Izumi Sâto

* Si un jour, on m'avait dit qu'il fallait que je raconte ma vie à un psy, j'aurais ris...*

Assise dans la salle du psychologue, la jeune femme n'attendait qu'une chose : la fin de la séance. Des psy, elles en avaient vu des tas. Son père pensait qu'Izu avait un problème : elle ne parlait jamais, ne sortait pas avec des amis. A peine arrivée à Nagoya que son père s'était empressé de prendre rendez vous pour elle. Chose obligatoire pour ne pas retourner vivre dans le cocon familiale.

- " Bonjour, mademoiselle, je vous prierai de bien vouloir vous présenter afin que nous débutions la séance. "

- " Bonjour, je me présente Izumi Sâto, j'ai 18 ans. "

-" C'est votre pére qui a pris le rendez vous, parlez moi un peu de lui, de vos parents, avant de vous connaître il faut d'abord que je sache comment est votre entourage. "

-" Mon père, Lee Sâto, est d'origine japonaise. C'est une sorte de représentant commerciale dans les jouets. Il parcours le monde, et une bonne partie de l'année, je ne le vois pas souvent. Bon le côté positif c'est qu'il ne me colle pas aux basquettes. Il a rencontré ma mère, que je n'ai pas trop connue. D'ailleurs, je ne sais pas comment elle s'appelle ! Je suis le fruit d'une nuit d'un soir durant l'un de ses nombreux déplacements, une non-désirée comme dirait mon demi-frère. Mon père est un homme à femme, l'abstinence est un mot qu'il ne connait pas, et ce soir là, il n'y avait pas de protection. Enfin c'est pas moi qui vais m'en plaindre ! Bref. Ma mère informa mon père qu'elle était enceinte. Lui, se fichait totalement d'avoir une bouche de plus à nourrir. C'est surtout qu'il avait peur de payer une pension, et accepta de me prendre avec lui. Sa femme dans tout ça ? Ca faisait déjà bien longtemps qu'elle l'avait quittée. Ce n'était pas la première fois qu'il revenait avec un gamin non légitime dans sa valise. Au bout du deuxième, elle est partie avec une femme. Je trouve ça assez comique d'ailleurs. "

-" Effectivement, votre enfance a dû être difficile, vivre sans votre mère a dû être difficile. Non ? "

-" Ecoutez, on est obligé de faire ça ?! J'ai pas besoin d'en parler... "

-" Mademoiselle Sâto, votre père s’inquiète "

-" Il s'est rendu compte qu'il avait des enfants, et c'est pesant ... "

-" Je comprends que vous n'appréciez pas qu'il paye quelqu'un pour vous entendre dire ce qui ne va pas. Mais plus vous vous ouvrirez à moi, plus vous vous sentirez mieux, vous verez... Poursuivons sur un autre sujet, nous parlerons de votre mère plus tard. Vous êtes d'accord ? Avez-vous des frères et soeurs ? "

-" Finissons-en. J'ai un frère et une soeur, Yasuaki et Kaori. "

-" Des enfants légitimes ? "

-" Eux aussi sont des pièces rapportées. Chouette famille hein ? "

-" Il n'y a pas de famille idéale, sachez le. Donc vous êtes la cadette. Votre nom ne me dis rien, vous êtes de la région ? "

-" J'ai passé mon enfance avec mes grands parents à Tokyo. "

-" Votre pére n'était pas présent durant votre enfance. Pourquoi Nagoya, Tokyo ne vous plaisez pas ? "

-" Tokyo, est une ville que j'ai trop vu. Je devais changer d'établissement scolaire, j'ai donc décidé de partir, c'était le moment ou jamais. "

-" Le moment ? "

-" J'ai besoin de changer d'air, je suis venue pendant les vacances ici, étant donné que je ne connais personne, je me dis que ce serait peut être l'endroit idéale pour être tranquille. Mon père a mal réagit, enfin il a imposé un psy, c'est là que vous entrez en scéne. Sachez que je n'ai aucune envie de vous voir et que vous m'êtes antipathique. Vous ne me supporterez pas longtemps. Les autres aussi pensaient pouvoir m'aider. A quoi ?! Je ne sais pas, je me sents très bien. La solitude me plaît, je n'ai besoin de personne. Je suis capable de me débrouiller et je ne vois pas en quoi être seule devrait être une tare. "

-" ... Vous êtes loin d'avoir votre langue dans votre poche. Pourquoi vous renfermez vous sur vous même ? Serait ce à cause de l'absence de votre mère ? Vous arrive t-il de penser à elle ? "

-" Très bien, vous voulez un topo de ma vie ?! Je vais vous en donner un ! Ca va faire 18 ans que je vis sans mère, non je ne ressents aucun manque puisque je ne sais pas ce que c'est d'en avoir une. Je n'en veux à personne de m'avoir donné la vie ou je ne sais quelle connerie ! Je ne suis pas renfermée mais tout simplement pas sociable. Et alors ?! Qui est ce que ça gêne ?! Je n'ai jamais été proche de qui que ce soit. Ma vie est tout ce que j'aime ! Mon frère et ma soeur eux aussi sont parti je ne sais où. On a toujours su se débrouiller seuls. Les liens fraternels n'éxistent pas chez nous. Tous gamins, on ne se mélangeait jamais, que ce soit avec les autres élèves ou bien entre frère et soeurs. Je n'ai jamais été très présente en cours, d'ailleurs je sais très bien que l'argent de ma famille me fera vivre jusqu'à la fin de ma vie sans travailler. Alors dès que j'en avais l'occasion, je séchais les cours pour rêvasser dans un endroit isolé. Il y a un mois, j'ai appris que mon pére avait eu une promotion et ne voyagerait plus. Il s'est aussi rendu compte qu'il avait des gosses qui ne faisaient rien, alors tout est devenu moins facile. L'argent que l'on recevait continuerait d'être versée si les moyennes augmenteraient. Pour ne pas être tout le temps espionnée, je suis partie. Je vais devoir payé quelqu'un pour faire mes devoirs, et continuer de faire acte de présence. Vous êtes content ? J'éspère, parce que c'est la dernière fois que vous me verrez. Je trouverez un psy, qui acceptera de ne pas poser de question pendant une séance sans le répéter à qui que ce soit ! Mon pére n'a pas besoin de croire que je vais mal ! "

Vous connaissez cette colère difficilement contrôlable ?! C'est cette même rage qui avait pris possession du corps de la jeune femme. Elle se leva du sofa, se dirigea vers la porte, et sorti de la pièce.

* Quel connard ! *

C'était son premier jour à Nagoya, et déjà une embrouille. Heureusement pour elle, le paysage de cette ville était magnifique, c'était d'ailleurs ce qui l'avait attirée pour ses fameuses vacances. La forêt, le lac, les sources d'eau chaudes... Le calme quoi. Elle espérait y trouver un peu de répits loin de Tokio et de la population qu'elle ne pouvait plus supporter. Maintenant, la demoiselle allait devoir entrer en cours et commencer une nouvelle année, qui promet de ne pas lui réussir, comme les précédentes.