout le monde fuit. Moi-même je le fais, je fuyais mes propres erreurs et ne cherchais même pas à les comprendre. Je le fais toujours mais je me remet alors en question pour essayer de trouver la réponse.

Elle continua sur sa lancée, empiétant dans le sujet de la petite soeur de Nagoyaka.

- Vous n'êtes pas égoïste, ce n'est pas vrai. La preuve, vous pensez à Hana, vous y pensez tout le temps. Vous vivez même pour elle, je ne sais pas ce qui s'est réellement passé lorsqu'elle a eu cet accident mais je sais que votre esprit était bouleversé, vous vous en vouliez tant, mais au final, vous pensiez à votre petite soeur. Vous êtes tellement généreux avec elle, votre pensée est occupée que par cette personne qu'est Hana.

Nagoyaka avait tout faux, il n'était pas avare, au contraire, vouloir vivre pour sa petite soeur et rien que pour elle, c'était un geste admirable, il endurait une souffrance interminable depuis ce malheureux accident et ne voulait s'en détacher. Elle arrivait à comprendre son désarroi mais n'avait toujours pas saisi cette réponse, elle était encore lointaine, cachée quelque part.
Le jeune homme mit alors sa tête sur les genoux de la Shirasaki, celle-ci baissa sa tête vers lui, ses longs cheveux bruns vinrent chatouiller le visage de l'infirmier, mais Yû, elle, elle avait un sourire doux et chaleureux toujours destiné au mèdecin. Elle ne pouvait s'empêcher de bouger négativement sa tête pour ensuite répondre, le même ton habituel.

- Je souffre toujours mais j'ai le bonheur juste devant moi, il suffit juste que je marche doucement pour l'atteindre. Et vous, vous serez à mes côtés pour m'accompagner ? Heh ? Monsieur Torii...

Elle ajouta encore une fois.

- Nous deux, on connaîtra tout, que ce soit le malheur ou le bonheur, ce dernier sera toujours là. J'en ai la certitude.

Elle remarqua alors qu'il pleurait, c'était la première fois depuis sa rencontre avec lui, elle passa alors sa petite main pour essuyer doucement les larmes qui perlaient le long des joues de l'infirmier.

- Vous êtes là, et moi je suis à vos côtés. Je ne vous laisserai jamais. Je ne peux accepter le fait que vous vous punissiez et interdissiez le bonheur absolu, vous le méritez, vous le méritez vraiment. Je suis là, le témoin pour le dire.

Yû utilisait à nouveau et encore des paroles qui faisait du bien à entendre. Elle qui souffrait, arrivait à l'aider, et même à réfléchir clairement. Elle arrivait à voir dans son Monde de souffrance, malgré la brume qui devait exister, et à trouver des réponses, même pour elle. Elle était capable de réfléchir, et de ne pas se laisser submerger par son passé. Enfin, aujourd'hui elle avait eu du mal...mais Nagoyaka avait été là. Il l'avait aidé. Il avait enfin aidé quelqu'un dans sa vie.

Lui aussi se remettait en question, mais sûrement pas de la même manière qu'elle. Il voyait les choses différemment. Tout en noir. Pourtant, Yû avait remis une tâche de blanc dans son tableau. Elle était minuscule, mais brillante. Brillante comme la Lumière. Elle était même déjà sèche, alors jamais plus elle ne se mélangerait avec le noir...Jamais plus.

C'est vrai qu'il pensait sans cesse à Hana...alors cela ne faisait pas de lui un égoïste? Parce qu'il pensait à elle...? Sûrement....il n'avait jamais vu les choses sous cet angle....Mais grâce à Yû il commençait à voir plus clair. Un peu. Même si quelques sentiments resteraient à jamais gravés en lui: la culpabilité et sa haine envers lui étaient toujours présents dans son coeur. Il avait l'impression qu'avec elle, tout était différent. Que tout semblait moins noir....sûrement parce qu'elle avait un petit côté optimiste, contrairement à lui.

Il sentit les mains de la jeune fille lui essuyer ses larmes. Sa peau était si chaude, cela lui faisait du bien. Elle comptait l'accompagner vers le bonheur. Ils seraient ensemble. Ils vivraient tous les côtés de la Vie. Ensemble. Il aimait ce mot. Parce que lui avait toujours connu le mot Seul. Alors, surtout sortit de la bouche de Yû, ce mot Ensemble lui paraissait plus beau encore Et, gardant toujours les yeux entre-ouverts mais fixant l'adolescente, il lui déclara, d'une voix à la fois hésitante mais certaine:

"Je vais briser ma promesse."

Il serra Shirasaki. En fait, il disait cela, mais il ne le pensait qu'à moitié.

"Ma soeur doit m'en vouloir......elle me deteste sûrement....car elle doit se dire que c'est de ma faute...tu ne penses-pas? Si tu avais été victime de cet accident.....le ruban...la voiture....si tu l'avais été et que tu étais encore en vie.....que penserais-tu te moi? Réponds...sincèrement Shirasaki...je veux savoir ce que tu penserais de moi...d'un frère que tu n'as jamais connu...et qui ne serait pas allé te voir sur ton chevet...Que penserais-tu d'une personne telle que moi?"

Il leva sa tête, et était maintenant en face d'elle. Il souhaitait qu'elle réponde sincèrement à cette question. Et pourtant, il ne voulait pas en entendre la réponse.
Il avait toujours dans l'idée qu'il ne devait pas connaître cette sensation qu'être heureux. Mais il le voulait, il souhaitait goûter à la Vie. Il voulait une deuxième chance. Et cette chance c'était Yû. Et jamais plus cette chance ne se présenterait. Devait-il la saisir?
Il ramena Yû contre lui. Oui. Il le devait. Elle lui avait dit. Elle l'avait entraîné dans son Monde, et lui dans le sien. En fait non...c'était leur Monde à tous les deux qui se formaient. Ils venaient d'un chemin différent et pourtant assez semblable, mais débouchaient sur le même. Un Monde où seul le bonheur existe, où lorsqu'on est triste, il y a toujours l'autre pour t'aider, ensemble, où le désir de vivre est présent, où les larmes existent....

"Tu dis que le Destin n'existe pas Shirasaki? Moi je pense que si...C'est le destin qui nous a fait nous rencontrer. Après, je pense que "changer son destin" veut dire que l'on doit faire des choix. Et c'est ce que je fais. J'ai fait mon choix: je veux que tu sois heureuse, toi aussi. Je ferais des efforts, mais toi aussi. Toi aussi tu devras en faire, pour ne plus souffir, d'accord? Je veux que tu sois heureuse, parce que moi aussi je t'apprécie. Tu es la deuxième personne que j'ai vraiment aimé. Alors je ferais tout pour te protéger. Tu entends? Je ne veux pas encore perdre un être qui m'est cher."

Il serra Yû un instant puis attrapa la main de cette dernière pour la mettre sur sa poitrine.

"Tu entends? C'est mon coeur qui bat. Durant longtemps il n'avait pas fonctionné aussi bien que maintenant. Car il ne fonctionnait que pour Hana. Mais maintenant, son battement est plus fort et plus régulier, car je t'y ai rajouté. Mon coeur....bat pour Hana et pour toi..."

Yû resta silencieuse sur le coup, mais elle pouvait voir que Nagoyaka, l'homme qui se trouvait en face d'elle avait petit à petit repris du poil de la bête, son visage, un peu pâle semblait avoir un peu repris quelques couleurs, s'était-il réellement libéré de ces fameuses chaînes qui le retenaient prisonnier dans cette petite boîte dont lui seul était capable d'ouvrir ? Etait-il enfin sorti de cet objet sombre ? Avait-il découvert cette lumière intense qui reflétait le bonheur ? Ce sentiment se tenait là, tout au bout de ce long chemin, pour lui. Et la Shirasaki sera là pour l'aider à marcher droit devant, pour attraper ce petit bout de plume blanc caché dans les ténèbres, à eux deux, ils y arriveront et s'en sortiront. Toujours à l'écoute de l'infirmier, l'adolescente eut un petit sourire qui se dessina quand elle le fixa, Nagoyaka, s'étant maintenant redressé, à genoux sur le sol et face à sa patiente, Yû pouvait remarquer la différence de taille entre elle et lui, son regard se porta vers les mains de ce dernier pour ensuite remonter vers son visage, le drap qui était enroulé autour de son cou avait arrêté le saignement de cette partie mais la serviette était très rouge désormais. Ses yeux bleus fixèrent ceux de Nagoyaka, ces derniers étaient rouges comme le sang mais la Shirasaki ne pouvait détacher ce regard.

L'infirmier lui posa alors une question, que ferait-elle si elle était à la place de Hana, subissant le même accident ? Yû était surprise de cette interrogation, son regard le montrait bien et ses yeux se portèrent alors vers le sol, elle regardait en fait ses deux mains, toutes sèches à cause de l'eau, son visage fin et doux se transforma alors en un visage réfléchissant, étant en pleine reflexion. Perdue dans ses pensées, elle essaya de se calmer. Cette demande était si brusque et comment pouvait-elle imaginer sa réponse alors qu'elle n'avait jamais vraiment vécu ce genre de chose ? Mais dans sa tête, elle essaya de se créer cette scène, la jeune Hana dans le lit d'hôpital redressée contre un coussin et observant la fenêtre un peu ouverte pour faire passer l'air pur. Bandée au niveau du front et de la main, la soeur de Nagoyaka qui était perdue dans son esprit, voulant et pensant plutôt sortir de cette salle de soin le plus vite possible. Cette scène, elle se dessinait dans la tête de la Shirasaki qui eut les yeux fermés pendant quelques minutes puis enfin, les réouvrant, elle leva son regard vers le jeune mèdecin.

- Si j'avais subi la même chose, vous savez ce que je me dirai, allongée dans ce lit d'hôpital ? Je n'ai que seize ans, et c'est normal que je me demande ça mais, au lieu de m'inquiété, je penserai plutôt à cette journée où je pourrai enfin sortir, toute guérie. Je ne sais pas vraiment si je me souviendrai de vous, ne le prenez pas mal mais si j'étais Hana et au vu de la situation, je ne vous connaissai pas, je ... Je ne pense pas que je penserai à vous, je ne pourrai pas detester un inconnu qui m'aurait adressé la parole lorsque ce ruban s'était envolé. Je ne pourrai pas vous accuser de cet accident car vous n'y êtes pour rien.

C'était sincère et vu que Hana ne connaissait pas et n'avait jamais vu son grand-frère, elle ne pouvait pas avoir cette image de lui en tête. D'ailleurs, elle l'avait sûrement oublié et ce serait mieux pour lui non ? Lui, qui voulait disparaître de son esprit mais pensait toujours à elle, à sa tendre soeur.
Le destin n'existe pas, du moins lorsqu'on se force à ne pas y croire. Yû, elle, n'y croyait pas, à cause des brimades et remarques incessantes venant de sa famille, elle s'était détachée de cette notion du chemin tracé pour la célébrité d'une personne en tout genre. Quand on est membre de la lignée des Shirasaki, on est intelligent ou on ne l'est pas, et si on ne l'est pas, on est rejeté. Malheureusement, la lycéenne faisait partie de cette seconde catégorie.

Nagoyaka souhaitait qu'elle soit heureuse et qu'il ferait des efforts pour elle, mais lui alors ? La jeune fille bougea négativement la tête et fit une moue tout en gonflant ses joues, c'était une tête amusante à voir, on pouvait même en rire d'ailleurs. Mais elle était touchée par ces paroles et ne tarda pas à y répondre.

- Je ferai des efforts, mais des efforts pour que vous soyez heureux, je veux que vous marchiez à mes côtés, le voulez-vous ? Il n'y a pas que moi et Hana que vous devez penser, mais aussi à vous. Juste un peu, voire même beaucoup ? Je vous en prie.

Elle n'eut le temps de rajouter quelque chose qu'elle fut de nouveau prise dans les bras du mèdecin, ainsi que sa main sur sa poitrine, elle eut les joues rosies mais calma sa gêne tout en fermant ses yeux et sentant alors le coeur de Nagoyaka battre avec régularité. Cette chaleur que son coeur émanait était tellement bénéfique pour elle, elle se sentait bien, elle ne savait même pas pourquoi.
Yû était surprise par les paroles de l'infirmier, elle resta silencieuse sur le coup mais un petit sourire doux se dessina sur ses lèvres.

- Votre coeur ... Qu'il ne s'arrête alors jamais de battre. Je veux le sentir.

Ce qui veut dire qu'elle ne voulait plus qu'il se fasse mal à lui-même, il pouvait en mourir, et cela, Yû ne le supporterait pas.

Finalement elle lui avait répondu. Alors c'est ça? Elle aurait attendu impatiemment sa sortie de l'hôpital...et ne souviendrait pas de lui...Il doutait un peu qu'elle ne se souvienne pas de lui. Vu qu'il avait essayé de lui dire quelque chose ce jour-là. Enfin, peut-être que Yû avait raison. Peut-être que Hana avait tout oublié. Et c'est vrai, c'était mieux ainsi. Il préférait que sa soeur ne se souvienne pas de lui, si elle était en vie, bien entendu. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était lui. Et qu'il devait être puni. Sa punition avait déjà duré trois ans, n'était-ce pas suffisant? Attends. Qu'est-ce qu'il lui prenait? Pourquoi se posait-il cette question? En avait-il marre de sa punition? Se rebellait-il? Oui...juste un peu. Car il voulait connaître le bonheur. Mais cela n'allait pas changer ses sentiments, ni effacer ce qu'il aurait fait. Il se disait maintenant qu'il pourrait vivre pour Yû et Hana. Il serait heureux, mais n'oublierait jamais ce qui s'était passé et ce qu'il était.

La jeune fille lui souriait encore, de son sourire si beau et si tendre, que l'infirmier aimait tant regarder. Elle lui disait qu'ils marcheraient ensemble, tous les deux. Main dans la main? Elle continuait d'insister sur le fait qu'il devait aussi vivre pour lui. Il prit donc la parole:

"Toi et Hana...c'est vous deux qui me faites vivre...vous êtes la seule raison qui continue à faire battre mon coeur. Mais je ne comprends pas vraiment....comment vivre pour moi? Qu'est-ce que cela veut dire? Puisque de toute façon je suis heureux quand tu es là. Tu veux peut-être dire que je dois penser à moi....Si cela peut te faire sourire à nouveau, je vivrais pour moi aussi."

Il caressa la joue de l'adolescente, qui avait souhaité que le coeur de l'infirmier ne s'arrête jamais, et continua:

"Je prendrais soin de moi.....comme tu prends soin de moi Shirasaki. J'essaierai de ne plus me faire de mal...Même quand les moments seront durs et si tu n'es pas là, je penserai alors à toi, à ton sourire, à ton visage...et je me calmerai...doucement....Je ferais des efforts...mais toi, Shirasaki, je veux que tu sois heureuse et que toi aussi retires quelques chaînes qui te retiennes à ton passé, tout comme moi j'ai fait...Quelques chaînes se sont brisées, grâce à toi...Et tu sais quoi...? Ces chaînes là étaient accrochées à mon coeur...Même s'il en reste encore une accrochée et qu'elle est encore très solide, je sais qu'elle est un peu usée, et que peut-être, un jour, elle se brisera entièrement...Même si on ne se défait jamais entièrement de son passé, on peut toujours regarder de l'avant, non? C'est ce que tu m'as fait comprendre...."

Il saisit les deux mains de la jeune fille. Même s'ils étaient barbouillés de sang, on avait l'impression qu'une aura chaleureuse et brillante, que dégageaient Nagoyaka et Yû, effaçait toutes ces traces rouges. Il lui sourit. Ce sourire exprimait le bonheur qu'il ressentait en ce moment même, mais aussi une sorte de remerciement envers l'adolescente. Il lui avait offert un sourire. Ce n'était peut-être pas grand chose pour elle, elle n'y ferait peut-être même pas attention, mais pour lui, c'était autre chose. C'était le premier sourire de sa vie....En 29 ans, il n'avait jamais vraiment souri. Si, peut-être une fois, lorsque sa soeur était née. Mais après, il n'avait jamais souri une seule fois. Même quand il reçut son diplôme de médecine, même quand on lui disait bonjour ou aurevoir, même quand on lui souriait aussi....Jamais...Et ce sourire là, ce n'était pas un faux. Il était remplit d'amour...

Il voulait encore la garder contre lui, pour toujours, mais ses blessures lui faisaient mal. Il se leva donc et regarda la pièce. Du sang. Partout. Ca va encore, ce n'était pas pire que lors de sa première crise, où il s'était déchiré une bonne partie du cou. Etonnant d'ailleurs qu'il était encore en vie. Mais bon, peu importe.
Il retira la serviette imbibée de sang et s'approcha de son armoire personnelle. Il en sortit des bandages et du désinfectant. Puis il se tourna vers l'adolescente. Il avait repris son air sévère, mais ne paraissait plus distant.

"Pourrais-tu...m'aider à me faire les bandages autour du cou...?"

Nagoyaka était capable de les faire lui-même, mais il voulait que Yû les fasse pour lui. Entre-temps, il se faisait les bandages autour de sa main avec laquelle il avait agressé la table de son bureau. Il se sentait mieux maintenant. Sa crise était finie. Peut-être en aurait-il d'autres, mais alors quand cela arriverait, il ne serait pas seul. Yû serait avec lui et l'aiderait.

"Il va falloir que je trouve un truc pour tout ce sang....d'ailleurs, même si j'efface les traces, qui je l'espère, vont partir, je devrais raconter ce que je me suis fait. Tout ce sang sur les serviettes. Encore avec des bandages on aurait rien vu..."

Il jeta un faux regard accusateur à Yû. Il faisait ça pour la taquiner. Ah. Il taquinait les gens maintenant? Non. Juste Yû.

"Tant pis, je leur dirais ce qui s'est passé...en espérant qu'ils ne me mettent pas à la porte ou m'envoient à l'asile."

Il se passa la main derrière la tête, dans ses cheveux blancs. Puis, sans regarder Yû, il lui fit remarquer qu'elle était pleine de sang. Puis il rajouta:

"Tu ne vas pas te promener comme ça dans le lycée tout de même...je vais essayer de trouver des vêtements de rechange...."

Nagoyaka avait compris, compris le fait qu'il devait quand même penser un peu à lui, certes c'était très gentil de sa partir de vivre pour sa soeur et maintenant pour Yû, en plus, mais il fallait qu'il puisse le faire pour lui-même. La Shirasaki hôcha de la tête approuvant les dires de l'infirmier, elle sourirait pour lui, et pour lui seul lorsqu'il s'agira de son bonheur, elle souhaitait que celui-ci puisse avoir et trouver un sens à sa vie, pour qu'il marche sereinement, tranquillement tout en évitant les obstacles qui s'offriront à lui.
Ces chaînes dont il parlait, la jeune fille ne pouvait détacher cette pensée, lui et elle, ils étaient liées par une sorte de corde assez solide qui, elle espèrait ne se briserait pas soudainement, mais les autres, celles qui attiraient le malheur, leur passé plus ou moins douloureux, elles commencèrent à se casser, à s'user pour ne faire place qu'à de la poussière qui s'envolerait dans les airs, disparaissant à jamais. Main dans la main, ils marcheront et s'entraideront pour pouvoir toucher ne serait-ce au moins une fois le bonheur, pour voir ce que ça faisait d'être en plein dans ce sentiment positif.

Elle resta silencieuse sur le coup, fermant ses yeux pour imaginer ces objets de couleur argenté qui pouvait se briser en mille morceaux, libérant les prisonniers de cette prison malheureuse, sombre qu'était le malheur entre autre. Puis réouvrant ses paupières, elle était surprise de voir un sourire de la part de l'homme qui était en face d'elle, elle voyait en ce dernier quelque chose rempli d'amour, de gaieté qui se dévoilait alors petit à petit. Ses mains, elle les sentait dans les siennes, toutes chaudes mais sèches, cependant elle pouvait ressentir un sentiment positif qui s'en dégageait, la tranquillité, la détente peut-être ? Ou mieux encore, la libération ? Yû ne fit que serrer les membres de Nagoyaka tout en ayant elle aussi, un grand sourire destiné qu'à lui seulement. Ses lèvres se décollèrent alors.

- Ces chaînes qui nous retiennent, on finira par les briser. Pour l'instant, on y va doucement mais on les cassera pour de bon, nous marcherons ensemble et ces objets qui nous tenaient prisonniers disparaîtront à jamais.

Ils s'entraideront et marcheront ensemble vers cette lumière intense qui représentait le bonheur absolu. Yû souffrait toujours, certes mais elle voulait garder la tête haute pour affronter tout ce qui se présentera devant ses yeux avec Nagoyaka à ses côtés. Ses yeux bleus océan ne pouvaient se détacher de ceux rouges de son interlocuteurs et de ses lèvres, son sourire qui s'était dessiné, elle voulait toujours le voir, qu'il reste comme ça. Cette douceur qui se dévoilait petit à petit, son coeur le ressentait et cela lui fit beaucoup de bien.
Ils se levèrent tous les deux, le mèdecin décida de soigner ses blessures, et de nettoyer tout ce sang répandu contre les murs un peu partout dans la salle, il était vrai que c'était assez effrayant à voir, les couleurs blanches ne paraissèrent plus vraiment comme avant, maintenant mélangée avec du rouge, cela donnait une forme tout autre. Nagoyaka sortit alors tout le matériel de soin nécessaire pour son énorme plaie au niveau du cou, et demanda l'aide de la lycéenne qui s'empressait d'aller vers ses devants.

- J'arrive.

Disait-elle toute souriante. Elle allait en quelque sorte jouer les infirmières, les rôles s'échangeaient maintenant ? Le blessé, professionnel dans la mèdecine devenait le patient et l'adolescente en apprentissage dans une école devenait le docteur. Elle eut un sourire et piqua un petit rire suite à cette idée amusante. Tout de suite, elle se plaça devant le jeune homme, inspectant la partie la plus grave à désinfecter tout de suite, ensuite, elle ouvrit la bouteille de désinfectant puis avec un coton blanc, elle trempa l'objet avec l'aide d'une espèce de pince.

- Ca .. Ca va peut-être piquer.

Déclara t-elle en amenant sa main au cou saignant de l'infirmier. Son membre tremblait un peu, ayant un peu peur de faire mal à l'homme qui se trouvait en face d'elle. Elle respira un bon coup et commença à essuyer la plaie avec le désinfectant, tout doucement, puis soufflant un peu pour que la douleur s'en aille tout de suite. Elle essayait de s'appliquer, scrutant le regard du mèdecin, quelque fois.
En même temps, ils se parlèrent et la Shirasaki piqua un rire pendant un bref instant pour ensuite répondre.

- Mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre qu'ils comprendront la raison de tout ce bazar. Au moins, vous n'aviez pas bu. Mais quand même, essayons de faire disparaître ces tâches au mur, tout ce sang, bien que ça soit mes traces de main, me fait un peu froid dans le dos.

Toujours avec son sourire à la bouche, elle désinfectait toujours la plaie avec soin puis quand c'eut fini, elle prit des bandages avec ses deux mains puis eut un doute. Elle fit une grimace interrogatrice, essayant de comprendre comment faire pour enrouler cet énorme pansement au cou de l'infirmier. C'était après quelques minutes de reflexion qu'elle commença à mettre le bandage cachant alors l'énorme blessure. Elle termina, puis recula de quelques pas, fière de son travail d'infirmière.

- Et voilà! J'ai fait de mon mieux.

Disait-elle, toute contente. Cependant, la remarque de Nagoyaka au niveau de la robe de Yû, laissait cette dernière pensive. Elle observa son vêtement et constata que le rouge naturel de ce dernier avait disparu pour faire place à de nombreuses tâches de sang, venant du docteur, précédemment. Elle eut les joues rosies tout en regardant le jeune homme.

- Ma robe ... Il va falloir que je la lave..

Il parla alors de vêtements de rechange, Yû regarda partout dans la pièce.

- Des vêtements de rechange ? Comme quoi, alors ?

Yû s'était approchée de l'infirmier et était maintenant en train de désinfecter la plaie à son cou. Elle avait raison, ça piquait, mais cette douleur était surmontable parce qu'elle était à ses côtés. Oui, il n'avait presque pas mal parce qu'elle était là. Décidément, elle était vraiment un Ange: elle seule avait réussi à apaiser les blessures de son coeur, et maintenant celles de son cou. Elle avait vraiment un Don. Et il espérait qu'elle s'en rende compte. Qu'elle se rende compte qu'elle n'était pas une "raté", au contraire, elle était une personne remplie de qualité. Et pas n'importe quelle qualité, celles que peu de gens ont. Il voulait qu'elle en prenne conscience, mais les mots ne sortaient pas de sa bouche. Il n'arrivait pas à lui dire combien elle était exceptionnelle et gentille....oui, si attentionnée. Mais aussi très belle.

Quand elle eût fini de soigner sa blessure, elle lui enroula le bandage autour de son cou. Nagoyaka l'avait observé, sans rien dire. Il était comme "possédé" par la jeune fille. Quelque chose l'attirait. Mais il n'arrivait pas à mettre la main dessus. Cela devait être parce qu'elle était la première personne à s'être autant accroché à lui, alors il l'aimait énormément, rien de plus. Pourtant, à chaque fois qu'il voyait son visage, à chaque fois qu'il entendait sa voix, à chaque fois qu'il sentait ses mains sur sa peau, il se sentait défaillir. Oui c'était le mot. Il se sentait défaillir par la chaleur qu'elle lui apportait. C'était du bonheur... Mais ce n'était pas dans le mauvais sens. Il se sentait défaillir....d' Amour? Non. Impossible. Ce n'était qu'une amie. Vraiment rien d'exceptionnel. Vraiment.


"Oui...je vais essayer de nettoyer tout ça. Et....hum...merci pour les bandages..."


Il avait détourné le regard, étant un peu gêné que les rôles se soient inversés, mais remarqua que la jeune Shirasaki avait regardé ses vêtements tâchés de sang après qu'il lui ait parlé de vêtements de rechange. Puis elle demanda à Nagoyaka où elle pourrait en trouver. L'infirmier se leva alors et se dirigea vers son armoire personnelle, qu'il ouvrit. Il fouilla à l'intérieur, et finalement s'arrêta. Il était dos à Yû et avait trouvé ce qu'il cherchait. Il se demandait si la jeune fille accepterait de porter ça. Il rougissait donc, se disant que c'était une mauvaise idée. De plus, c'était bien trop grand pour elle, elle nagerait dedans....Il secoua vivement la tête, comme pour effacer l'image de la petite Shirasaki portant ces vêtements. A quoi pensait-il bon sang? C'était une adolescente, et lui un adulte, il ne devait pas s'imaginer de telles choses. Même si ce n'était pas obscène, cela ne se faisait pas. Non, ce n'était pas bien.
Il se leva, l'air décidé. Il tenait le vêtement entre ses mains, qu'il avait lavées avant de faire ses bandages, et il resta retourné pendant encore quelques secondes. Et après une grande et profonde inspiration, il se tourna enfin vers Yû. C'était un peignoir blanc qui était destiné aux patients, lorsque ceux-ci devaient se reposer. Question d'hygiène.

Le visage de Nagoyaka était rouge d'embarras mais il essayait de garder son air sévère, et son regard était dirigé sur le peignoir. Il finit par ouvrir la bouche pour parler. Sa voix était hésitante:

"Je...je sais....qu..que c'est..très..léger....ma..mais je n'ai...que ça..."


Trop gêné pour dire quoi que ce soit d'autre, il tendit le peignoir à Yû, cachant ainsi son visage timide et troublé. Il restait les bras tendus, attendant qu'elle accepte de le porter. Maintenant, tout s'était arrêté. Que devait-il faire si elle n'acceptait pas? De toutes façons, c'était sûr. Elle n'allait pas le prendre. Parce qu'elle n'allait quand même pas se balader dans les couloirs avec cette tenue...Quel idiot il était. S'il avait mieux réfléchi avant, il ne serait pas là à lui proposer une tenue qu'elle refuserait à coup sûr. En fait, s'il pouvait juste retourner dans le temps. C'était tellement gênant. Qu'allait-elle penser de lui? Qu'il était un pervers peut-être. Oui, c'était sûr. De plus, elle devrait porter ça jusqu'à ce que sa robe soit lavée. Ce qui serait long. Même s'il lui laissait emprunter la machine à laver des professeurs, cela mettrait du temps. Et jamais il ne pourrait la laisser, et surtout la regarder, se promener avec ce peignoir....Ce peignoir trop grand pour elle....Elle serait gênée elle aussi.....Et mince, il la mettait mal à l'aise. Quel crétin fini.

Ses mains tremblaient. Il continuait de rougir. Quand à son coeur? Il battait si fort et si vite, qu'il avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. Que lui arrivait-il? Avait-il honte de proposer ces vêtements à une jeune fille? Evidemment. On ne proposait pas ce genre de tenue à une adolescente.
Il restait donc planté là, tendant toujours les vêtements à Yû, alors qu'il ordonnait à son corps de faire le contraire et de bouger. Il voulait remettre ce peignoir dans l'armoire et la fermer, espérant qu'elle oublie ce qu'elle avait vu. Pourtant son corps ne réagissait pas. Sûrement la honte qui l'empêchait de faire quoi que ce soit. Peut-être aussi parce qu'il voulait, au fond de lui, la voir porter ce peignoir. Elle serait tellement mignonne dans ce vêtement trop grand pour elle.

Il était tellement gêné que tous ses membres en tremblaient. C'était la première fois que cela lui arrivait. Oui. Il n'avait jamais été si embarrassé et si bien à la fois avec quelqu'un. C'était un sentiment assez étrange qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. Qu'est-ce que cela pouvait bien être? Pourquoi, à chaque fois qu'il la voyait ou qu'elle lui parlait, il se sentait si bien? Pourquoi avait-il peur qu'elle l'abandonne? Pourquoi rougissait-il, là maintenant? Il ne comprenait pas....Peut-être ne comprendrait-il jamais d'ailleurs...
Fallait-il demander à Yû? Elle qui était le centre de toutes ses questions. Non. Elle allait le prendre pour un pervers.....Après tout, il était Lolicom. C'était peut-être pour cela qu'il réagissait comme ça? Parce qu'il aimait les jeunes filles? Non. Il ne fallait pas qu'il pense à cela. Parce que c'était une chose qu'il detestait chez lui. Et il ne pourrait pas en parler avec elle. Impossible.

Nagoyaka semblait avoir vraiment retrouvé des couleurs, il avait l'air d'être quelqu'un d'autre, là, à cet instant, Yû avait fini de désinfecter la plaie qu'il avait à son cou, celle-ci ne se refermerait pas tout de suite, cela prendrait du temps mais peut-être qu'on ne reverra jamais cette partie intact comme neuve, comme celle de la Shirasaki. Elle avait toujours son petit sourire doux et habituel, mais elle ne pouvait détacher son regard des bandages qu'elle venait de mettre pour compenser la douleur de la blessure de l'infirmier. Ses petites mains se détachèrent alors des énormes pansements mais restant toujours en l'air dans leur direction. Et cette fois, elle ne tremblait guère, elle ressentait pourtant quelque chose à l'égard du docteur, elle ne savait vraiment quoi, mais son coeur cachait quelque chose qu'elle n'avait pas encore compris. Elle se posait tant de questions dans sa tête, semblait-elle inquiéte ? Avait-elle peur qu'il se blesse encore une fois ? Qu'il soit de nouveau distant comme la première fois qu'elle avait vu ? Etait-elle effrayée à l'idée de pouvoir ressentir cette aura froide et glaçante qu'il dégageait comme lors de leur rencontres, il y'avait alors quelques heures ? Pourquoi toutes ces interrogations d'ailleurs ? Le regard de la Shirasaki se leva alors pour rencontrer les yeux rouges de Nagoyaka, elle les fixait et ces derniers reflétaient la détente, la tranquillité, pas comme la dernière fois, c'était étrange à voir mais tellement agréable à ressentir.

Elle recula alors doucement, laissant de la place au docteur de pouvoir se déplacer pour alors chercher des vêtements de rechange pour la lycéenne qui attendait patiemment. Il s'était dirigé vers son armoire contenant toutes sortes bricoles, de vêtements peut-être. Concentré dans sa recherche, Yû voyait alors le dos du jeune homme, ses cheveux blancs courts soient-ils, possédait cette couleur blanche, elle était particulière, l'adolescente ne savait pas pourquoi. Son regard ne quitta pas le corps de Nagoyaka, elle ne pouvait s'en détacher, sans doute parce qu'il n'y avait que lui dans la pièce. La Shirasaki porta alors ses petites mains à sa poitrine, elle respira alors régulièrement et fermant ses yeux, elle essaya de percevoir le sentiment qu'elle ressentait au plus profond d'elle même. Que signifiait tout ceci ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi ne parlait-elle pas ? Etait-elle perdue dans ses pensées ? Que lui arrivait-il ? Pourquoi, n'arrêtait pas de se poser des questions à propos de l'infirmier ? Il était quelqu'un de sévère aux premiers abords mais elle, elle dénigrait ce défaut trouvant que derrière ce visage se trouvait un homme torturé certes mais qui avait au final un bon coeur. Elle le savait, depuis tout à l'heure, il n'était en aucun cas égoïste, il était tellement gentil et généreux. Yû eut alors un sourire rien qu'en y pensant, elle avait sentit le coeur de ce dernier battre avec régularité, elle y pensait depuis tout à l'heure même quand elle le soignait.

Enfin ? La jeune fille ouvrit subitement ses yeux et regarda partout, reculant de quelques pas, elle semblait être surprise. Que signifiait tout ceci ? En vérité, elle espèrait que Nagoyaka ne fasse plus de crise comme celle qu'il avait faite il y'avait quelques instants, elle revoyait alors cette scène atroce mais triste dans son esprit, rien que d'y penser, elle tourna sa tête sur le côté, essayant de tout oublier mais cette image revenait sans cesse. Il déchirait la peau de son cou pour laisser le sang couler, la main ensanglantée, et elle ... Elle l'avait saisi pour qu'il se calme. Elle avait eu tellement peur, peur de lui ? Du tout. Peur qu'il se fasse encore plus mal, vu qu'il ressentait cette douleur intense en lui depuis son enfance. Elle le comprenait parfaitement, ce tableau sombres qu'elle avait en tête commençait à s'éffacer pour faire place à du papier blanc, vierge, avec rien d'écrit dessus, elle commençait à se détendre, respirant doucement. Elle aimait beaucoup l'infirmier, elle était tellement heureuse qu'il dévoile sa vraie personnalité à elle, elle l'avait compris et lui avait fait de même en retour. Elle était tellement touchée qu'il soit là, près d'elle.

Nagoyaka se retourna alors, muni d'un vêtement dans ses mains, il s'agissait d'un peignoire blanc un peu léger certes et assez grand pour la lycéenne. Elle eut un regard surpris mais le prit quand même, avec un sourire doux. S'il n'y avait que ça, elle n'allait pas chipoter pour une chose inutile, de plus, elle ne voulait pas contrarier l'infirmier. D'ailleurs, ses bras tremblaient, pour quelle raison d'ailleurs ? Ses yeux bleus océan se posérent sur ces membres, ses pupilles reflétaient alors l'inquiétude, avait-il froid ? Pourtant, il faisait bon dans cette pièce. Non c'était sûrement autre chose, oui. Mais quoi donc ? Et pourquoi la Shirasaki se posait-elle tant de questions ?! Sur Nagoyaka, juste lui.
Elle leva sa tête vers lui, le sourire aux lèvres.

- Ce n'est pas grave, au moins j'aurai quelque chose à porter en attendant que ma robe soit lavée.

Rien qu'en sentant le vêtement, du moins le peignoire dans ses mains, elle avait le coeur qui battait à cent à l'heure, sentant la gêne de Nagoyaka. D'ailleurs, elle l'était aussi non ? Mais peut-être pas pour la même raison que celui-ci, autre chose, mais elle ne savait pas, du moins pas encore.

- Merci, je vais tout de suite me changer.

Déclara t-elle en hôchant de la tête et allant près du lit de l'infirmerie, tirant le rideau pour être seule, elle n'était pas pudique mais c'était mal vu de se changer devant un personnel du lycée. Elle retira alors doucement sa robe rouge et enleva ses petits talons blancs pour mettre le peignoire par dessus. Attachant fermement le vêtement de rechange avec la ceinture, elle se sentit alors vraiment nager dedans, les manches longues et les pieds presque cachés. Piquant un rire voyant cette idée, elle bougea négativement sa tête pour la chasser de son esprit. Elle prit alors sa petite robe rouge puis se dévoila à Nagoyaka, s'avançant vers lui.

- Heum ... C'est un peu grand mais je vais faire avec en attendant.

Disait-elle en souriant, un petit sourire niais mais qui rendait son visage tellement agréable à regarder. Que devait-elle faire désormais ? Elle n'allait quand même pas sortir avec ça dans les couloirs, ce serait mal vu déjà mais il y'avait une autre raison ... Elle ne voulait pas partir d'ici, enfin pas pour l'instant, elle avait sentit le besoin de rester ici, à ses côtés, aux côtés de Nagoyaka ? Soudain, elle sentit le rouge montait en elle, ce sentiment, quel était-il ?
Elle sentit son corps frêle sous le peignoire tremblait, ce n'était pas du stress, c'était autre chose. Elle tourna sa tête sur le côté et se gratta la joue avec son index, tirant légèrement la langue.

- Par .. Pardon.

Elle trouvait cette situation amusante inconnue mais elle ressentait un sentiment inconnu grandir en elle, et étrangement, il était destiné à ... Nagoyaka.

Nagoyaka ne pouvait pas dire combien de temps s'était écoulé entre le moment où il avait tendu le peignoir et où Yû l'avait pris. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'avait d'ailleurs pas tout de suite remarqué qu'il ne tenait plus rien dans ses mains. Mais il fût vraiment tiré de sa transe lorsqu'il entendit la voix de la jeune fille, disant qu'elle ferait avec, et qu'elle allait tout de suite se changer.
Il attendait donc patiemment dans le bureau. Dans le bureau qu'il allait commencer à nettoyer. Mais comment? Il allait frotter les murs et la table avec un chiffon mouillé, peut-être que cela partirait. Il chercha un gant de toilette et l'imbiba d'eau au lavabo, pour s'approcher de la table de son bureau. Il commença à frotter mais s'arrêta net. Il serrait très fort le chiffon. Ce sang....c'était le sien. Il repensait à ce qu'il avait fait devant la jeune fille. Comment avait-il pû faire cela devant elle? Pourquoi donc avait-il fait une crise? Il se sentait toujours aussi faible. Car si elle n'avait pas été là, il se serait arraché le cou tout entier, et peut-être même qu'il aurait réussi à se tuer. Mais bon, peu importe. Maintenant elle était là. Avec lui. Donc il se disait que pour une fois ses crises lui avait apporté quelque chose de bien.

Yû.

D'ailleurs cette dernière fit son apparition, vêtue du peignoir qui était effectivement bien trop grand pour elle, et ainsi qui ne découvrait presque que sa tête. Mais l'infirmier pouvait apercevoir la peau claire de son décolleté. Il rougit légèrement et releva ses yeux rouges vers ceux de Yû. Peut-être était-il TROP grand.
Elle sourit encore, rendant Nagoyaka plus gêné que jamais. Il voulut détourner les yeux, mais ne put s'en détacher. Non. Il ne pouvait pas la quitter des yeux. Parce qu'elle....elle dégageait quelque chose qu'il appréciait. Et puis, elle même était agréable à regarder. Elle était si belle, et qu'importe sa tenue, son visage était toujours aussi rayonnant. Il se cacha un peu derrière sa main, pour cacher son ambarras. Il essayait de se convaincre que ce n'était qu'une adolescente comme les autres...Non! Elle, elle était exceptionnelle. Il le pensait vraiment.

Puis cette dernière demanda pardon à l'infirmier, qui ne pût s'empêcher de la regarder avec un air perplexe et interrogatif. Pourquoi donc s'excusait-elle? Il s'empressa de lui demander:

"Pourquoi me demandes-tu pardon Shirasaki? C'est plutôt moi qui devrait me sentir honteux de donner ce genre de tenue à une jeune fille. Surtout que tu devras attendre que ta robe soit propre, parce que tu ne vas tout de même pas te promener comme ça dans tout le lycée, je me trompes? Au pire des cas, tu peux toujours aller dans ta chambre, et je me chargerais de t'apporter ta robe."

Sur ces dernières paroles, Nagoyaka se sentit rougir de plus belle. Aller dans la chambre d'une adolescente? Décidément, il voulait vraiment qu'elle le prenne pour un pervers. Il corrigea donc:

"Enfin...j'enverrais quelqu'un pour te la rapporter....."

Il attrapa vivement la robe de Yû et se tourna.

"Je...je vais la mettre à laver tout de suite..."

Il disait cela comme s'il voulait qu'elle parte au plus vite, mais il n'y pensait pas une seule seconde. Il voulait qu'elle reste avec lui. Pourtant...pourtant il ne pouvait pas la laisser dans cette tenue plus longtemps. Elle devait se sentir mal à l'aise. Tout comme lui d'ailleurs.

Il s'empressa de sortir de l'infirmerie et alla dans la salle réservée au personnel du lycée. Il déposa la robe de Yû dans la machine. Il savait très bien s'en servir de ces truc là, ayant toujours dû se débrouiller seul. Il savait donc quelle dose il devait mettre, et à quelle température.
En sortant de la salle, il surprit une conversation qui le travailla jusqu'à ce qu'il arrive à nouveau à l'infirmerie. Il était maintenant très pensif et s'approcha de la fenêtre. Il regarda dehors quelques instants puis il dirigea son regard vers Yû. Que devait-il faire? Devait-il lui en parler? Oui, après tout, c'était un sujet comme les autres. Il devait juste engager la conversation normalement, pour que cela ne paraisse pas "suspect".
Il retourna dans son bureau et reprit le chiffon qu'il y avait laissé. Il continuait ce qu'il avait commencé, c'est-à-dire nettoyer les traces de sang. D'ailleurs, il venait d'y penser, mais ses vêtements à lui aussi étaient plein de sang. Bof. Pas grave. Il enleva sa veste d'infirmier et la posa sur la chaise. Il la laverait à la maison. Et pour sa chemise blanche.....tant pis. Il n'allait pas l'enlever. Il dirait qu'il avait saigné du nez si on le lui demandait. Excuse idiote, mais après tout, personne ne pouvait prouver le contraire, surtout s'il arrivait à essuyer ces traces de sang dans toute la pièce.
Bon.....Comment amorcer la discussion? Déjà, prendre un air naturel, ce qu'il fît. Puis, sans lever les yeux vers Yû et en continuant à nettoyer le bureau, il lui dit, d'une voix calme et assez monotone:

"J'ai entendu parler d'un bal tout à l'heure. Je ne savais pas que le lycée organisait ce genre d'évènements. Mais je trouve que c'est une bonne chose. Et toi, qu'en penses-tu Shirasaki? Tu vas y aller?"

Il continuait de frotter la table, cette fois un peu plus nerveusement. Il se sentait rougir, et instantanément il détourna la tête.
D'habitude il ne participait pas à ce genre d'évènement, mais pour la première fois il voulait y aller et le partager avec une personne. Et cette personne se trouvait près de lui....et elle se nommait Yû Shirasaki.

Yû ne savait même pas pourquoi elle demandait pardon à l'infirmier qui se trouvait en face d'elle, et tout comme lui, elle se sentait quelque peu gênée, d'ailleurs pourquoi ? Aucune réponse dans ce domaine ne vint dans son esprit, les joues encore rosies, elle détourna son regard vers le côté, se tortillant nerveusement les doigts. De là, elle pouvait alors apercevoir sur le bureau un espèce de gant de toilette un peu rouge sur les bords, Nagoyaka, pendant qu'elle se changeait, s'était chargé de commencer à faire le ménage, le rangement dans la salle, il avait bien avancé puisque les murs venaient d'être nettoyer, plus aucune tâches de sang, du moins les traces de mains laissée par la jeune fille n'y étaient. La Shirasaki, rien qu'en y repensant, regarda ses propres mains, elles étaient toutes sèches et il y'avait même un peu du liquide rouge humain séché sur quelques de ces doigts.
Il fallait peut-être qu'elle aille se laver les mains, et tout en cherchant du regard le lavabo de l'infirmerie, elle s'y dirigea, allumant alors le robinet faisant couler l'eau claire sur ses mains, elle sentait la fraîcheur parcourir ses deux membres, et les traces séchées partirent très vite. Quand ce fut fini, elle les agita, ressentant une froideur lui parcourir le dos, il faisait peut-être bon dans la pièce mais elle pouvait sentir un froid glacial parcourir son corps, peut-être parce qu'elle était presque dénudée sous ce peignoire léger mais grand ? Sûrement.

Revevant vers le mèdecin, celui-ci lui demanda pourquoi elle avait voulu avoir son pardon. La Shirasaki bougea négativement sa tête pour lui dire de laisser tomber, elle avait juste besoin de le lui dire en fait, pour quelle raison ? Inconnue jusqu'à là. Nagoyaka lui proposa alors d'aller dans sa chambre si elle le voulait au lieu de rester en ces lieux à attendre que sa robe soit lavée et qu'elle soit sèche en même temps, elle ne pouvait pas vraiment se promener à travers l'établissement dans cette tenue, c'était mal vue mais au fond d'elle, ce n'était pas vraiment le problème. Yû ne voulait en aucun cas partir d'ici, elle voulait rester, ne serait-ce qu'un peu avec le mèdecin à ses côtés. Rien qu'à l'idée d'y penser, elle eut encore les joues rouges, elle bougea alors négativement sa tête pour chasser cette gêne mais elle ne voulut partir tout de suite. D'ailleurs, en parlant de ça, l'homme qui était avec elle dans la salle, le docteur, il était dans la même situation qu'elle, il rougissait et s'efforçait de se cacher le visage. Pour mettre de côté ce moment embarassant, Yû répondit alors à la réplique du mèdecin.

- Non .. Non !

Déclara t-elle en le regardant avec un visage doux. Il y'avait dedans comme une pointe de désir, le désir de rester là, encore quelques temps, du moins jusqu'à ce que la robe rouge soit lavée ! Elle ajouta alors, les mains tenant fermement la ceinture de son peignoire.

- Heu .. Je veux dire, je .. Je vais rester ici, le temps que ma robe soit lavée. Ne vous inquiétez pas.

Bon sang, que lui arrivait-il ? Pourquoi bafouillait-elle maintenant ? Se sentait-elle mal ? Pourquoi son coeur battait-il très vite en la présence de Nagoyaka, c'était anormal car normalement, elle ressentait ce sentiment lorsqu'elle stressait ou angoissait pour quelque chose, elle commança néamoins à se détendre, affichant un petit sourire et hôchant de la tête face à son interlocuteur, appuyant le fait que tout allait bien et qu'elle voudrait rester ici le temps que tout s'arrange. En plus, elle pouvait l'aider à ranger son bureau, non ?

Nagoyaka ne tarda pas à partir de la pièce pour aller mettre la robe dans une machine à laver. Pour l'instant, Yû était seule dans la salle, et marchant dans tout l'espace, elle balaya son regard vers les armoires, écrits, décorations en tout genre, rien d'exceptionnel mais quand on avait rien à faire, hein ! La Shirasaki, maintenant pieds nus pouvait sentir les carreaux froids du sol de l'infirmierie, elle s'avança alors de quelques pas vers le bureau en désordre, et vit par la même occasion la blouse blanche du docteur posée à la hâte sur la chaise, là où il s'était assis il y'avait quelques heures pour écouter la jeune fille. Elle eut un petit sourire qui se dessina sur ses fines lèvres et tout en dirigeant ses petites mains vers la veste un peu teinté du sang du docteur, elle effleura le tissus de ses propres doigts. Les longs cheveux bruns qu'elle avait, retombaient le long de son frêle corps, dont une partie toucha le bord du bureau.

En fin de compte, elle commençait à connaître le sentiment qu'elle ressentait à l'égard de Nagoyaka. Elle n'avait pas encore mis la main dessus mais elle sentait qu'elle s'en approcher grandement. Elle avait toujours besoin de vouloir rester à ses côtés, lui parler, le regarder, c'était peut-être débile alors qu'elle venait de tout juste le rencontrer mais quand elle appréciait une personne, elle ne pouvait se détacher de celle-ci. Nagoyaka revint alors dans la pièce, ce qui fit légèrement sursauter la jeune fille qui se tenait alors bien droite devant lui. Celui-ci lui déclara qu'il y'avait un bal qui se préparait au sein du lycée, tiens ? Yû en avait entendu parler aussi, par ses amis, du moins dans la classe, et qu'il fallait un compagnon pour y aller, du moins ce n'était pas obligatoire mais y aller seul n'était pas une chose amusante ... L'adolescente hôcha de la tête, un sourire s'accompagnant comme toujours.

- J'en ai entendu parler oui, cela va se dérouler le premier Septembre.

Mais lorsqu'il lui avait demandé si elle y allait, elle eut un regard et les yeux qui se dirigèrent vers le côté.

- Je ne sais pas vraiment, j'aimerai bien venir avec quelqu'un, mais tout le monde est déjà pris. Peut-être que je viendrai mais seule alors.

Yû ne put alors s'empêcher de penser à Nagoyaka, voulait-il venir lui aussi ? Si c'était le cas ... Pouvait-elle lui demander de venir en sa compagnie ? Ce serait tellement génial, pensait-elle mais attendez ! Où avait-elle la tête ? Peut-être ne voudrait-il pas venir avec une simple étudiante de seize ans ! Rien que d'y penser, la Shirasaki ne bougea pas d'un poil, elle porta ses mains vers une partie de ses cheveux qu'elle remit en place. Que des '' peut-être '' dans ses suppositions ...

- Et ... Vous ? Vous allez venir vous aussi ?

Elle aimerait tant lui demander de l'accompagner mais ... Mais ... Yû voulait vraiment, elle ressentait ce besoin d'être avec lui, lors de cet évènement.

Yû avait répondu qu'elle en avait aussi entendu parler, puis elle lui déclara qu'elle s'y rendrait seule, tout le monde étant déjà pris. Nagoyaka trouva cela un peu triste, et était même un peu en colère. Pourquoi une fille si gentille et si belle ne se ferait pas inviter? C'était insensé. Les autres ne voyaient décidément pas la chance qu'ils auraient. Pourtant elle se trouvait juste là, dans l'infirmerie. Et c'est lui qui avait eu cette chance. Elle était avec lui, et il ne la laisserait pas partir. Malgré cela, il n'avait pas le courage de l'inviter. Il était un adulte: il avait 29 ans, et elle 16. Ils avaient 13 ans de différence. Et lui allait sur ses trente ans.
Il y avait aussi une chose que Nagoyaka ne pouvait s'avouer à lui même. Il en était à la fois si sûr, mais il ne pouvait pas se laisser ressentir ce genre de choses. Surtout pour une jeune fille.

C'est alors que cette dernière, à laquelle il pensait à chaque seconde, prit la parole, lui demandant s'il venait lui aussi. Il y eût alors un silence dans la pièce. Il faillit même lâcher le chiffon qui lui avait servi à nettoyer les traces de sang, et qui maintenant était rouge clair. Le visage de l'infirmier prit la même couleur. Il savait que cette question n'était pas une invitation, mais cela ne l'empêchait pas de rougir. Il ne savait d'ailleurs pas pourquoi il réagissait comme ça. Peut-être parce qu'il pensait à l'inviter? Oui...C'était sûrement ça. Il voulait l'inviter. Malheureusement, ce "complexe" l'en empêchait. Il ne pouvait décidément pas inviter une adolescente alors qu'il était adulte. Il ne pouvait pas. Il ne devait pas.
Il prit tout de même la parole, brisant ainsi le silence:

"D'habitude je ne vais pas à ce genre d'évènements..."

Il dirigea ses yeux vers le chiffon et se leva pour aller le rincer au lavabo. Il avait fini de nettoyer la pièce, qui était comme avant. Jamais personne ne pourrait penser que ces murs étaient tâchés du sang de l'infirmier, qui après avoir rincé le chiffon, s'assit à son bureau. Il avait un air serein sur le visage, mais ce n'était pas pour autant qu'il ne ressentait pas un énorme embarras. Il fit signe à Yû de s'installer à la chaise du bureau, pour ne pas rester debout.
Si on enlevait le fait que la jeune fille portait un peignoir et que Nagoyaka ne portait pas sa veste de docteur, on avait l'impression que c'était le moment de leur rencontre. Pourtant, les sentiments n'étaient pas les mêmes. Non. Cela n'avait rien à voir. Ils allaient bien, tous les deux. Et Nagoyaka ressentait quelque chose de très fort pour l'adolescente. Peut-être qu'elle aussi...? Non, c'était impossible.

"...Mais peut-être que cette fois je viendrais...je pourrais peut-être faire connaissance avec les enseignants et le personnel...."

Il croisa les bras, ce qui le rendait à nouveau distant, mais il n'avait pas cette expression froide sur le visage. Au contraire, son expression était même assez douce. Il voulait l'inviter quand même, après tout il n'avait rien à perdre. Enfin, si. Il risquait de perdre Yû. Mais on n'a rien sans rien comme on dit. Mieux vaut faire et regretter plutôt que l'inverse. Même s'il risquait de perdre la personne la plus chère à ses yeux, pas de la même manière que Hana, il fallait qu'il lui demande. Oui, il fallait qu'il le fasse.
Il inspira alors et remit ses lunettes. Il fixait Yû droit dans les yeux. Les couleurs rouge et bleu se confrontaient à nouveau. Non, elles se rencontraient, elles se fusionnaient....

"Eh bien....je me disais que...peut-être que...."

Il n'arrivait pas à continuer sa phrase. Il s'énervait intérieurement maintenant. Ce n'était pas quelque chose de compliqué! Enfin, c'était plus facile à dire qu'à faire... Pourtant il fallait qu'il lui demande. Il reprit donc la parole:

"Je..."

Il ne fallait pas qu'il hésite. Surtout pas. D'ailleurs, s'il se plantait, il pourrait toujours faire passer ça pour une blague. Non, ça raterait, aprce qu'il n'était pas du genre à faire ce genre de farces, d'ailleurs il ne blaguait jamais. Et il se doutait que Yû savait que sur ce plan là, il n'était pas quelqu'un avec beaucoup d'humour.

"Je...je me demand...demandais si tu voulais...si..."

Ne pas bégayer.

"Si tu voulais bien m'accompagner pour le bal. Après tout, tu es la seule personne que je connaisse vraiment."

Ces derniers mots furent accompagnés d'un rougissement intense, et d'un visage déjà résigné, savant qu'il avait gaffé. Oui, il avait gaffé. Ce n'était pas du tout de cette manière qu'il avait voulu lui proposer ça. Et pourtant, il l'avait quand même dit. Quel idiot. Il trouvait que ce qu'il avait dit était vraiment très....étrange? Désagréable? Qu'importe. Dans tous les cas, cela ne ressemblait pas du tout à une invitation. Cela lui semblait plus être du "j'ai pas le choix, je viendrais avec toi." Quel idiot, quel idiot, quel idiot.
Il remit sa main à son visage, pour remettre ses lunettes en place. Il fallait qu'il se rattrape.

"Je ne voulais pas le dire de cette manière, excuse moi...Enfin, comment dire...je...ce n'est pas une invitation...enfin, si...enfin....c'en était une...mais c'est moi...qui m'exprime mal...."

Il se cachait le visage. Il était mort de honte. En voulant se rattraper, il s'était senti plus gêné que jamais. Et maintenant il avait peur....Peur de la réaction de Yû....

Quel était ce sentiment inconnu qu'elle ressentait au plus profond de son âme ? Elle ne pouvait se détacher de cette pensée, et cette image qui apparaissait dans son esprit ne voulait pas disparaître, cette forme, cette silhouette, elle la voyait parfaitement dans sa tête et pourtant, elle n'arrivait pas à comprendre. Son coeur battait à cent à l'heure, rien qu'à savoir la présence de Nagoyaka près d'elle, des tonnes de questions trottaient, tout était mélangé, elle ne savait plus quoi dire. La jeune fille prit alors place, s'asseyant sur la chaise du bureau de l'infirmerie, se plaçant alors face à l'infirmier. Il semblait être gêné, comme tout à l'heure, ou depuis ? La Shirasaki pouvait la ressentir d'ailleurs, le rouge lui monta alors automatiquement jusqu'aux joues, elle les tapota donc avec ses mains pour essayer de se calmer mais en vain, elle bougea donc négativement sa tête, rien ne se passa, toujours cette sensation quelque peu agréable mais elle ne parvenait pas à partir.

Yû écouta tout de même son interlocuteur, attentivement, elle ne pouvait détacher son regard de celui de Nagoyaka, se sentait-elle attirée par lui ? Possible ? Impossible ? Tout était tellement confus que la jeune fille ne savait plus vraiment où elle en était. Enfin, elle tenta alors de sourire suite à la réponse du docteur, donc il allait venir ? C'était vrai ? Elle hôcha alors de la tête, montrant sa gaieté, elle était heureuse qu'il vienne fêter cet évènement, mais aussi, comme elle y allait de son côté, ils se verront sûrement. Cependant, un mal-être vint légèrement envahir le coeur de la lycéenne qui baissa son regard vers ses mains, les doigts se tortillant alors, signe de nervosité. Pourquoi stressait-elle ? Il n'y avait rien, pourtant !

Si.

Ce besoin, elle ressentait cet étrange aura qu'elle dégageait elle-même, si froide mais tout de suite remplacé par cette chaleur intense. Que pensait-elle enfin ? Yû n'avait qu'une envie, c'était aller à ce bal avec l'homme qui était en face d'elle. Oui, mais n'était-ce pas mal vu d'y aller avec un personnel du lycée ? De plus, Nagoyaka semblait être plus vieux qu'elle, atteignait-il la trentaine ? Elle, de son côté, n'était encore que mineure et nageait dans ses seize ans, avoir dix-sept en Février ne changerait rien. Cette réponse qu'elle cherchait depuis tout à l'heure, elle y croyait, et elle venait de la trouver, juste là, à cet instant. Bien que Nagoyaka bafouillait pour réussir à demander à la jeune fille de venir avec lui pour ce grand évênement, Yû ne pouvait que ressentir de la joie en elle, elle montra alors un visage qui s'illuminait, et montra alors un joli sourire dont on ne pouvait oublier. Elle était tout détendue désormais et joignit alors ses mains, hôchant de la tête pour appuyer sa réponse.

- Je veux bien vous accompagner oui !

Répondit-elle vivement, tout en approchant son visage de celui de l'infirmier. Elle sursauta alors sur le fait qu'elle ait donné sa réponse directement et ainsi très vite, elle se recula alors et mit ses deux mains sur sa bouche, surprise de son geste. Le rouge monta alors encore plus vite, et ses joues rosirent de plus en plus, et pour ne pas se montrer de la sorte, elle se recroquevilla sur elle-même, la tête enfouie dans ses bras, les longs cheveux bruns retombant alors sur le reste de son corps. Son coeur battant toujours aussi vite, elle avait l'impression qu'il allait exploser tellement cette sensation qui l'entourait avait quelque chose de bénéfique pour elle. Yû ferma ses yeux et vit alors dans son esprit la silhouette de Nagoyaka, il marchait, un bloc-note à la main pour sûrement marquer des écrits pour ses patients ou pour se remémorer des choses, puis il partit, faisant dos à la vue de la jeune fille. Non, qu'il ne parte pas, pourquoi ? Cette illusion la fit alors trembler, la lycéenne leva alors sa tête vers le personnel du lycée, une expression triste se dessina sur son visage, sa main, doucement se dirigea vers le visage de l'infirmier, mais bon sang, que faisait-elle exactement ? Avait-elle conscience de son geste ?

Son membre s'arrêta alors, restant en suspend. La Shirasaki venait alors de saisir cette réponse dans son esprit, si Nagoyaka partait ou alors la laisser seule, elle ne pouvait le supporter. Si son coeur battait à cent à l'heure, c'était parce qu'elle ressentait une pointe d'amour pour lui, oui mais quelle sorte alors ? Elle sentait le besoin d'être à ses côtés, et de le savoir près d'elle. Soudain, elle se figea sur place, remarquant alors les conséquences de ce sentiment qu'elle ressentait à l'égard du mèdecin, il était majeur et elle mineure, est-ce que ça ferait l'affaire ?

Oui. Enfin, non ! Mais à quoi pensait-elle exactement ? Dijonctait-elle ? Tant d'interrogations trottèrent dans l'esprit de la jeune, elle se sentit perdue, mais ne voulut lâcher prise. Si elle ressentait de l'amour pour Nagoyaka, elle ne devait pas mettre de côté cette notion, elle devait y faire face, et ce n'était qu'en regardant droit dans les yeux de son interlocuteur qu'elle eut un sourire tendre, sa main continua à s'avancer vers les mèches de cheveux du jeune homme, elle en effleura une.

- Monsieur Torii, je serai ravie ... Ravie d'aller à ce bal avec vous.

Disait-elle en souriant, les joues légèrement rosies, elle venait de comprendre ce qu'elle ressentait à l'égard de ce dernier.

Ce sentiment.

Ce n'était que de l'amour. Pas paternelle, ni fraternelle. Le besoin d'être avec cet homme faisait en sorte que la jeune fille pouvait bel et bien tomber amoureuse de lui. Elle en souriait presque, et avait fini par découvrir cette notion inconnue. De nombreux doutes disparurent par la même occasion mais il y'avait toujours cette interrogation qui revenait sans cesse : Nagoyaka, que ressentait-il pour la jeune Yû ? Cette attente commença à effrayer la demoiselle qui reporta alors sa main à son propre coeur, sentant celui-ci battre très vite, toujours. Elle ferma alors ses yeux et ses lèvres se décollèrent, sa voix était douce mais assez basse, quelque peu hésitante aussi, mais elle voulut le lui dire, ou demander ? Nagoyaka avait son visage caché, gêné ? Il y'avait une pointe de rouge sur son visage, rougissait-il ?

- Monsieur Torii ... Je dois vous dire la vérité. Depuis tout à l'heure, mon coeur ... Mon coeur bat tellement vite ...

Elle bougea négativement sa tête pour ainsi reprendre. Non, elle n'était pas malade, loin de là.

- Il ... Il est comme ça depuis tout à l'heure. Jene suis pas malade. Il y'a un sentiment que je ressens ... Je le ressens .. Pour cette personne ...

Devait-elle le lui dire ? Yû n'avait pas du tout l'habitude de mentir à quelqu'un et encore moins à quelqu'un dont elle appréciait fortement.

- Cette personne ...

Ce n'était que lui, Nagoyaka Torii.

Nagoyaka se sentait de plus en plus mal à l'aise. Pourtant il était si bien lorsqu'elle, Yû, était à ses côtés. Alors pourquoi ressentait-il cette...peur? Oui. Il ressentait la peur d'aimer et d'être aimé. C'était la première fois qu'il éprouvait cela pour quelqu'un. Enfin, il parlait d'aimer, mais était-ce de l'Amour qu'il ressentait pour Yû? N'était-ce juste pas de l'Amitié? En tout cas, il essayait de se convaincre que ce n'était que ce dernier sentiment. Parce qu'il était un adulte, et il ne pouvait pas se permettre d'aimer une adolescente. Non, il ne pouvait pas!
Il serra sa jambe avec sa main, et gardait un air impassible sur le visage. D'ailleurs, celui de la jeune fille s'approcha du sien, ce qui le fit reculer légèrement. Heureusement. Heureusement? Que son visage se retira pour s'accompagner d'un sourire si beau, qu'il ne pût s'empêcher de rougir. Elle était si belle quand elle souriait. D'ailleurs, elle était belle tout le temps...

Il sursauta lorsqu'elle lui toucha ses cheveux blancs de sa main si claire et si douce qu'il voulait la prendre et la tenir dans la sienne pour ne plus la lâcher. Pourtant il ne bougea pas d'un pouce. Il resta figé. Car il avait toujours peur. Son coeur se mit à battre plus vite quand elle lui dit qu'elle serait ravie de venir avec lui. Ravie? Alors c'était ce qu'elle ressentait? Lui était plus que ravi, et il voulait lui dire. Malgré cette volonté, les mots ne sortaient pas de sa bouche. C'était comme s'il était devenu muet.

Maintenant Yû lui disait qu'elle ressentait quelque chose de très fort (de l'Amour?) pour une personne. Mais qui était "cette personne"? Nagoyaka se sentit comme transperçé par ces paroles. Il était sûr que ce n'était pas lui, sinon elle se serait adressé à lui en disant "vous". Il porta sa main à son visage, et serrait toujours sa jambe avec son autre main. Qu'avait-il espéré de toutes manières? Une jeune fille comme elle ne pouvait pas tomber amoureux d'un adulte. Il avait été bête d'espérer. Il était certain qu'elle essayait de lui dire qu'elle aimait quelqu'un, et pourtant il se refusait à le croire.

Il ressentait maintenant une énorme douleur. Une douleur au coeur. Ca lui faisait tellement mal. Mais pour ne pas que Yû s'inquiète de le voir se cacher encore une fois, il lui dit cela, accompagné d'un faible sourire, un sourire assez triste:

"Eh bien...Ce que tu ressens, c'est de l'Amour, non?"

Il n'en était pas sûr lui-même, ne sachant pas exactement ce que c'était. Il ne faisait que se baser sur ce qu'on en disait, ou sur ce qu'il avait vu ou lu. A vrai dire, il n'était pas non plus sûr de cette "idée préconcue", mais il supposait que c'était ce que la jeune fille ressentait pour "cette personne". Qui était-elle? Qui était-elle pour mériter d'être aimée par Yû? Qui? Il voulait le savoir, mais d'un autre côté, il ne préférait pas. Il ne savait pas comment il réagirait...et puis, de toutes façons, ce n'était pas ses affaires.
Il soupira légèrement, laissant tomber sa main sur la table, doucement. Il dessera aussi l'étreinte que sa main exerçait sur sa jambe depuis un moment. Il ne savait pas quoi dire d'autre. D'ailleurs, il ne savait même pas quelle réponse elle avait attendu...Et pourquoi elle lui parlait de ça à lui? C'est vrai ça, pourquoi? Sûrement parce qu'il l'avait déjà conseillé et que cela avait porté ses fruits. Mais il ne voyait quand même pas quoi rajouter. Il dirigea alors son regard vers la fenêtre, puis fit le tour de la pièce pour enfin se porter sur Yû. Ses yeux rouges ne dévisageaient pas la jeune fille, ils se contentaient juste de la regarder fixement. Les lèvres de l'infirmier s'ouvrirent un peu, ne laissant échapper qu'un faible son, puis elles formèrent un sourire sur son visage fatigué.

"Irons-nous tout de même au bal....ensemble? Car je ne veux pas y aller sans toi Shirasaki.... Sinon, tout cela me paraîtra plus ennuyant et plus laid sans toi...."

Il parut lui-même étonné de ce qu'il venait de dire. Parce qu'il avait dit cela sans vraiment s'en rendre compte, comme si les mots sortaient seuls de sa bouche. Sans qu'il ait besoin de se forcer à les prononcer. Il saisit la main de Yû et rougit. Son coeur battait fort lui aussi.

"Moi non plus je ne comprends pas....ce que je ressens Shirasaki...Je n'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi fort et de si agréable à la fois pour une personne... Mais je suppose....que c'est...de l'Amour..."

Il serra la main de Yû plus fort, et son autre main vint se rajouter à l'étreinte. Il baissa la tête, ses mèches blanches retombant sur son visage. Il fallait qu'il le lui dise, qu'importe ce qu'elle penserait. Il en était sûr à présent, de ce sentiment. Et même s'il se trouvait "dégoûtant", il devait le lui dire. Oui, il devait lui dire qu'il l'aimait. Qu'il était tombé amoureux d'elle, Yû Shirasaki.


"Shirasaki.....je sais que ce n'est pas "normal", mais s'il-te-plaît, ne ma laisse pas....s'il-te-plaît...."

Il n'avait pas réussi à dire autre chose. C'était trop dur. Et maintenant il rougissait. Il rougissait d'embarras et de honte, de honte car il aimait une adolescente. Des larmes coulaient sur ses joues et venaient atterir sur le bureau. Ses mains tenaient toujours fermement celle de Yû. Son coeur battait toujours aussi fort.

"Je...je suis désolé...de pleurer....mais je ne peux pas me supporter....ce sentiment...que je ressens, me dégoûte....Je me dégoûte."

Il se leva d'un bond, et tira Yû vers lui. La seule chose qui les séparait était la table. Pourtant, le haut de leur corps était l'un contre l'autre, Nagoyaka serrant la jeune fille contre lui. Son visage s'enfouit dans les cheveux de cette dernière, qui ne devait pas comprendre ce qui se passait. Il pleurait toujours. Il voulait tellement qu'elle l'aime. Il ressentait ce besoin d'être aimé. C'était plus fort que lui, il voulait qu'elle aime. Parce que c'était si agréable.... Il voulait l'entendre lui dire qu'il était normal, que tout allait bien...Pourtant, ce degoût vis-à-vis de lui-même...Ce n'était pas normal! Pourquoi aimait-il une adolescente? Mais d'un côté, qui pourrait ne pas l'aimer?

"Je te mets encore....dans une...situation embarrassante....je ne fais que t'inquiéter, et plus je me dis ça, et plus je pleure, plus je me deteste....Tu comprends? Tout ça....."

Et en serrant la jeune fille dans ses bras, il prononça ces quelques mots, à la fois si forts et si simples:

"...Tout ça parce que je t'aime...."

Quel était ce sentiment inconnu qui grandissait dans le coeur de la jeune Yû ? Elle avait enfin saisi cette réponse, elle l'avait dans sa propre main, si elle ressentait le besoin d'être toujours aux côtés du mèdecin, qu'elle ne veuille pas que celui-ci ne parte, la laissant seule parmis toute cette foule d'inconnus dont elle avait peur de voir, de découvrir leur personnalité, tout cela, sans lui ? Impossible, elle ne pouvait pas car tout ce qu'elle venait de comprendre était le simple fait qu'elle possédait cette amour véritable envers Nagoyaka : Elle l'aimait. Ceci devvait paraître stupide aux yeux des autres mais pas pour la Shirasaki qui avait toujours son regard fixant celui de son interlocuteur, ses yeux rouges, elle ne pouvait se détacher d'eux, les siens qui étaient bleus océan les regardaient intensément, elle ne voulait plus les quitter. Cette sensation qui la fit rougir de plus en plus rien qu'en y pensant, elle tremblait de tout son corps mais était-ce de la peur ? L'angoisse peut-être ? Non c'était le fait qu'elle aimait quelqu'un, et cette personne n'était que cet homme qui était assis en face d'elle.

Aimer un adulte ? Et alors ? L'amour n'a pas d'âge, c'était cette citation qui vint tout de suite en tête de l'adolescente qui détourna alors son regard vers ses mains, elles étaient chaudes et fragiles, tout comme elle. Pouvait-elle épprouver quelque chose de fort pour l'infirmier ? Oui, en voici en plus la preuve ! Elle n'arrêtait pas de rougir face à ces nombreuses questions qui trottaient dans sa tête, tout était mélangé mais seul son coeur pouvait alors parler. Elle avait une envie de pleurer, elle paniquait tellement à l'idée de se faire rejeter, Nagoyaka allait-il la prendre pour une folle ? Et si lui, ne l'aimait pas ? Pourquoi tant d'idées pessimistes d'ailleurs ? Pourquoi ne forgeait-elle pas ses réponses sur des choses optimistes pour une fois ?

C'était tellement difficile de sortir de cette prison, ces geôles qui retenaient la collégienne dans son douloureux passé, ses parents qui étaient indifférents, la laissant de côté, pareil pour ses deux frères qui ne lui adressaient pas un seul regard. La petite soeur en avait souffert de ce manque d'amour et elle ne l'avait retrouvé qu'auprès de sa domestique qui l'avait ensuite trahis, même avant ça, il y'avait son cousin adoré, Hiroki, cependant pour lui, elle le voyait comme quelqu'un de sa propre famille, bien qu'il l'était, il était beaucoup plus qu'un cousin, quelqu'un qui tenait un lien avec elle pour avoir oser s'approcher de la rejetée de la famille Shirasaki. Lui, elle ne le remercierait jamais assez. Néamoins, l'amour véritable et passionné, elle ne l'avait jamais connu et elle se sentait triste rien que d'y penser à cette idée, elle n'en pouvait plus de ne pas connaître cette notion, voire cette base. Mais aujourd'hui, elle pouvait saisir cette réponse, et grâce à qui ? Grâce à lui, Nagoyaka, un homme allant sûrement vers ses trente ans certes mais, elle ne pouvait plus se détacher de ce dernier, c'était impossible, elle ressentait le besoin d'être toujours avec lui. Il était comme une sorte de pièce maîtresse dans un puzzle imaginaire. Si Yû la perdait, elle en serait sûrement détruite et sombrera alors encore une fois dans cette boîte sombre, elle en avait peur.

Ce tableau tout noir sans dessins, elle le voyait dans son esprit, et elle, toute petite au milieu, habillée d'une robe noire, les cheveux toujours aussi longs, la frange qui cachait sa vue, les mains alors qui se rejoignaient pour tenir des espèces de pièces en papier, et dans ce ciel ténèbreux tombaient des morceaux avec comme image toutes les personnes qui comptaient le plus à ses yeux. Ces visages, tous souriant, tous pleurant mais c'étaient ses amis. Depuis son arrivée sur Shimizu, elle avait tissé des liens d'amitié avec d'autres, découvrant alors pour chacun d'eux des facettes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, elle ne pouvait plus les laisser tomber. Tout s'envola alors, l'enfant regarda alors les confettis partir, des larmes perlèrent de ses yeux, son coeur battant à cent à l'heure. Comment réagir face à cette situation ? Nagoyaka la tira de ses songes, lui déclarant qu'elle ressentait en ce moment même de l'amour. Il avait tout à fait raison, et elle le ressentait pour lui, et rien que lui.

La Shirasaki resta sur le coup silencieuse, son regard revenant alors vers celui de l'infirmier, elle avait comme expression un visage tendre dédié qu'à cet homme. Iront-ils au bal quand même ? Bien sûr, quelle question, pour rien au monde, elle voulut manquer cet évènements, elle voulait être à ses côtés, pendant ce moment beau et qui restera gravé dans son coeur. Sa voix était douce mais quelque peu hésitante, elle craignait juste une chose : Son amour allait-il être rejeté ? Elle ne voulait pas, et pourtant elle voulait parler pour dire cette vérité, mais elle était angoissée à l'idée qu'il la repousse. Maintes et maintes raisons pouvaient en venir à cette action.

- Ne vous inquiétez pas. Nous irons au bal, ensemble ... Ensemble.

Ensemble, le mot qu'elle aimait prononcer pour Nagoyaka. Elle ne savait pas pourquoi mais cela lui faisait du bien de l'entendre, et rien qu'à l'idée d'y aller avec lui, elle ne pouvait que sourire, cependant son frêle et fragile corps tremblait de tout son être. Elle n'eut le temps de réfléchir à cette raison qu'elle sentit la main de l'infirmier sur la sienne, puis l'autre pour resserer cette étreinte. Surprise de ce geste, elle fixa ce dernier malgrès le fait qu'elle ressentait un bien être sentant sa peau contre la sienne, elle avait les joues rouges, et son coeur battait à tout rompre, elle en avait presque mal mais voulait entendre la fin de la phrase du mèdecin.

Non. Ce rêve venait-il de se transformer en un cauchemar ? Il ressentait le même sentiment qu'elle pour une personne ? Qui était-ce ? Une autre ? Un autre ? Qui, bon sang ?! Yû paniqua sur le coup, elle avait une envie de sangloter et d'aller dans les bras de Nagoyaka pour se déclarer mais elle fut figée sur place, il ne voulait pas qu'elle le laisse, il la suppliait. Pourquoi donc ? Son souhait à elle n'était que de rester à ses côtés pour vivre un amour réel, avec lui et rien qu'avec lui.

- Que .. Mon .. Monsieur Torii ?

Elle ne put ajouter autre chose qu'il la prit dans ses bras, le bureau, du moins la table de l'infirmerie n'était que ce seul obstacle qui séparait presque leur corps, cependant, leur haut, partant du buste, étaient collés l'un contre l'autre. La Shirasaki sentait cette chaleur bénéfique l'enveloppait, celui lui faisait tellement de bien, mais au final, elle entendait Nagoyaka pleurait sur son épaule, sa tête enfouie dans les longs cheveux bruns de la demoiselle. Elle commençait à s'inquiéter, que lui arrivait-il ? Il recommençait à s'insulter, il se trouvait dégoûtant ? Mon dieu, elle angoissait à l'idée de l'entendre se rabaisser lui-même, mais aucun mots ne sortirent pour détendre l'ambiance de la conversation. Elle tremblait de tout son corps et aucun mouvements ne vinrent accentuer ce physique.

Elle ne comprenait pas.

- Mais .. Mais ...

Sa voix était tellement basse mais douce à entendre. Elle resta soudainement figée sur place, les yeux grands ouverts, la dernière phrase que l'infirmier venait de prononcer, elle résonnait dans la tête de la Shirasaki. Ce bien-être l'enveloppait jusqu'à l'enfermer dans cette bulle, elle n'était pas seule cette fois-ci, là, elle était avec Nagoyaka, l'homme qu'elle aimait et c'était réciproque. Son corps commença à se détendre, elle était tellement heureuse que quelques larmes perlèrent le long de ses joues, elle ne pouvait plus se retenir. Ses frêles bras l'aidèrent à se détacher de l'étreinte de son interlocuteur et vu qu'elle voulait vraiment être contre lui, elle monta sur la table, les genoux sur le support, étant maintenant à la hauteur du personnel du lycée, elle pleurait à chaudes larmes et ses petites mains s'accrochèrent au haut de ce dernier.

- Monsieur Torii ? Vous savez quoi ? Je ... Je ... Ce sentiment que je ressentais pour cette personne ... C'était de l'amour oui. Et ... Et ... Mon coeur battait tellement vite ... Pour .. Pour vous ..

Elle pleurait encore plus face à ses dires, elle essayait de rire bien que son esprit était mélangé par ces deux sentiments : La peur ainsi que la gaieté. La jeune fille respira un bon coup, approchant ses lèvres de celles de l'infirmier, voulait-elle l'embrasser ? Peut-être, elle ressentait cette envie de le faire, mais avant tout, elle prononça ces deux mots avec un sourire sincère et doux à regarder.

- Je vous aime.

Le corps de Yû contre le sien lui faisait tellement de bien. Sa chaleur le calmait un peu. Il aimait vraiment le contact, c'était si agréable. Lui qui n'avait jamais reçu la moindre affection, qu'elle soit physique ou pas, il ne savait pas ce que c'était jusqu'à maintenant. C'est Yû qui lui avait fait découvrir ces choses, et en si peu de temps. Elle était vraiment incroyable. Il n'arrêtait pas de penser qu'il avait vraiment eu de la chance de la trouver sur son chemin. Ce chemin si noir, qui lorsqu'elle posa, même juste un tout petit bout de son pied, l'avait éclairé d'abord d'une faible lumière, puis avait émi un rayon si fort que le chemin devint blanc et reprit même des couleurs. Des couleurs qu'il ne connaissait pas. Et pourtant, juste grâce à une personne....elles resteraient à jamais gravées dans son coeur. Oui, son coeur qui battait si fort pour elle. Ce coeur qui ne s'arrêterait jamais. Il continuerait à battre pour elle, Yû. Oui, même s'il se faisait rejeter, il continuerait à vivre pour elle. Malgré cela, il désirait qu'elle l'aime. Parce qu'il voulait la voir sourir, la sentir contre lui, l'entendre parler.... Tout ça, il l'espérait vraiment, de tout son coeur...

Pourtant, il avait peur. Peur d'être rejeté, car aimer une adolescente....n'était pas quelque chose de normal. Il ne voulait pas la perdre, car il en avait assez de souffrir. Et même s'il disait qu'il continuerait à vivre s'il se faisait rejeter, il n'était pas sûr d'y arriver. Car jamais il n'avait aimé une personne de cette façon...Jamais. Et il n'osait pas imaginer la souffrance qui était égale à son Amour pour elle. Plus on aime quelqu'un, plus on souffre lorsqu'on la perd. Il était si effrayé à cette idée. Une souffrance qui l'achèverait sûrement....Il en était sûr.

Il ne voulait que Yû. Personne d'autre. Elle lui suffisait largement, car à elle seule, elle lui apportait tout ce dont il avait besoin: du bonheur, du réconfort, de la compassion.....de l'Amour? Elle....l'aimait? Son souffle s'arrêta un instant. Il n'en croyait pas. Pourtant, il l'avait bien entendu, non? Et comme pour confirmer ce qu'il pensait, elle dit:

"Je vous aime."

Ces mots résonnèrent dans l'esprit de Nagoyaka. Il sentit alors des larmes couler le long de ses joues. Ce poids....cette peur qu'il avait ressenti il y a encore quelques instants, venait de s'effacer de son esprit. Encore une fois, grâce à Yû. Il n'arrivait quand même pas à y croire. Il était si heureux qu'elle l'aime. Ces larmes, c'était des larmes de joie, de soulagement et d'encore d'autres émotions.

Il essayait, malgré le fait que sa vue était troublée à cause des larmes, de voir Yû, qui était très proche de son visage. Voulait-elle l'embrasser? Son coeur, il avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. Son visage vira très vite au rouge. Il passa alors sa main dans la nuque de l'adolescente, en lui caressant au passage sa joue droite, essuyant ainsi quelques larmes. Elle était si douce. Ses yeux se posèrent un instant sur les lèvres de Yû, puis regardaient maintenant ceux de la jeune fille. Elle était si belle.

Il lui sourit alors pour lui exprimer tout le bonheur qu'il ressentait. Elle devait en avoir conscience. Puis il approcha ses lèvres des siennes, pour finalement les toucher. Elles étaient douces elles aussi. Il n'avait jamais embrassé personne de sa vie, il n'avait aucune expérience. Pourtant il faisait ces quelques actes sans réfléchir. Il se laissait emporter....tenter?
Il se pencha un peu plus sur Yû et commença à l'embrasser avec douceur, tendrement. Il fermait les yeux, et son visage, toujours rouge, paraissait tout de même calme et apaisé. Sa main droite vint glisser sur le dos de la jeune fille, qui était à genoux sur la table du bureau, et la tira vers lui.

Alors qu'il l'embrassait toujours, des larmes coulèrent sur ses joues. Il la serra un peu plus contre lui. C'était la première fois qu'il connaissait l'Amour en 29 ans...Pourquoi Yû avait-elle mi autant de temps à apparaître? Pour que le bonheur soit plus grand encore...? En tout cas, maintenant, il se fichait bien de tout ça....pour le moment, il était avec Yû. La personne qu'il aimait, et qui l'aimait.....Pourtant, il aurait voulu la connaître avant.....Mais mieux vaut tard que jamais. Il avait eu de la chance de l'avoir rencontrée. Oui, c'était de la chance, et plus jamais il ne la laisserait s'enfuir. Plus jamais.
Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression d'être pardonné. Oui, Yû lui avait pardonné tout ce qu'il avait pû faire, et lui disait qu'il était normal. Peut-être était-ce vrai? S'il avait vraiment été maudit, peut-être ne l'aurait-il pas rencontré? En tout cas, il espérait du fond du coeur que ce soit cela, car il ne voulait pas qu'il arrive quelque chose à Yû....et surtout par sa faute....

"Je te protégerai....."

Il lui avait chuchoté ces mots à l'oreille, et vint l'embrasser dans le cou, la serrant aussi plus fort dans ses bras. Elle était si chaude, si douce, si belle......qu'il voulait la garder pour lui, et ne plus jamais la lâcher. Non, il ne voulait la laisser à personne. Pourtant, ils devraient bien se "séparer" à un moment ou à un autre. Ils ne pouvaient pas se montrer ensemble (il aimait ce mot) dans le lycée, et même en dehors, si on les voyait......Que se passerait-il alors?

"Tu en es sûre, Shirasaki? Je suis un adulte........et toi, toi tu as encore beaucoup d'années devant toi....je vieillerai avant toi....je disparaîtrai de ta vie avant toi....Et pourtant, je te demande....de ne pas m'abandonner....Ne m'abandonne pas.....s'il-te-plaît...."

Il se remit à pleurer. Et serrait toujours Yû contre lui.
Il avait peur.....Il avait peur de la perdre...et d'être abandonné......

La petite fille qui était debout en plein milieu de ce tableau noir, les mains tendus pour récupérer les morceaux de puzzles qui tombaient du ciel ténèbreux, pleurait toujours à chaudes larmes, les petits papiers qui s'envolaient pour ne plus jamais revenir l'effrayaient plus que tout. Que signifiait cette scène ? Tout devint alors sombre autour de cette enfant qui tomba alors à genoux sur le sol froid, les longs cheveux bruns lui retombant sur le long de son frêle et fragile corps, elle ne ressentait aucune émotion, s'engouffrant alors dans cette chambre glaciale, l'air qui y régnait pouvait geler toute l'atmopshère. Et pourtant, quelques minutes plus tard, une plume apparut dans les environs pour tournoyer sur elle-même, se posant alors délicatement aux pieds de la Shirasaki imaginaire dans cette scène sombre. Les yeux remplis de larmes, sa vue était quelque peu brouillée mais elle put saisir l'objet en question dans ses petites mains. Une lumière intense illumina alors toute la pièce autour d'elle, surprise, elle se rendit compte que la plume de couleur blanche qui nageait dans ses membres avait disparu, elle ne fit que lever son regard vers la nouvelle silhouette : Un homme, assez grand, les cheveux en bataille très clairs, une blouse de mèdecin, oui c'était lui, Nagoyaka.

Retour à la réalité, ce flash marquait en fait la façon de pensée de la jeune fille, en ce moment, elle vivait une sorte de situation remplies de bonheur mais aussi de doutes. Dans l'infirmerie, se trouvaient donc une adolescente assise à genoux sur le bureau, s'accrochant au haut du mèdecin, ils pleuraient tous les deux mais au final, on pouvait percevoir qu'ils ressentaient le même sentiment : L'amour. Yû resta immobile, continuant à pleurer mais souriant de tout son coeur, il y'avait un bref mélange mais elle essayait de stopper ses pleurs cependant, eux, ils coulèrent seuls. Entre elle et Nagoyaka, c'était réciproque et elle en était heureuse. Son coeur battait à tout rompre, cette douleur, elle ne sentait plus en elle, elle allait beaucoup mieux, la détente ainsi que la tranquillité vinrent tout de suite remplacer le stress ainsi que la peur.

C'était ça, le bonheur ? Peut-être que le puzzle qu'elle avait construit petit à petit, dans son esprit, ce grand jeu imaginaire avec elle dedans comme seule protagoniste, s'était détruit en mille morceaux, mais au moins, elle venait de connaître la réponse après tant d'années, elle venait de la trouver, ce mot, cette sensation. Elle ne pouvait plus s'en détacher car au final, elle avait pu rejoindre celui dont elle était tomber amoureuse, ce coeur qui ne battait que pour lui seul, il était rempli d'amour et toutes sortes de sentiments en rapport avec. La Shirasaki ne pensait qu'à ça, qu'à Nagoyaka, elle voulait lui être sienne, être à ses côtés, peu importe s'il était majeur et elle, mineure. Elle ne voulait pas fuir devant toutes ces interdictions, car leurs sentiments à eux deux étaient beaucoup plus forts que ça. L'adolescente aimait cet infirmier et personne ne pourrait l'en empêcher bien que tout cela soit ...

Un amour interdit.

La jeune fille le savait mais elle ne pouvait pas être seule, tout mais pas sans lui. Elle hésitait alors de l'embrasser, leurs lèvres tellement proches, leur souffle se mélangeaient doucement, mais ce fut le mèdecin qui prit l'initiative de commencer. La Shirasaki se laissa alors faire, sentant les mains de celui-ci dans son dos, puis sur son visage, cette douceur, elle la ressentait pendant ce baiser et ne voulait plus la quitter, ces chaînes qui les reliaient tous les deux, semblait être incassables maintenant. Puis vinrent les bisous dans le cou, cela fit frémir la Shirasaki qui appréciait cette sensation quelque peur rapide mais agréable en même temps. Ses mains s'aggripèrent alors au dos de Nagoyaka, elle le voulait contre elle, pendant assez longtemps, cette étreinte, elle ne voulait pas qu'elle soit terminée, pas maintenant. L'infirmier la protégera, mais elle aussi ! Elle ne souhaitait plus que ce dernier se fasse du mal, qu'il se rabaisse, toutes les choses horribles qu'il avait enduré jusqu'à maintenant, elle ne souhaitait plus les revoir. La tête de Yû se posa alors contre le torse de son interlocuteur, elle entendait le coeur de celui-ci battre, et il émanait une chaleur rassurante. Elle ferma alors ses yeux et ses lèvres se décollèrent pour former un son très bas, mais toujours aussi doux à entendre.

- Moi ... Moi aussi, je vous protégerai ... Je ne veux ... Je ne veux plus vous voir souffrir ...

Elle ne pouvait s'empêcher de faire perler ses larmes sur son visage, les pleurs venaient seuls, la douleur venait de partir, de s'atténuer. D'ailleurs, Nagoyaka en faisait de même, mais ces sanglots, ce n'était plus en rapport avec la tristesse, n'est-ce pas ? Il lui demandait alors par la même occasion si elle en était sûre, sûre de son propre choix, sûre du fait qu'elle voulait être avec lui, car c'était un adulte et elle, une adolescente. Les mots qui suivirent l'effrayèrent. Ses petites mains désormais posée sur le torse du jeune homme, elles se crispèrent et s'accrochèrent à son haut, comme si ... Comme si elle allait être enlevé alors qu'elle ne le voulait pas.

- Ne .. Ne parlez pas du fait que vous disparaîtrez avant moi, ne dites jamais ça. Ca .. Ca me fait peur. Je ne vous abandonnerai pas, je ne veux pas.

Elle sanglota alors sur le coup.

- Je ne pourrai pas, je ne le voudrai pas ... Car .. Car .. Je suis amoureuse de vous, je vous aime, Monsieur Torii ... Et si vous n'êtes plus là ... Je ... Je ne saurai plus quoi faire.

Nagoyaka avait peur, tellement peur. Il craignait que ce chemin retombe dans le noir, cette couleur sombre qu'il connaissait si bien. Il redoutait que Yû le laisse quand il serait vieux et elle encore jeune. Il en avait vraiment peur. Il ne voulait pas être abandonné, car c'était une souffrance qu'il connaissait depuis son enfance, et que pour rien au monde il ne voulait revivre. Non. Surtout par Yû qu'il aimait profondément et énormément. Il voulait continuer à marcher sur ce chemin qu'ils avaient emprunté, voire créé, tous les deux. Il ne voulait pas que ces couleurs disparaissent, que cette lumière ne s'éteigne, cette fois à jamais. Il ne voulait vraiment pas être abandonné. Il voulait être heureux, avec Yû. Il voulait qu'elle soit heureuse aussi, et que jamais plus elle ne souffre.

Pourtant, cet amour interdit....ça le complexait énormément. Lui qui était né dans une famille reconnue, il avait appris des principes, une morale. Et cet amour interdit en faisait partie. Il n'avait pas le droit d'aimer une "enfant". Mais malgré cela, il devait vaincre cette réalité, tout comme Yû le faisait si bien. Il devait ne voir que son Amour pour elle, et non l'âge, qui était bien moins puissant. Oui, ce n'était pas treize ans de différence qui allait les empêcher de s'aimer. Pourtant, cela allait tout de même être difficile de vivre cet amour. Mais ils y arriveraient, tous les deux, même s'ils devaient fuir ou se faire rejeter. Ils s'aimeraient toujours, de toute leur force. Les autres, il s'en fichait bien. Oui, il se fichait bien de ce qu'ils pouvaient penser. Le problème, c'était lui. Ses parents avaient raison: il n'était pas normal. Mais....mais ne devait-il pas essayer de ne voir que ce qu'il ressentait, plutôt que les apparences? Il devait le faire, même si c'était difficile à accepter. Il devait éloigner leur différence d'âge, et ne se concentrer que sur l'âme de la jeune fille. Oui, ce qui importait, c'était l'âme, pas le reste. Le corps n'était pas le plus important. Ce sont les sentiments le plus important. Même s'il aimait Yû pour ce qu'elle était, pour son caractère, il aimait aussi son corps. Il l'amait entièrement, il aimait tout chez elle. Alors ce n'était pas ces quelques années de différence qui allaient les séparer, au contraire, peut-être même que cela allait les rapprocher.

Alors qu'il essayait de se convaincre que l'âge n'était pas important quand on aimait, il entendit Yû parler. Elle disait qu'elle le protégerait aussi, pour ne plus le voir souffir, tout comme lui la protégerait. Puis il sentit les mains fragiles se poser sur son torse, elle l'aggripait, comme si elle avait peur....Mais peur de quoi? De le perdre? Oui. Elle ne voulait pas qu'il parle de sa mort. C'était normal après tout, c'était effrayant. Ensuite il la vit sangloter, ce qui le fit baisser la tête, avec un air de culpabilité. Il l'avait fait pleurer. Il n'était décidément pas doué. Elle lui confiait maintenant qu'elle ne serait rien sans lui, et que jamais elle ne pourrait vivre sans lui...parce qu'elle l'aimait.

Nagoyaka versa encore quelques larmes à ces paroles, mais était si heureux d'entendre ça. Oui, chaque fois qu'elle lui disait qu'elle était amoureuse de lui, il se sentait si bien. C'était comme un mot béni, c'était difficile à expliquer. Mais comme on ne lui avait jamais dit ces mots, il les trouvait tellement beaux. Jamais sa mère, ni son père ne lui avait exprimé la moindre affection. Jamais personne. C'est pourquoi il aimait tant cela. Et Yû? Est-ce qu'elle aimait quand il la prenait dans ses bras? Quand il lui disait qu'il l'aimait? Sûrement, car elle aussi ne devait pas avoir connu ces choses simples mais si agréables. Alors il voulait qu'elle soit heureuse.
Il releva la tête de la jeune fille et lui sourit. Puis il lui dit, d'une voix calme:

"Pardon. Je ne voulais pas te faire pleurer Shirasaki....Mais je dois t'avouer....que tu es très belle."

Il rougit à ses paroles et s'approcha du visage de Yû, toujours souriant, et reposa ses lèvres sur les siennes pour l'embrasser à nouveau. Puis il passa ses bras autour d'elle, la ramenant ainsi contre lui.

"Je suis si heureux de t'avoir rencontré..."

Il lui avait chuchoté ces quelques mots à l'oreille. Des mots si forts qu'il s'étonna lui-même, mais qu'il n'avait jamais dit à personne. Non, il ne les avait jamais dit pour personne. Pas même pour Hana. C'était la première fois qu'il les prononçait. Et encore une fois pour Yû. Il l'aimait tellement. Ainsi il ferait tout pour elle. Il la protégerait, il resterait avec elle, il l'aiderait, il l'aimerait toujours.
Il remarqua quelque chose. Il ne l'appelait même pas par son prénom. D'ailleurs, la jeune fille le vouvoyait encore. Cela devrait changer, sauf en public. Il eut alors un sourire amusé.

"Shiras....Yû? Je voudrais que tu me tutoies et m'appelles par mon prénom."

Et comme pour insister, il le lui rappela:

"Nagoyaka."

Il faisait ça pour la taquiner, même s'il voulait qu'elle l'appelle vraiment par son prénom et le tutoie. Elle irait à son rythme. Mais c'était tellement drôle de l'embêter.
Puis, toujours le sourire aux lèvres:

"Ce n'est pas grave Yû....tu peux aller à ton rythme, je n'aime pas pousser les gens."

Sur ces mots, il lui baisa à nouveau le cou.

Comment stopper ces fameux pleurs ? Yû ne pouvait pas s'empêcher de sangloter, ses larmes étaient mélangées avec de la joie mais aussi avec un peu de tristesse, elle n'arrivait pas à se débarasser de ce dernier sentiment qui la gênait au plus haut point, pourquoi sur ce tableau, malgrès le fait qu'il y'avait cette lumière intense qui régnait dans ce décors, il y'avait tout de même une présence de quelques tâches noires, sombres, représentant la rancune, la haine, l'angoisse, la peur, hein ? Pourquoi ? Encore cette enfant qui était alors allongée sur le sol, elle regardait le ciel qui était bleu, aucun nuages blancs, un petit sourire se dessina sur ses petites lèvres, elle avait retrouvé cette joie qui était enfouie au plus profond de son coeur, cette notion qu'elle avait tant oublié à cause de ce passé ténèbreux, elle s'était baigné dans cette simple solitude jusqu'à en ressortir avec l'aide de quelqu'un, une main qui s'était tendue vers elle pour la dégager de ces geôles. Cette silhouette grande et imposante, il ne pouvait s'agir que de Nagoyaka, l'homme qu'elle aimait, mais tout d'un coup il disparut de sa vue, lâchant la petite fille qui tomba alors en avant, mais elle parvint alors à se relever, douloureusement certes car depuis qu'elle avait été enfermée dans cette prison, elle avait comme une impression de se blesser de plus en plus, jouant avec les pièces de puzzles qui s'étaient envolé pour la laisser de nouveau seule, et maintenant que cette plume s'était posée à ses pieds, elle la voyait comme une sorte de clé qui la délivrerait de tous ses maux. Tremblant de tout son corps, elle commença à courir pour rattraper le mèdecin qui avait disparut, elle le chercherait, elle le retrouverait.

Cette scène se déroulait dans la tête de la jeune fille, toujours la tête posée contre le torse de l'infirmier, elle ne voulait plus le quitter, elle n'en pouvait plus de ce manque d'amour, et bien qu'elle venait de la trouver, elle n'avait aucune envie de laisser Nagoyaka fuir, la laisser ici, dans cette pièce sombre. L'amour qu'elle ressentait pour lui était tout nouveau mais si grand en fait. Elle ne pouvait plus se détacher de cette étreinte, elle se sentait si bien, n'étant plus pertubée par ses problèmes venant du passé ainsi que de sa famille, elle se laissa bercer par cette aura douce que dégageait cette homme qui l'avait prise dans ses bras. Yû se sentit comme protégé par toutes formes d'attaque qui oseraient la prendre en otage, encore pour l'enfermé dans cet endroit noir. Elle pouvait enfin s'arrêter de pleurer mais elle fut étonnée de la déclaration de son interlocuteur, elle eut alors les joues rosies et détourna son regard vers le côté, n'osant pas soutenir le regard du mèdecin, il souriait, et c'était tellement beau et de plus, si la Shirasaki n'arrivait pas à le regarder, elle craquerait sur le coup. Elle le trouvait adorable à l'intérieur mais à l'extérieur, il y'avait quelque chose qu'elle appréciait, peut-être son visage ? Rien qu'un simple sourire venant de sa part, la faisait perdre tous ses moyens, était-ce cela l'amour ? Elle venait d'en comprendre la leçon.

- Belle ? Que ... Torii-San ...

Elle n'osait rajouter autre chose, d'ailleurs que pouvait-elle dire de plus ? Elle n'était pas le genre de personne à affirmer ce genre de paroles, elle n'était pas modeste et encore moins prétentieuse sur les bords, elle ne savait même pas qu'on pouvait l'aimer pour sa beauté, dirai-je qu'elle ne se rendrait pas compte qu'elle était réellement jolie ? Oui, cher lecteurs. (Oui, Soren et Miyuki, Yû est quelque peu naïve sur les bords 8D)

Non, elle ne pouvait parler qu'elle sentit les lèvres de Nagoyaka se poser sur les siennes, surprise de cette action, elle se laissa quand même faire car elle adorait cette sensation, chaude et douce en même temps. Fermant automatiquement les yeux, ses petites mains étaient accrochées au haut du docteur, cette étreinte, qu'elle dure éternellement, pensait-elle. Elle ne souhaitait pas repartir de cette pièce, elle ne voulait pas se cacher pour pouvoir vivre cette amour avec lui, et pourtant, elle était obligée. Une collègienne avec un infirmier, c'était mal vu non ? Pas pour elle certes mais les autres dans le lycée le verrait sûrement mal. Elle se sentit alors malheureuse sur le coup mais l'optimisme reprit alors le dessus, elle devait faire des efforts, ce n'était pas le moment de flancher, elle le ferait, pour lui, pour Nagoyaka.

Tout comme ce dernier, elle était tellement heureuse, heureuse d'être venue dans cette salle pour pouvoir le voir, faire connaissance malgrès le fait que le début n'était pas très joyeux, mais en fin de compte, ils s'étaient tous les deux trouvés, et cela fit sourire la jeune fille qui essuya alors avec une main ses pleurs.

Bien qu'ils s'aimaient, elle devait maintenant tutoyer le mèdecin mais aussi l'appeler par son prénom, lui, arrivait à l'appeler Yû mais elle .. Elle se demandait si elle y arriverait, elle baissa le regard pour réfléchir pendant quelques minutes, c'était tellement facile à dire mais elle, tout lui bloquer, elle ne savait pas pourquoi. Jusqu'à ce que Nagoyaka la taquine, lui faisant rappeler son prénom, la Shirasaki remonta alors sa tête vers ce dernier, faisant une moue et gonflant ses joues.

- Je sais comment vous vous appelez.

Déclara t-elle alors, mais elle se tut et se rendit alors compte qu'elle l'avait encore vouvoyé. Elle respira un bon coup, les mains sur les épaules de l'infirmier maintenant, elle décolla ses lèvres.

- Nago... Nagoyaka ?

Tout d'un coup, ses joues rosirent de nouveau, le regard tourné encore une fois sur le côté, elle sentit alors les lèvres du mèdecin se poser dans son cou, cette sensation, elle l'appréciait plus que tout. Elle se sentait légère, bien qu'elle avait un peignoire sur elle, elle était toute détendue.

- Je ... Je ... Je ne veux ... Que toi.

Tiens ? Elle n'avait pas prononcer le '' vous '' ! Et cette déclaration, elle était véridique.

Il était si bien dans ses bras. Il pouvait tout oublier. Oui. Il pouvait oublier tout son passé, tout ce qu'il avait fait, ce qu'il était...Tout. Car il était si bien contre elle, et ne voulait pas penser à autre chose qu'à elle. Il voulait profiter de cet instant, même s'il était court. De plus, ces instants intimes ne seraient pas fréquents. Cela allait même être dur de se voir et de se parler seul à seul. Ca allait être tellement dur.

Il serra Yû plus fort dans ses bras. Comment feraient-ils? Oui, comment? Ils ne pourraient jamais vivre une vie normale, comme tout le monde. Pourquoi fallait-il encore que cela tombe sur lui? Pourquoi donc, maintenant qu'il venait de trouver l'Amour de sa vie, devait-il encore se cacher? De peur d'être encore rejeté....Pourquoi? Il devrait attendre minimum deux ans, pour que Yû soit majeure, mais deux ans, c'était long...Surtout s'ils ne pouvaient pas beaucoup se voir. Il ne se sentait pas le courage de marcher, main dans la main, avec une adolescente dans la rue. Peut-être que les autres penseraient qu'ils étaient père et fille? Quelle idée amusante...Non, ce n'était pas drôle du tout! Il voulait aussi lui prouver qu'il l'aimait, alors il ne voulait pas mentir. Il voulait être capable de crier haut et fort: "J'aime Yû Shirasaki, une jeune fille de seize ans!" Oui. Il voulait dire cela dans la rue, ou n'importe où, pour montrer à Yû que son Amour pour elle était plus fort que leur différence d'âge. Mais d'un côté...d'un côté, qu'est-ce qu'il se fichait bien des autres! La seule personne qui importait, c'était Yû.

Et si la famille de la jeune fille allait la rejeter pour de bon? A cause de lui? Oui, si à cause de lui, elle n'avait plus de chance de retourner dans sa famille? Ce serait terrible. Nagoyaka ne se pardonnerait pas. Et même s'il n'appréciait pas particulièrement la famille Shirasaki, cause d'avoir rejeté leur fille, elle l'aimait et faisait tout pour y retourner. Alors il ne pouvait pas rester avec elle....

Il baissa son regard vers elle. Il ne devait pas penser comme ça. Il devait se montrer fort. Pour elle. Pour lui. Pour qu'ils soient heureux, tous les deux. Oui, ensemble ils y arriveraient. Ensemble ils seraient heureux. Ensemble ils s'aimeraient, et ne se sépareraient jamais...Jamais.

L'infirmier eût un sourire amusé lorsque Yû prit son air boudeur. Elle était tellement adorable. Quand elle prononçait son prénom...il y avait une sorte de douceur et beaucoup d'amour qui s'en dégageait. Mais il rougit très vite quand il entendit ces quelques mots:

"Je ... Je ... Je ne veux ... Que toi."

En fait, il était reconnaissant envers la famille Shirasaki... Oui, ils avaient mis au monde une fille exceptionnelle. Dommage qu'ils ne s'en rendaient pas compte. Lui, en tout cas, le savait et comptait le dire à celle-ci.

"Yû...Il faut que tu saches deux choses."

Il saisit les mains de la jeune fille et la regardait, droit dans les yeux.

"Je te demandes pardon de te parler de ça maintenant, mais je veux que tu le saches....Pensée égoïste de t'infliger ça, mais....Cela te concerne, toi aussi."

Il inspira profondément. Oui, c'était égoïste de sa part. De plus, il la ferait souffrir, alors qu'elle paraissait enfin heureuse. Pourtant...pourtant il fallait qu'il le lui dise.

"Yû....si tu restes avec moi, et qu'elle le découvre, tu n'auras plus de chances, je pense, de retourner dans ta famille....tu le sais ça? Je ne veux ni te pousser à abandonner l'idée de leur prouver quoi que ce soit, ni à te forcer à le faire. Je veux juste te dire...que...que tu n'as nullement besoin de leur prouver quelque chose."

Il avala sa salive, et rougissait maintenant.

"La deuxième chose s'y rejoint....Je suis reconnaissant envers ta famille, et j'appuie encore sur le fait que tu n'as pas besoin de leur prouver quoi que ce soit, car ils ont déjà fait de toi quelqu'un d'exceptionnelle. Et je pense qu'au lieu de souffrir inutilement, tu devrais, toi aussi, te concentrer sur le bonheur...De plus, prouver je ne sais quoi ne ramènerait à rien, moi je le sais. Je le sais que tu es une fille gentille, attentionnée, et sûrement pas égoïste. Tu ne penses qu'aux autres, mais cette fois, je te demandes de ne penser qu'à toi. S'il-te-plaît. Je pense qu'ils ne méritent pas d'avoir une fille comme toi..."

Ces derniers mots étaient sortis de sa bouche. Comment osait-il dire que ses parents ne la méritait pas? Lui ne la méritait pas non plus alors.
Il mit une main à sa bouche. Il se sentait maintenant mal. Il avait une envie de vomir. Il s'éloigna donc de Yû et reculait à nouveau. Il alla au lavabo et vomit. Il n'allait pas bien du tout. Il culpabilisait, car il n'avait pas le droit de dire cela devant elle.

"Pardon.....pardon Yû...je ne voulais pas....te blesser....je suis allé trop loin...."

Il tomba à genoux et se mit à sangloter...

Yû ressentait cette grande douceur émanait du corps de l'homme qu'elle aimait, elle avait arrêté de pleurer et voulait rester pour toujours contre Nagoyaka, sa tête de nouveau posée sur son torse, elle sentait son odeur naturel, cela la rassurait pleinement d'être à ses côtés, rien que d'être avec lui et rien que lui. Bien qu'ils étaient un couple, la Shirasaki ne pouvait s'empêcher d'imaginer les rares moments intimes qu'elle pourrait avoir avec le mèdecin, déjà que leur amour était interdit au sein de l'établissement, se montrer main dans la main devant de nombreux élèves, des professeurs, les autres faisant parti du personnel du lycée, le reste, comment tout cela pouvait être possible ? Même se dévoiler de la sorte à l'extérieur était risqué, et si un lycéen les voyait tous les deux ? Que le monde était horrible. L'adolescente ne pouvait pas imaginer de tendres situations avec celui dont elle aimait, elle n'arrivait pas à trouver la moindre solution pour pouvoir vivre pleinement et tranquillement cet amour. Fallait-il alors attendre qu'elle ait la majorité en âge pour avoir cette liberté ? Il fallait attendre oui, mais question d'attente, la Shirasaki ne savait pas si elle serait patiente ou non, ce temps, ces minutes, ces heures, ces années, tout cela l'effrayait plus que tout.

Yû n'était plus seule désormais, elle avait des amis avec elle, son cousine qu'elle adorait et lui. Cet homme, peut-être qu'il atteignait presque la trentaine, et alors ? Elle avait bien le droit de l'aimer, elle était tombée amoureuse de lui. Le début de cette rencontrer semblait sûrement mitigée, mais au fil du temps, ces deux personnes ont découvert pour chacune d'elle, une facette cachée : Nagoyaka et sa culapabilité vis-à-vis de sa petite soeur qui avait eu cet accident, et la collègienne qui s'engouffrait de plus en plus dans ces abysses sombres à cause de son passé, son rejet, sa famille, elle était tellement pertubée. Et là, ils ont croisé leur regard, ce couple ne se brisera jamais, hein ? Pensa t-elle.

Elle restait immobile à mélanger ces idées dans son esprit, elle ne pouvait se détacher de cette sorte de base mais l'amour qu'elle ressentait pour le mèdecin ne s'envolait pas, elle ne le souhaitait pas, elle le voulait, point. Cependant, elle sentit les mains de Nagoyaka prendre les siennes, les mots qu'il prononça, elle les avait compris, mais son regard était rivé vers leur membres, cette chaleur, elle pouvait la percevoir, quel soin bénéfique, elle ne pouvait plus s'en passer. Elle n'osait pas regarder l'infirmier en face, pourquoi ? Craquerait-elle ? Néamoins, analysant les phrases qu'il disait, elle leva vite sa tête vers celui-ci, une expression montrant le fait qu'elle était visiblement inquiète, se dessina sur son visage. Pourquoi, pourquoi parlait-il de sa famille ? Ce groupe qui avait rejeté délibérément la jeune fille, tout ça parce qu'elle n'était pas surdouée, ce n'était qu'une raison stupide pour l'éloigner du monde. Par cette faute, elle s'en était forgé un, encore plus sombre que celui qui baignait dans la réalité. S'enfermant alors dans cette pièce sombre, elle avait commencé à construire une sorte de puzzle avec des morceaux de papier blancs, seulement. Les dessins produits ne voulaient rien dire mais quand cette plume venait alors à se poser à ses pieds, quelques motifs vinrent se dessiner, et cette lumière.

Nagoyaka ?

L'entends-tu ? L'aimes-tu ? Cette voix résonna dans l'esprit de la petite Shirasaki qui resta figée, observant les yeux rouges sang de son interlocuteur. Elle voulut dire quelque chose mais aucun mots ne sortirent, déjà que parler des Shirasaki la mettait mal à l'aise, d'ailleurs pourquoi avoir aborder ce sujet ? Elle détourna alors son regard vers le côté, sa frange cachant un peu ses beaux yeux bleus océans, et vu que le silence régnait, elle ne pouvait ajouter quelque chose laissant alors l'atmosphère sombre être de retour temporairement, cette lumière, où était-elle maintenant ? Où voulait-il en venir ?

- Torii-San ... Na ... Nagoyaka ... Je ...

Elle n'eut le temps de prononcer un mot qu'elle sentit cette douce étreinte s'en allait loin d'elle, le docteur alla vite vers le lavabo pour vomir, cette douleur, il la ressentait encore ? Toujours à genoux sur le bureau, Yû n'avait aucune envie de bouger d'elle-même, ses mains se joignaient alors, et son regard était de nouveau rivé vers eux, comme si elle voulait revoir cette plume blanche intense de lumières qui ne représentait que cette clé, lui, cet infirmier, Nagoyaka ! Pourquoi ? Pourquoi s'éloignait-il d'elle ? Elle ne voulait pas, pitié, elle le suppliait même.
Elle devait penser un peu plus à elle ? C'était vrai mais cette idée l'effrayait aussi, quand elle le faisait, il y'avait toujours quelque chose qui n'allait pas, une personne sans doute qui la rabaissait à chaque fois. Egoïste ? Oui, elle se faisait traiter de la sorte, mais pourquoi ? Toutes ces questions, ces réponses, c'était tellement inconnu à ses yeux !

Elle resta alors à genoux sur la table, ses longs cheveux retombaient sur le long de son frêle et fragile corps. Sa voix douce et tremblante se fit entendre.

- Pourquoi ... Pourquoi parlez-vous de ma famille ? J'en .. J'en ai assez ... Torii-San ... Je ne veux plus retourner chez moi, voir ces personnes ... Cela me terrifie plus que tout ... Je me sens tellement bien ici, parmis ces inconnus, mes amis, les professeurs, et vous. Ce bonheur, je l'ai déjà entre mes mains. Je vous aime, et c'est tout ce qu'il compte. Cette liberté, cette gaieté, elle est là ... Là, ici.

Elle venait de le comprendre. Pourquoi trop faire affaire avec les Shirasaki alors qu'elle n'avait plus aucune chance de revenir parmis eux ? C'en était certes ! Mais elle avait été éloigné vite fait du cocon familiale. Mais à force d'en parler et d'essayer de s'en persuader, elle trembla de tout son corps, elle avait besoin de Nagoyaka, cette étreinte ... Elle avait une envie de pleurer, oui, encore, sensible elle était.

Cette souffrance.

La ressentait-elle là, en ce moment ? C'était impossible pourtant, il y'avait l'infirmier avec elle et pourtant, tout en se levant, elle put se déplacer et toucher de ses pieds nus le carrelage froid, elle n'aimait pas voir le jeune homme sanglotait, et la main tendue vers lui, elle voulut prononcer ces fameux mots.

- Nagoyaka ... Je ...

Soudain, un flash passa dans sa tête, un souvenir brusque. Cette scène, elle revoyait des images d'un bâtiment puis les arbres, ces bois sombres, ces cris. Cette salle d'opération, ces mèdecins qui osaient la toucher pour la soigner, la vue qui se brouillait. Des pleurs, on entendait une petite fille verser des larmes, seule dans cette chambre. Etant redressé, le dos contre un coussin, elle avait le visage rivé vers la fenêtre, et quand elle le tourna vers nous, elle possédait un énorme pansement sur sa joue gauche, ainsi qu'un petit sur son autre. Un bandage sur son front qui entourait sa tête, les cheveux retombant sur ses épaules, ses yeux bleus océans, elle pleurait, oui elle pleurait, de tout son corps. Cette douleur, elle pouvait la ressentir de nouveau. Cet accident, cette personne partie.

Dans la réalité, la Shirasaki resta immobile puis mit sa tête entre ses mains, les yeux reflétant la peur. Elle titubait en arrière puis retomba sur ses genoux, rencontrant alors le sol frais.

- Que ... J'ai ... J'ai ... Qu'est-ce qu'il m'arrive ... Ce souvenir ... Ce ... Ce n'était pas de ma faute.

Elle secoua négativement sa tête, sa voix qui monta alors, toujours aussi douce mais on pouvait percevoir de la peur. Des larmes perlèrent.

- Ce n'était pas de ma faute, ce n'était pas de ma faute ... Je voulais ... Je voulais ...

Ces crises ... Pitié. Arrêtez.

- Aidez-moi ... Aidez-moi ...

Ce bonheur dont lui avait parlé Nagoyaka, elle l'avait ici entre ses mains, mais pourquoi ? Pourquoi tant de souvenirs revenaient en elle, tout d'un coup ? Quelle réponse devait-elle donner ? Il y'en avait tant ...

Cette nausée....Il avait encore envie de vomir...C'était plus fort que lui. Il se sentait tellement mal. Ses larmes coulaient sans retenues le long de ses joues et venaient s'écraser sur le sol. Ses mains étaient appuyées contre le carrelage froid de la pièce. Il s'en voulait tellement...

D'ailleurs, Yû lui demanda, d'une voix qui tremblait, pourquoi il lui parlait de sa famille. Parce qu'elle était bien ici, dans le lycée, avec lui et tous ses amis... C'est vrai, pourquoi en avait-il parlé? Pourquoi? Il avait juste voulu la prévenir que le but de la jeune fille, donc de retourner dans sa famille, serait compromis, par leur amour interdit, rien de plus.. C'était tout, jamais il n'avait voulu lui faire du mal...Jamais il n'avait eu l'intention de la faire souffrir. Jamais... Au contraire, il voulait la voir sourire, la rendre heureuse....Et lui...lui il ne venait que de lui rappeler de mauvais souvenirs. Il s'en voulait énormément.

Puis elle s'était levé dans le but de s'approcher de lui, et eût juste le temps de prononcer son prénom qu'elle fût prise dans une sorte de transe, et que son expression sur son visage changea en un éclair. Elle tomba finalement sur le sol. L'infirmier voulut la rattraper, mais pourtant il ne bougea pas. Il était de nouveau figé, comme durant cette journée.....

Elle semblait perdue, se parlant à elle-même. Elle semblait s'en vouloir...Qu'est-ce qui se passait? Nagoyaka ramena une main à son visage et pleurait. Il lui avait rappelé un mauvais souvenir....C'était de sa faute. Si seulement il n'était pas né...

"Oui, si seulement....."

C'était sa malédiction. Non. Le problème....

"C'est moi."

Il ne pouvait pas rester avec quelqu'un sans lui faire de mal. Non, il n'en était décidément pas capable. Il était né comme ça, il ne pouvait rien y changer...Il était celui qui apporte le Malheur, la Tristesse, la Souffrance....Et Yû, elle, était tout son contraire. Alors pourquoi souffrait-elle? Pourquoi...? Il avait encore blessé quelqu'un qu'il aimait....D'abord sa soeur, qui fût tuée, et maintenant Yû, qui pleurait et souffrait...Dorénavant il était sûr qu'il était maudit et qu'il était un assassin. La preuve? Elle se trouvait juste devant lui...Cette jeune fille, à qui il avait prononcé quelques mots, était en train de souffrir par sa faute.

Il était toujours à genoux sur le sol. Du sang coula de ses lèvres, qu'il était en train de ronger. Son regard, de nouveau horrifié, n'arrivait pas à se poser sur Yû qui demandait pourtant de l'aide. Il ne pouvait pas l'aider, il ne devait pas l'aider...Parce qu'il ne voulait pas la faire souffrir encore plus. Non, il ne voulait pas...

"Pardonne moi.....s'il-te-plaît....pardonne moi...pardonne moi...pardonne moi....."

Il la suppliait, car il ne voulait pas qu'elle le deteste. Ce serait tellement horrible, mais il le méritait, car il l'avait fait souffrir. Il savait pourtant que cela ne changerait rien. C'était trop tard......Comme lorsque la voiture avait percuté Hana. C'était pareil en ce moment. Oui, exactement pareil. La voiture avait déjà blessé Yû, c'était de sa faute, et il était de nouveau inutile. Incapable de faire quoi que ce soit. Encore une fois....Oui, il avait l'impression de revivre ce moment. C'était horrible. Il fallait...Il fallait...

Soudainement il baissa son regard sur ses deux mains.

Il fallait qu'il se punisse. Il le fallait, pour que justice soit rendue. Un sourire assez dément se forma sur le visage de l'infirmier. Puis il se mit à rire, d'un rire tellement inhabituel, tellement dérangé qu'on aurait dit un fou. Puis finalement, le regard tout aussi débridé, il commença à frapper ses bras contre le mur, le sol...tout ce qui se trouvait dans le rayon de ses bras. A un moment, on entendit un craquement, mais cela ne sembla pas gêner plus que ça l'infirmier qui continuait, l'air plus aliéné que jamais. Il vociférait des mots incompréhensibles, qui exprimaient toutes sa douleur et sa rage contre lui-même.

Soudain ses bras ne se balançèrent plus, il s'arrêta net, la tête vers le plafond. Son air dément avait disparu, et avait laissé place à un air vide d'expression. Sa bouche était entre-ouverte. Et sans bouger la tête, il regardait autour de lui, comme s'il avait oublié tout ce qui s'était passé. Mais il n'en était rien. C'était plutôt une sorte d"overdose". Il regardait ainsi les traces de sang qu'il avait laissé sur les murs et le sol, au contact violent de ses bras; puis son regard se porta sur la jeune fille, qui pleurait au milieu de la pièce.
Il tendit ses bras ensanglantés vers elle, un sourire doux sur le visage. On pouvait voir que l'angle de son coude droit n'était pas normal, mais cela ne semblait pas le gêner. Pour l'instant, tout ce qui importait c'était elle. La jeune fille qui pleurait par sa faute.

"Yû?"

Il avait parlé d'une voix étrangement calme, vu la situation. Puis, tout en s'approchant d'elle, en rampant presque, il continua, toujours sur le même ton:

"Regarde....Tout va bien maintenant, je suis là....Je suis là....Ne pleure plus...S'il-te-plaît, ne pleure plus....Je te demande pardon...."

Il s'approcha de Yû jusqu'à ce qu'il soit à un mètre d'elle. Arrivé à ce point, il s'arrêta et tendait toujours ses bras vers elle. Et cette fois, d'une voix peu convaincue, il lui demanda:

".....Tu me pardonnes....n'est-ce pas...?"

Des larmes recommencèrent à couler. Il était impardonnable....

Son corps était si faible, cette petite fille, allongée dans ce lit, blessée, elle ne pouvait bouger pendant quelques temps, ce n'était pas de sa faute, elle n'y était pour rien, tout ce qu'elle voulait était de goûter à cette liberté, cette sensation qu'elle n'avait jamais ressenti, cet air pur qu'elle n'avait pu respirer quand elle avait fui le domaine des Shirasaki pour au final se perdre dans ces bois sombres, trébuchant de partout, elle tombait pour ensuite ne plus se relever, pour alors se réveiller dans cet hôpital. Pleine de remords, l'enfant était seule, pleurait à chaudes larmes, les larmes de son corps se dévoilaient, cette expression sur ce visage larmoyant.

Ce souvenir, Yû voulait l'oublier, pourquoi donc était-il revenu en elle ? Le bonheur, ne l'avait-elle pas trouvé juste à l'instant ? Elle le tenait pourtant dans ses mains, elle n'était, en plus pas seule pour le faire.

Nagoyaka était là, elle souhaitait rester pour toujours à ses côtés, être heureuse avec lui. Elle vivait un amour interdit, et alors ? Elle ferait des eforts pour pouvoir surmonter tous ces moments sans la présence de l'infirmier. Oui, elle y arriverait pour lui. La collégienne ressentait quand même cette douleur en elle, essayant d'enlever sa famille de son esprit, elle se rendait compte que c'était une chose impossible à entreprendre comme action. Elle a été rejetée par les siens et pourtant elle n'arrivait pas à les haïr. On ne pouvait pas detester sa propre famille de toute manière, on avait toujours cette petite pointe d'affection. Yû ne pouvait pas oublier cette base, malgrès le fait qu'elle soit née dans une famille qui n'était en aucun cas normale, elle n'avait aucunement reçu d'amour maternelle, ni connu ce sentiment vritable en aimant et pourtant, avec ce coeur meurtri qu'elle avait déjà, elle sentait cette envie de dire '' merci '', ce simple mot qu'elle ne pourrait prononcer en leur présence, elle le pensait, elle aurait aimé les remercier de lui avoir donné naissance, oui, elle vivait maintenant pour pouvoir tout découvrir de ce monde réel, les erreurs, la vérité, cet espoir, elle parcourait son propre chemin pour alors apprendre ces notions jusqu'à sa mort.

Cet univers avec ce puzzle imaginaire qu'elle avait construit et ces pièces qui s'étaient envolé pour ne plus jamais revenir, cette pièce sombre dans laquelle elle était enfermée, donc tout était fini ? C'était triste à voir, car depuis sa petite enfance, la jeune fille n'était jamais sorti de cette sorte de cocon ténèbreux, elle y restait pour pouvoir rassembler ces morceaux de papier essayant de créer un dessin. Elle se disait de ne plus jamais sortir de cette chambre, sa vie était ici, et pourtant quelqu'un avait pu percer cette illusion, cette plume rayonnante de lumière, cet homme ... ?

Cette illusion, ce cauchemar qu'elle vivait rien qu'en revoyant cette scène horrible, la solitude était bel et bien là. Cette enfant blessée dans ce lit, ce n'était qu'elle, Yû Shirasaki. La collègienne voyait défiler ses images dans sa tête, ce film se figea alors pour devenir un tableau se brisant en mille morceaux. La Shirasaki sanglota, son regard était tellement triste à voir, où était passé son joli sourire ?

Disparu, ensevelli sous ses larmes, elle tremblait de tout son corps, les mains sur ses tempes, sa vue se brouilla pour alors lui montrer la réalité en face. Un rire la tira de sa vision, elle se sentait si faible, abaissant ses bras, elle fut horrifiée de voir l'homme qu'elle aimait changer d'un coup, ce sourire, cette voix, ce n'était pas lui, et ses mains, il se faisait encore mal, marmonnant des mots que Yû n'arrivait pas à comprendre.

Ce n'était pas Nagoyaka, cet homme qui riait devant elle, c'était un inconnu, ce qui fit encore plus pleurer la jeune fille qui mit sa main sur sa bouche, elle n'arrivait pas à exprimer sa peur, son angoisse. Avait-elle peur du docteur ? Non. Mais de celui qui ricanait, oui. Tout s'arrêta, ce silence pensant revint, et l'infirmier se calma, se rapprochant de l'adolescente, les bras tendus vers elle celle-ci, ses mains ensanglantées. Le ton de sa voix, de ses paroles, elle n'était pas rassurante, mais Yû, sous le choc ne fit que rejoindre son amour, rampant, elle ne comprenait plus rien, il voulait son pardon ? Il n'avait rien fait.

Doucement, la Shirasaki, tremblante, saisissa la main de l'infirmier, elle était entourée des deux membres de Yû, les réchauffant à travers ce sang. Ses lèvres se décollèrent, elle n'osait pas regarder les yeux de Nagoyaka, elle en avait peur, et pourtant daigna le faire. Sous ses larmes, elle prononça.

- J'ai peur.

Elle n'arrivait pas, elle regarda sur le coté, sanglotant et osa continuer à parler.

- J'ai peur quand tu ris de cette façon, cela m'effraie. Ce visage, ce sourire, ce n'était pas toi, hein? A cet instant.

Elle le tutoyait même.

- Pourquoi demandes-tu le pardon ? Tu n'as rien fait. Nagoyaka, j'ai tellement peur, peur que tu disparaisses, peur que tu ne partes, peur de te voir te blesser, peur que tu t'éloignes de moi. Je suis angoissée, rien qu'en y pensant.

Le sang coula sur ses deux mains, la manche du peignoire pris un peu une teinte rougeâtre. Yû ne lâcha pas le docteur, elle ajouta.

- Alors, je t'en supplie, ne te blesse plus. Quand tu te fais mal, c'est comme si mon coeur se prenait des coups, tu souffres ? Je souffre aussi. Et tu sais pourquoi ?

Elle respira un bon coup et le regarda, un tendre sourire rempli d'espoirs se dessina sur ses lèvres, sous ses pleurs continuels.

- Parce que je t'aime.

Et jamais, Yû n'abandonnera Nagoyaka.

Ses bras blessés, ce coude brisé, cette douleur....elle n'était rien comparé à la douleur de son coeur. Non, rien du tout. Voir ainsi pleurer celle qu'il aimait, en plus par sa faute, c'était une épreuve à laquelle il avait du mal à assister. C'était tellement dur d'accepter cette réalité....Cette réalité était que c'était encore de sa faute, et que jamais il ne la rendrait heureuse. Jamais. Avec lui, elle ne connaitrait pas le bonheur. C'était impossible. La preuve était qu'il y a quelques instants encore, les plus beaux moments de sa misérable et pathétique vie, il enlaçait et embrassait sa chère et tendre. Il lui avait promis qu'il ne se ferait plus mal, et pourtant....Pourtant il avait encore tout raté. Comme il le faisait si bien. Il n'était même pas capable de respecter une promesse faite à celle qu'il aimait. Il n'était qu'un incapable. Il ne pouvait apporter que la souffrance, le desespoir, le malheur....Il n'était bon qu'à ça. Il se detestait tellement. Il voulait disparaître, là, maintenant. Mais ce serait encore fuir, fuir la réalité qui se trouvait là, juste devant lui...

Oui. La jeune fille qui se tenait juste devant lui et qui pleurait, l'air effrayé maintenant. Effrayée? Avait-elle peur de lui? Oui, elle venait de le lui confirmer, alors qu'elle était venue lui prendre une de ses mains. Elle lui avait dit qu'elle avait peur, peur de lui quand il se comportait de cette manière.... Mais il ne lui en voulait pas, au contraire, il était presque heureux, même si cela lui faisait mal d'entendre ça, qu'elle soit sincère, et l'accepte malgré tout. Oui, à cet instant, son Amour pour elle devint encore plus grand, même s'il était déjà très fort, car elle lui avait encore montré à quel point elle l'aimait, et parce qu'elle l'acceptait...encore une fois elle l'acceptait.
Cette personne...Ce "n'était pas lui" en effet...C'était assez compliqué. A ce moment, il avait laissé ses sentiments et ses émotions exploser...Ses pulsions, celles qui sont enfouies au plus profond de nous même, le ça, avaient pris le dessus. Ses émotions étant devenues trop dures à contrôler, il s'était "laissé aller"... C'était ce qu'il ressentait au plus profond de lui même: un sentiment proche de la folie. De la folie, car il avait blessé la seule personne qui comptait vraiment pour lui, la seule personne qui l'ait accepté, tel qu'il était, et qui ne le rejetait toujours pas...Elle s'accrochait à lui, elle ne le laisserait pas. Elle le lui avait dit.

Il l'écoutait parler, la tête baissée, honteux...Elle ne voulait pas qu'il se blesse, qu'il disparaisse en la laissant seule, car elle avait peur. Elle avait peur de le perdre. Elle lui pardonnait même. En fait non, elle lui disait qu'il n'avait pas besoin d'être pardonné. Car il n'avait rien fait. Elle parlait sérieusement, sincèrement.... Nagoyaka versa quelques larmes.
Il avait toujours la tête baissée, mais la releva légèrement quand il entendit qu'elle souffrait aussi lorsqu'il se faisait du mal...tout ça parce qu'elle l'aimait. C'est à ce moment, à cet instant précis qu'il sanglota à nouveau. Il ne comprenait pas pourquoi elle l'aimait, il ne comprenait vraiment pas... Encore une fois, c'était lui qu'on aidait, alors que c'était Yû qui avait besoin d'aide. Et lui, il ne faisait qu'empirer les choses. Il avait dit qu'il la protégerait, et tout ce qu'il avait trouvé à faire, c'était lui demander pardon et se punir.... Au lieu de ça....

"Au lieu de ça, j'aurais dû venir te réconforter...te dire...que tout va bien...J'aurai dû te prendre dans mes bras, et ainsi...ainsi ta douleur se serait peut-être apaisée....Pourtant...Je n'ai fais qu'empirer les choses...Je t'ai fait souffrir....Je t'ai fait souffrir en me faisant du mal, en te rappelant ces mauvais souvenirs...Alors, pourquoi? Pourquoi m'aimes-tu encore? Qu'ai-je fais pour que tu t'attaches à moi de cette manière? Je ne comprends pas!"

Il posa son autre main sur celles de Yû, et continua:

"...Je sais que tu n'aimes pas que je dise...des choses comme ça...mais je suis...je suis incapable de te rendre heureuse...J'en suis incapable, même si je fais des efforts!"

Tous ses espoirs s'envolaient, tout ce bonheur, il le voyait disparaître...Là, il avait l'impression que ce chemin redevenait noir. Il avait peur. Voilà ce que Yû avait dû ressentir juste avant, quand il s'était éloigné d'elle... Toutes les couleurs si vives avant, redevenaient sombres et ternes...Ce chemin, cette lumière sur ce chemin, elle disparaissait. Lui voulait l'attraper, mais se faisait repousser, car il était l'ombre....Il ne pouvait saisir la Lumière: il était les Ténèbres. Il essayait vainement, sans relâche de l'attraper. Il fallait qu'elle revienne, pour que ces couleurs qu'il aimait réaparaissent et fasse de ce chemin un chemin parcourut de bonheur, malgré les quelques zones d'ombres qui persistaient. Il voulait que Yû reste avec lui, à ses côtés... Pourtant, il ne voulait pas la blesser....Il ne voulait plus lui faire de mal. Que devait-il faire?

Ses yeux s'ouvrirent tout grand, comme s'il venait de trouver la vérité. Mais oui, il fallait qu'il fasse des efforts, comme Yû en ferait...C'était ça qu'il devait faire. Car sinon, s'il disparaissait, il la rendrait encore plus triste... Et ça, il ne le voulait pas. Car en restant avec elle, il avait des chances de la rendre heureuse...Oui, il pouvait lui apporter le bonheur s'il faisait des efforts..S'ils faisaient des efforts, ensemble. Tous les deux, ils pourraient acceder à tout.
Il ferait en sorte que jamais plus ce genre de choses ne se produisent. Il ferait en sorte de ne plus se blesser, et ainsi de ne plus la blesser. Il ferait en sorte de se contrôler...Et ainsi....

"Ainsi, je pourrais te rendre heureuse..."

C'est alors qu'il releva sa tête vers Yû, un sourire plein d'espoir sur le visage. Un sourire qui respirait le bonheur.

"Je ferais des efforts....Pour toi, pour moi...Pour que l'on puisse acceder au bonheur nous aussi. Car je pense maintenant, grâce à toi, que tout le monde a droit au bonheur...Tout le monde a le droit à une deuxième chance...comme toi tu m'en as donné une deuxième...Je veux être heureux avec toi...Je veux vivre avec toi...Je veux partager le bonheur, la tristesse, la souffrance, la gaieté, la joié avec toi...Et qu'importe le temps qu'il faudra attendre pour vivre ensemble et se voir comme de vrais amoureux...Qu'importe le temps, du moment que nos coeurs et nos sentiments l'un pour l'autre sont là..."

Il prit Yû dans ses bras.

"..Tu as le droit au bonheur..je t'aiderai moi aussi. Je veux t'être utile, alors si tu es triste, je veux que tu te confies à moi...Parce que moi aussi je t'aime Yû. Je t'aime et moi non plus je ne t'abandonnerai jamais...Jamais, tu entends? Je t'aime Yû....."