~It's time [PV Nero]

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu le triste regard de ma mère lorsque je m'étais éloignée de la demeure. Mon départ en direction de ma nouvelle école avait été des plus banals, du moins pour une personne telle que moi. C'était comme lorsque je partais me balader, dans une ville pas aussi grande que lorsque je m'en allais. Mon chauffeur était venu me chercher à une heure raisonnable, tout d'abord pour s'occuper de mes affaires et ensuite le temps que mes parents me fassent leurs recommandations, qui bien sur ne seraient pas écoutées. Ainsi, cette fois-ci, j'allais m'en aller pour de bon. J'allais enfin être détaché de l'amour étouffant de ma famille. À cette pensée, j'en avais presque le sourire aux lèvres.

Cette fois-ci j'étais partie. La Berline noire démarra brusquement comme à son habitude, faisant alors défiler devant moi, pour la dernière fois surement, le paysage montagnard ou mon ancienne résidence était. Après quelques heures de routes, regardant par la fenêtre, j'eus presque été surprise par le décor bordant l'autoroute. Tout était vert, les arbres, les troncs couverts de lichen, leurs frondaisons dégoulinantes de mousse, le sol encombré de fougères. Même l'air filtrait à travers les feuilles avait des reflets verdâtres. Une overdose de verdure me monta au nez, comme si on venait de me montrer quelque chose de terrifiant, ma voix s'éleva froidement vers mon conducteur pour lui demander quand est-ce que l'on arriverait. Ce n'était pas vraiment mon genre d'agresser comme ça, celui qui m'avait toujours conduit ou mon bon sens voulait aller. Bien entendu, il me répondit calmement et je m'excusais par la suite de mon comportement. Ce fut sur ces brèves paroles, que mes yeux se fermèrent pour en oublier mon entourage.

Le bruissement des pneus me fie sortir de mes pensées, pour ainsi remarquer que j'étais arrivée. Pour être franche, ce n'était pas du tout dans cette atmosphère que j'avais espéré commencer en quelque sorte ma nouvelle vie. Il ne faisait pas froid, les rayons de cette énorme boule de chaleur brûlaient bien trop et je sentais déjà l'atroce odeur de la transpiration des sportifs me chatouiller les narines. Mais ce n'était pas ça qui allait m'empêcher de continuer ma route vers la liberté. Mon conducteur déposa mes affaires près du portail assez rapidement et me fit signe de son départ. Venant à me dire ce que je regrettais une nouvelle fois, un serment sur le fait de se conduire avec les autres, et surtout de ne pas faire de bêtises comme j'en avais la candeur. Je le remerciai alors poliment et lui afficha un léger sourire assez amical pour sa précieuse aide et ses paroles inutiles, certes, sur ce point là, je préférais ne pas lui faire part de mes pensées.

D'un pas presque angélique, je me dirigeais bagages aux mains vers le hall, qui me semblait d'ailleurs encore loin. J'aimais marcher mais pas dans ces conditions. S'en était presque humiliant pour moi de porter mon personnel. Comme disait mon père, il fallait un début à tout. Et cela en faisait bien partit. Le grincement de la porte en fer qui menait à l'endroit accueillant bourdonna péniblement à mon oreille, alors que j'avais encore la somptueuse mélodie de mon piano et du morceau joué la veille. En mettant un pied dans la pièce spacieuse, mes yeux scrutèrent rapidement et minutieusement les coins et les recoins qui étaient devant moi. Mélangeant le classique, au baroque, un sourire en coin ne pu que s'affichait par ce goût assez lucratif, mais qui plus est, me semblait raisonnable pour les élèves qui y passaient aisément. Mon premier réflexe quand mon dernier talon vint à arriver au milieu de la pièce fut de déposer lourdement mes affaires. Etant tellement absorbé par on ne sait quoi que je rentrais en pleins dans une personne. Me demandant encore comment cela pouvait-il arriver. Et surtout ne réalisant même pas ce qui venait de m'arriver.