Cours particulier [Keisuke-x-Makoto]

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Le temps était réellement superbe. À l’ombre des arbres, dans les jardins du lycée, la journée s’annonçait particulièrement agréable. Et Keisuke ne serait pas le dernier à en profiter. Il étendit ses longues jambes dans l’herbe. Bon, il avait tenu à faire les choses sérieusement : il avait amené son livre d’Histoire, le professeur Maeda ne serait ainsi pas dépaysé.

Le professeur Maeda.

Keisuke s’allongea pour observer les feuilles qui dansaient dans la brise matinale. Durant le cours d'Histoire, Makoto Maeda l’avait séduit par son charme et son entrain. Ce professeur n'avait rien de commun avec ceux qu'il avait connu jusqu'à présent. Il était… différent. Keisuke aimait ce genre de personnes, assez sûres d’elles pour ne pas douter de leur charme, et assez intelligentes pour ne pas abuser de cette certitude. À la seconde où il l’avait vu, il n’avait plus eu qu’une seule idée en tête : tenter sa chance. Après tout, qui ne tente rien…

Il ignorait si le professeur viendrait ou non. Il comptait surtout sur son instinct d’enseignant. Maeda était-il prêt à laisser un élève se débrouiller seul dans la jungle historique ou était-il prêt à l’aider, malgré la quasi-certitude qu’un jeu de séduction se déroulerait à l’ombre des arbres ? Cette incertitude amusait aussi Keisuke, et si l'on y ajoutait l'ignorance totale du résultat de ce jeu, il y avait là tous les ingrédients pour faire de cette matinée un challenge plus qu'intéressant.

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Makoto détestait se retrouver dans ce genre de situation. Il avait parfaitement saisi les allusions faites par Keisuke en classe, et il se doutait que le cours particulier demandé par son élève n’avait pour seul but que de se retrouver seul avec lui. Ses livres sous le bras et une canette de bière dans l’autre, il se demandait de quelle façon il pourrait esquiver le problème.

Sortir avec un professeur. Les élèves n’avaient-ils pas d’autres préoccupations que celle-ci ? Sortir avec un professeur n’amenait que des ennuis… Il était bien placé pour le savoir. Deux ans durant, il avait espéré, et pour finir il se retrouvait au Japon, plus seul que jamais. Non, sortir avec un professeur était réellement une idée stupide. C’était d’ailleurs la raison essentielle pour laquelle il se refusait toute aventure avec l’un de ses élèves. Il aurait pu céder – il était encore assez jeune pour cela, et il avait assez de succès pour avoir le choix – mais définitivement, cela lui était impossible. Il espérait pouvoir le faire comprendre à Keisuke…

Lorsqu’il arriva en vue des jardins, il repéra presque immédiatement son élève. Étendu dans l’herbe, ses longues jambes allongées devant lui, Keisuke semblait regarder le plafond de feuilles au-dessus de lui. Makoto hésita un instant, puis le rejoignit.

« Bonjour, Sanada-kun », dit-il, l’air de rien. « Oh, vous avez apporté votre livre, parfait ! Si ça ne vous dérange pas, commençons tout de suite : je dois préparer mon prochain cours. »

Il s’assit à côté de son élève, prenant bien soin de laisser une distance raisonnable entre eux.

« Qu’est-ce qui vous pose problème, alors ? Vous paraissiez plutôt à l’aise dans mon cours, hier. »

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Keisuke se redressa pour observer le professeur. Celui-ci semblait ennuyé de se trouver là, mais bon gré mal gré, il était tout de même venu. Keisuke eut du mal à cacher son plaisir. Bien décidé à faire durer le cours particulier aussi longtemps que possible, il fit son plus beau sourire et plongea son regard dans celui de son professeur.

"Oh, bah… C’était au sujet de la mythologie grecque."

Il avait préparé quelques sujets à l’avance, histoire de ne pas braquer le professeur dès son arrivée.

"Je ne comprends pas la différence entre les nymphes et les dieux. Je sais qu’on n’a pas abordé le sujet, mais, c’est un truc que je n’ai jamais compris. Et aussi… j’aimerais que vous m’expliquiez la relation entre Héra et Zeus. Vous avez dit que c’était sa femme et sa sœur, alors je ne saisis pas bien."

Il sourit encore. Maeda avait vraiment un charme fou, même lorsqu’il boudait. Ses yeux dorés pétillaient derrière ses lunettes fines. Oui, il était très séduisant… Keisuke tendit soudain la main pour la glisser dans les cheveux blonds du professeur. Lorsqu’il la retira, il tenait une feuille entre ses doigts.

"Vous aviez ça dans les cheveux", dit-il en souriant.

Il souriait, mais, au fond de lui, quelque chose bouillonnait. Il aurait voulu laisser sa main bien plus longtemps que cela.

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Extrêmement mal à l’aise, Makoto tenta de dissimuler au mieux son trouble et ouvrit son livre l’Histoire. Puisque Keisuke lui avait donné un sujet de conversation à mille lieues des intérêts qu’il avait réellement, il saisirait cette chance pour détourner la conversation.

« Les nymphes sont des divinités, bien qu’en général elles ne portent pas de nom. Elles représentent la nature et vivent dans tous les endroits naturels : forêts, rivières, lacs, grottes... Contrairement aux dieux, elles sont mortelles, mais elles peuvent vivre des milliers d’années. Elles dépendent toujours d’une divinité supérieure, comme Déméter, Artémis, Aphrodite… »

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux pour chasser une autre feuille qui venait de s’y poser. Pas question de laisser une autre occasion à Keisuke de le toucher, celui-ci semblait déjà prêt à bondir à 120%.

« Quant à Héra, elle est effectivement sœur et épouse de Zeus. Les cas d’inceste sont légion dans toutes les mythologies. Zeus et Héra étaient les enfants de Chronos et de Rhéa, tout comme Poséidon, Hadès, Hestia et Déméter. Lorsque Zeus devint roi des dieux, il attribua à chacun de ses frères et sœurs un domaine sur lequel régner. À Poséidon, il offrit les océans, à Hadès, le monde souterrain, à Hestia, les foyers, et la terre cultivable à Déméter. Mais il avait oublié Héra, la plus puissante de ses sœurs, pour laquelle il ne restait plus rien. Alors, pour ne pas la vexer, il lui offrit de devenir reine des dieux à ses côtés, et elle accepta. »

Il espérait que la leçon particulière s’arrêterait là. Il n’avait pas la moindre envie de se retrouver en fâcheuse posture, ni d’être surpris avec un élève.

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Maeda parlait, et Keisuke n’écoutait rien. Il regardait, presque hypnotisé, les lèvres du professeur alors que celui-ci continuait d’expliquer des choses dont il se moquait éperdument. Maeda avait des lèvres attirantes. Innocemment sensuelles. Il se demandait si le professeur à l’air si charmeur durant son cours avait déjà embrassé un homme avec ces lèvres.

Il ne put s’empêcher de sourire lorsque Maeda, d’un air embarrassé, ôta d’un geste nerveux une autre feuille dans ses cheveux. Ce ne fut qu’après un instant de silence qu’il se rendit compte qu’il avait terminé son explication, et qu’il attendait visiblement de pouvoir partir. Partir ? Alors qu’ils venaient tout juste de se rejoindre ? Non. Keisuke avait d’autres idées en tête. Des idées qui auraient peut-être fait rougir le professeur Maeda s’il avait pu en prendre connaissance.

Et à présent ? Il était fort, il aurait pu prendre ce qu’il désirait dès à présent… Maeda n’aurait rien pu faire pour l’en empêcher, avec son corps fin. Il aurait pu renverser le professeur dans l’herbe, l’écraser de tout son poids et l’obliger à subir ses baisers. Ce n’était pas l’envie qui lui en manquait… Il avait désiré Maeda à la seconde où il l’avait vu. Son désir était encore bien présent. Plus encore maintenant qu’il se tenait là, à un mètre de lui, incapable de dissimuler la gêne qu’il avait à imaginer ce qu’il pourrait se passer entre eux.

N’y tenant plus, Keisuke posa ses deux mains sur les joues de Maeda, et avant que celui-ci ait pu faire le moindre mouvement, posa ses lèvres sur les siennes en un baiser fougueux.

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Makoto fut incapable de rendre son baiser à Keisuke. À la seconde où leurs lèvres se rencontrèrent, il fut submergé de honte et de colère. Il s’était juré, le jour où il était devenu enseignant, de ne jamais avoir de relation avec l’un de ses élèves.

Le baiser de Keisuke était âpre, empli de désir. Depuis combien de temps n’avait-il pas été désiré ainsi ? Durant un instant, fugace, hésitant, il fut tenté de l’embrasser à son tour. Une seconde, peut-être deux, ses lèvres répondirent pour lui. Il sentit sa résistance ne fondre l’espace d’un court moment, un battement de cœur, durant lequel le baiser de Keisuke devint leur baiser.

Puis il parvint à s’arracher à l’étreinte de son élève. Horrifié, il essuya ses lèvres du revers de la main, regardant Keisuke avec stupeur.

« Pourquoi… Pourquoi avez-vous fait ça ? »

Il ne voulait pas connaître la réponse. Il savait déjà pourquoi. Les jeunes gens semblaient n’avoir qu’une seule idée en tête : s’attirer les grâces de leurs enseignants, devenir leurs objets ou faire d’eux leurs jouets. Ils n’imaginaient pas qu’il y avait véritablement un enjeu derrière tout cela. Makoto avait connu cette douce dépendance envers un professeur. Il refusait que ses élèves commettent la même erreur.

« Je ne peux pas avoir de relation avec l’un de mes élèves », déclara-t-il, détachant bien les mots. « Je vous prierai de ne jamais… jamais… refaire ça… Sanada-kun. »

Il ramassa son livre et se leva. Non, cela ne devait plus jamais arriver.

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"Professeur !"

Keisuke se leva et attrapa le poignet de Maeda pour l’attirer de nouveau contre lui. Il avait senti le professeur l’embrasser. Oh, ça n’avait duré qu’une seconde, qu’un instant, mais il avait senti les lèvres de Maeda lui rendre son baiser. Et il y avait déjà trop pris goût pour le laisser partir si vite.

"Pourquoi ?"

Il posa ses deux mains sur ses joues, glissant ses doigts dans les cheveux de Maeda.

"Parce que j’en avais envie. Et vous en aviez envie aussi. Ne dites pas le contraire : vous ne seriez pas venu si vous n’en aviez pas eu envie."

Il posa de nouveau ses lèvres sur celles de Maeda, avec la même fougue et le même désir, espérant que son baiser lui serait rendu pour de bon.

"C’est pas la peine de dire le contraire.", souffla-t-il.

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Makoto s’arracha une fois encore à l’étreinte de Keisuke. La honte cédait de plus en plus de terrain à la colère. Keisuke le forçait à faire des choses qu’il ne désirait pas faire, qu’il s’était promis de ne pas faire. Les joues rougies, plus par la rage que par l’embarras, il repoussa son élève.

« Je vous interdis de refaire ça, Sanada-kun. Que les choses soient claires : je refuse d’avoir une relation avec l’un de mes élèves. Jamais ça n’arrivera : ni amoureuse, ni sexuelle, ni même un simple flirt. À présent, laissez-moi partir, ou je vous promets que vous le regretterez. »

Il foudroya Keisuke du regard. Le jeune homme semblait si sûr de lui, si certain de pouvoir lui prendre ce qu’il voulait. Cela en devenait insultant. Comme si son élève pensait pouvoir obtenir n’importe quoi simplement en le prenant de force !
Makoto s’écarta de lui, plongeant son regard dans le sien. Comment avait-il pu faire ça ? Comment avait-il pu, de façon aussi agressive, lui arracher ce baiser ? En colère, Makoto fit demi-tour et quitta les jardins.

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